«O'Potager de Ménil», le commerce solidaire qui se soucie des autres et de la planète

Portée par l’association Interface Formation, la boutique O'Potager de Ménil emploie 12 salariés en réinsertion professionnelle et propose des produits de qualité à des prix abordables pour les habitants du quartier. Ce nouveau magasin, installé en rez-de-chaussée d’un immeuble social du bas Ménilmontant, n’est décidément pas un commerce de proximité comme les autres.

Ce matin du mercredi 22 mars, l'association porteuse du projet, les salariés, Frédérique Calandra, maire du 20e et Antoinette Guhl, adjointe à la maire de Paris, tous étaient présents pour l'inauguration du lieu, qui ouvre officiellement ses portes dès le lendemain.

Mohamed propose avec prévenance et bienveillance des jus de fruits bio, disposés au milieu de fruits et de légumes hauts en couleur et joliment présentés, offerts en dégustation. Notre choix se porte sur un délicieux nectar pomme-coing.

Mohamed nous explique: «J'ai 67 ans. J'ai postulé à Pôle Emploi qui m'a proposé ce chantier d'insertion d'une durée de 11 mois, avec l'association Interface Formation. Je viens de Guinée-Conakry où je travaillais dans les mines».

«Je suis arrivé tard en France, en 2012, et j'ai de suite fait un grave AVC. On a tenté de me poser trois stents sans succès, alors on m'a implanté un défibrillateur. Ma femme est avec moi, elle m'assiste beaucoup, Nous sommes dans une précarité totale et vivons dans un Centre d'hébergement d'urgence, j'aimerais vraiment trouver un logement».

Olivia, la conseillère en insertion professionnelle de l'association, est là pour accompagner Mohamed et ses collègues jusqu'à la fin du chantier d'insertion en décembre et les aider à stabiliser leur situation.

Julie est la responsable du magasin et par conséquent, du chantier d'insertion qui vise à former les vendeurs: «Interface Formation œuvre pour la mise en place et le développement de dispositifs d’insertion socioprofessionnelle, de formation et d’actions en faveur du développement durable. Aujourd'hui, c'est l'aboutissement et la concrétisation d'un projet qui nous tient à cœur».

Dans cette boutique sociale et solidaire, les producteurs sont majoritairement locaux et bio. O'Potager de Ménil soutient l’agriculture paysanne et raisonnée. Les circuits sont courts afin de réduire l'empreinte carbone et 95% des produits viennent d'un périmètre inférieur à 130 km. La boutique est dans une démarche responsable et teste, comme la Biocoop pendant la COP21, la vente en vrac. Les invendus sont destinés à des associations afin de lutter contre le gaspillage alimentaire et un système de consigne est testé.

Julie ajoute: «C'est une aventure très excitante, les produits vont évoluer au gré des envies et des saisons. on attend impatiemment le printemps!»

La boutique fait preuve d'une double solidarité, à la fois avec les employés et les agriculteurs. En 2020, grâce à des initiatives comme celle-ci, l'objectif de la Ville de Paris est de proposer 50% de produits bio dans les cantines, de réduire considérablement la part carbone et de renforcer la solidarité entre Paris et les campagnes.

Créer du lien entre voisins, dans le quartier, entre les différentes structures, travailler en réseaux, sensibiliser dès le plus jeunes âge, tels sont aussi les objectifs ambitieux de ce lieu polyvalent. Interface Formation participe par ailleurs à un projet d'agriculture urbaine dans le cadre de Parisculteurs, qui est aussi un chantier d'insertion, les bouquets pourront être vendus à la boutique.

Les champs d'action de O'Potager de Ménil sont multiples: des ateliers pour les enfants vont être organisés afin de les initier et les sensibiliser aux problèmes liés à l'alimentation, au climat et au développement durable. Des partenariats avec les écoles du quartier seront mis en œuvre. Le collège Colette-Besson, tout proche et très actif, a envoyé trente-six élèves de troisième assister aux Jeux Olympique de 2016, dans le cadre d'un séjour à la fois sportif, culturel et humanitaire.

«Allez les voir, ils seront ravis», confirme la maire du 20e, Frédérique Calandra, qui se fend d'une anecdote: «Vous savez pourquoi cette rue s’appelle la rue des Panoyaux? C'est parce qu'on y faisait pousser du raisin sans pépin et on disait "pas noyaux". C'est donc une bonne rue pour implanter la boutique!…»

Elle ajoute: «Interface Formation a porté le projet dans un arrondissement longtemps considéré comme un arrondissement dortoir. Ce projet participe à une stratégie de redynamisation du quartier, de la vie des petits commerces. Sans compter que nous sommes dans un quartier avec beaucoup de logements sociaux et des populations défavorisées. Les problématiques liées à l'environnement ne sont pas un problème de bobos, car elles impactent en priorité les populations les plus défavorisées dans le monde».