À l’école de la propreté, on forme les futurs éboueurs
Reportage
Mise à jour le 26/06/2020
Sommaire
Le centre Eugène-Poubelle de la Ville de Paris forme les futurs éboueurs aux techniques de propreté de la voie publique et de collecte des déchets ménagers. Démonstration sur les trottoirs des 9e, 17e et 18e arrondissements.
Bloquée derrière le camion-benne, une file de voitures s’impatientent à coups de klaxon. D’autres deux-roues ont déjà décidé de rouler sur le trottoir de la rue Bally (9e). Aurélien, apprenti éboueur, fait de son mieux pour tirer les conteneurs, les fixer au mécanisme, les faire vider, puis les replacer à toute vitesse. « Zen ! » rassure Sophie Castex, sa formatrice.
Dix demi-journées de formation pratique
Avec deux autres élèves, le jeune homme participe au module « collecte des déchets » dans le cadre de sa formation de douze jours à l’école de la propreté de la Ville de Paris, rue Joseph de Maistre (18e). Balayage, manipulation d’engins de nettoyage de trottoirs, collecte, lavage et déblaiement de marchés : la vingtaine de futurs agents va apprendre toutes les techniques pendant dix demi-journées de pratique. La semaine précédente, ils ont assimilé la partie théorique. Des cours sur les déchets ménagers, le tri, la sécurité, sensibilisation à la laïcité, les gestes et postures à adopter leur ont été donnés. À la fin des deux semaines, un contrôle des connaissances est effectué.
Une profession qui s'ouvre aux femmes
Le bien-nommé centre Eugène-Poubelle forme une vingtaine de promotions tous les ans, soit plus de 400 personnes. À l’issue de la formation, les stagiaires sont affectés dans un atelier et démarrent leur mission en tant que professionnel. Recrutés sans condition de diplôme, ils ont passé des oraux de motivation, parfois des tests physiques et des épreuves écrites. Dans cette promotion, que des hommes, âgés de 19 à 52 ans. Pourtant la profession s’est ouverte aux femmes : en 2017, elles étaient 259 à exercer le métier parmi les 4696 éboueurs de la Ville. Et en 2019, elles comptaient pour 6% des stagiaires.
« Le recrutement est très hétérogène, note Mélissa Roy, adjointe à la direction de l’école. Certains comptent évoluer rapidement vers les fonctions de techniciens supérieurs opérationnels, d’autres ont suivi les conseils de leurs proches. Certains plus jeunes n’ont jamais travaillé contrairement à ceux qui souhaitent se stabiliser après des années d’intérim. » Pour Issa B., c’est « l’envie de travailler pour (sa) ville » qui l’a conduit à postuler, au-delà du métier en lui-même. Titulaire d’un CAP menuiserie, l’homme de 26 ans a déjà travaillé trois ans dans la voirie en contrat aidé. Quant à Younès, il compte bien grimper les échelons et investir son capital par la suite grâce à la sécurité de cet emploi.
« Le premier jour, avec le balai de deux mètres, c’était une catastrophe ! »
Direction le garage pour le trio encadré par Jérôme Gaschard, pour sortir le « Glutton » de sa tanière. Sorte d’aspirateur géant doté d’un tube mobile, cet engin de nettoyage de trottoir ne se manipule pas comme ça. « Utilise la roulette du bras mobile ! Si tu soulèves trop ton avant-bras, tu vas te fatiguer », lance Jérôme à Issa, le benjamin de la promotion avec ses 19 ans. Place Jacques-Froment (17e), il aspire ses premières feuilles et les mégots jonchés sur le sol. « J’ai eu connaissance de ce recrutement via ma conseillère Pôle emploi. Ça me plaît bien, j’avais déjà été ripeur à Stains (93) », explique l’élève.
Un peu plus loin, Issa B. balaye avec méthode les abords de la rue Belliard (18e), en s’aidant de l’eau du caniveau. « Le premier jour, avec le balai de deux mètres, c’était une catastrophe ! Puis, j’ai appris à le tenir le plus haut possible pour avoir de l’ampleur et faire un seul coup ce que je faisais avant en 25. » Plus que quelques sessions pour maîtriser les techniques en sécurité, avant leur affectation dans l’un des 140 ateliers parisiens. Au quotidien, ils participeront à la collecte quotidienne des 3000 tonnes de déchets dans la ville.
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