À la découverte de l'architecture moderne rive gauche
Le saviez-vous ?
Mise à jour le 31/01/2022
Sommaire
Entre 1918 et 1940 s’élabore à Paris une architecture nouvelle, portée par une génération qui revendique sa modernité. On qualifie d'ailleurs de « moderne », l'architecture des édifices de cette période. On vous invite à contempler ces bâtiments audacieux dont Paris garde la trace. Notre premier épisode se concentre sur la rive gauche.
Lignes épurées et minimales, texture homogène et lisse, grands murs de verre et larges fenêtres, plans d’étage spacieux avec espaces de travail et de vie… La liste des quelques principes de l'architecture moderne s'agrémente aussi de formes primaires, de béton et d'acier, de plan libre, de toit-terrasse et de couleur blanche. Prêts pour la balade ? Levez les yeux et en route pour les 15e, 14e et 5e arrondissements à la découverte de quelques réalisations.
La maison-atelier Barillet par l'architecte Robert Mallet-Stevens (15e)
15, square Vergennes (15e)
De Robert Mallet-Stevens, (1886-1945), on connaît les cinq hôtels particuliers de la rue qui porte son nom, dans le 16e, datant de 1930, et qui constitue son manifeste architectural. On connaît moins le 15, square de Vergennes, dans le 15e dont l'accès se fait depuis la rue de Vaugirard.
Construit en 1932 pour servir de maison et d’atelier à son ami et collaborateur, le vitrailliste et mosaïste Louis Barillet (1880 – 1948), le bâtiment de béton armé aux lignes très pures a été conçu pour être fonctionnel. Le béton est habillé de gravier lavé. L’immense verrière du bâtiment assure l’entrée de la lumière dans l’atelier où étaient réalisés la découpe et le sertissage des verres et la réalisation des vitraux. Les œuvres étaient posées sur une armature devant la grande verrière pour juger de leurs effets.
L'immeuble est inscrit au titre des monuments historiques depuis le 7 juin 1993. Il peut se visiter lors des Journées du Patrimoine.
Immeuble de rapport dans le style « paquebot » par l'architecte Pierre Patout (15e)
1-3, boulevard Victor (15e)
Les grands paquebots transatlantiques constituent une source d'inspiration pour les architectes modernes. Ils seront, par exemple, pour Le Corbusier l’une des principales références de sa Cité radieuse à Marseille (inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco)
À Paris, Pierre Patout (1879-1965) s’impose comme l’un des grands représentants de ce courant avec son immeuble boulevard Victor (15e) où il déploya ingéniosité et savoir-faire pour bâtir, entre 1929 et 1934, 70 logements et commerces.
Il reprend ici certaines références au « style paquebot » : hublots, passerelles, cheminées, coursives. Il collabora d'ailleurs à l’aménagement intérieur de plusieurs navires de la Compagnie Générale transatlantique.
L'immeuble est inscrit à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1986.
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La Cité Garnier par l'architecte Léon-Joseph Madeline (15e)
131, rue de Vaugirard et rue Falguière (15e)
En 1936, les éditeurs Garnier demandent à Madeline de créer une cité rue de Vaugirard. Léon-Joseph Madeline (1891-1977) apporte ici une autre approche de l'architecture moderne souvent corrélée à l'usage intensif de béton armé. Le béton est ici quasi absent au profit de murs de façade en brique pleine et un revêtement constitué d'un mélange de carreaux cassés et de grès cérame. L'avantage est d'être autonettoyant et de répondre aux normes hygiénistes de l'époque.
On y retrouve l'esprit paquebot avec hublots et profils en proue.
Résidence-atelier Chana Orloff des architectes Auguste et Gustave Perret (14e)
Villa Seurat (14e)
La villa Seurat, voie du 14e, est surtout connue pour ses maisons ateliers conçues par l’architecte André Lurçat (1894-1970), au n° 1, 3, 4, 5, 8, 9 et 11. Mais la maison atelier de la sculptrice Chana Orloff au n° 7bis est réalisée par l’architecte Auguste Perret (1874-1954), l'architecte de la reconstruction après guerre de la ville du Havre (inscrite au patrimoine mondial).
Venue d’Odessa à Paris, Chana Orloff (1888-1968) va devenir une sculptrice majeure du XXe siècle. En 1926, elle demande à Auguste Perret, dont elle a réalisé le portrait en 1923, de concevoir sa maison.
Il est précurseur dans l’utilisation du béton armé structurel et ce sera ici sa première résidence-atelier de taille moyenne. Perret propose une façade dépouillée, sans décor superflu, percée de larges verrières éclairant l’intérieur d’une grande salle ouverte sur deux niveaux.
Inscrite au monument historique, la maison rassemble aujourd'hui près de 200 œuvres de la sculptrice est ouverte au public chaque week-end sous forme de visite guidée.
Résidences-ateliers Ozenfant, Braque et Latapie des architectes Le Corbusier/Pierre Jeanneret et Jean Dechelette (14e)
53-55, avenue Reille (14e)
Cet ensemble est en réalité constitué de 3 maisons mitoyennes enveloppées d'un même enduit blanc. Celle qui fait l'angle est une création de Le Corbusier (1887-1965) et de son cousin Pierre Jeanneret, qui la conçoivent en 1922 pour l’artiste peintre Amédée Ozenfant (1886-1966). Avec ce peintre qui l'initie à la peinture moderne, l'architecte suisse - naturalisé Français, et futur Le Corbusier (de son vrai nom Charles-Édouard Jeanneret-Gris)- élabore la doctrine picturale dite « le purisme » qu'il va transposer à l'architecture. Reposant sur une base industrielle, les murs ont un fini lisse et les fenêtres des châssis industriels. À l’origine, la maison était couronnée de puits de lumière en dents de scie d’usine, remplacés depuis par un toit-terrasse.
Les deux maisons mitoyennes ont été conçues par Jean Dechelette en 1923 pour les artistes Georges Braque (1882-1963) et Louis Latapie (1891-1972) la parcelle étroite de forme triangulaire conduit l'architecte à adopter le style paquebot. Là encore, la façade est conçue autour de baies vitrées.
Institut de biologie physico-chimique de l'architecte Germain Debré (5e)
13-19, rue Pierre-et-Marie-Curie (5e)
Avec l'usage de la brique rouge, le projet de l’architecte Germain Debré (1890-1948) est flamboyant. Il s'agit de l'Institut de biologie physico-chimique construit en 1930.
Les grandes verrières, les fenêtres d’angles, les arêtes vives horizontales et verticales, le toit-terrasse sont autant de références au mouvement moderne.
ll fut construit grâce aux dons d’Edmond de Rothschild, en hommage à l’œuvre de Claude Bernard, pour réunir chimistes, biologistes et physiciens.
Les différents services et laboratoires qui le composaient ont évolué au cours du XXe siècle en Unités de Recherche associant le CNRS et les Universités. Voir le site de l'IBPC.
Quelques références à consulter
Le site du Pavillon de l'Arsenal
Le site de la Cité de l'architecture et du patrimoine
Architectures modernes 1918-1940 - Paris et environs de Gilles Ragot (Auteur) et Samuel Picas (Photographie) aux Éditions Parigramme
L'architecture des années 1930 à Paris de Jean-Marc Larbodière aux éditions Masson
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