À la Cycklette, on répare son vélo en un tour de main

Mercredi après-midi à la Cycklette, l'ambiance est à dégripper des pignons, changer une chambre à air, réviser des freins… Les adhérents s'affairent autour de leur vélo pour repartir de plus belle sur les pistes cyclables du quartier. Margot, une des trois salariées de l'association et animatrice de l'atelier d'auto-réparation, accueille, oriente et aide au besoin.

Tout est aménagé pour que chacun puisse se débrouiller seul. « Le principe est vraiment d’apprendre par soi-même. Certaines personnes sont tout de suite autonomes, d’autres moins, mais c’est en faisant qu’on apprend ! », explique Margot. Il y a de toute façon toujours quelqu’un pour vous assister, une autre Margot et Pauline, salariées elles aussi, et en roulement, une bonne vingtaine de bénévoles. On peut aussi solliciter les autres réparateurs et créer des liens.

Car ici, on vient en voisins. Les habitants du quartier, la plupart de jeunes adultes à partir de 25/30 ans, se sont approprié les lieux. Margot ajoute : « La multitude de partenariats avec d’autres associations ou des centres sociaux permet aussi de faire venir un public plus jeune, car nous récupérons beaucoup de vélo pour enfants. »

Pour venir réparer son vélo, la première étape est d’adhérer à l’association. Les montants varient en fonction des situations (de 6 à 45 euros), mais aucun justificatif n'est demandé. Avec une moyenne de 25 personnes pour trois heures d'ateliers, ça tourne bien pour la Cycklette !

On suit Margot au sous-sol du lieu, véritable caverne d'Ali Baba où des dizaines de vélos sont en attente d'être réparés. La dynamique animatrice en profite pour nous parler des aménagements que le financement apporté par le Budget Participatif a permis : meilleure organisation, plus d'ergonomie dans les espaces… et un monte-charge ! « Un grand luxe, mais si utile pour préserver le dos et les reins des employés. »

Les différents vélos stockés ici ont été collectés dans les déchetteries grâce à un partenariat avec le Réseau parisien des ateliers vélo. Beaucoup de vélos, notamment pour enfants, sont aussi récupérés dans les copropriétés où ils ont été abandonnés lors d'un déménagement, par exemple. On peut aussi déposer son ancien vélo à la recyclerie la Rockette, un peu plus haut dans la rue du Chemin Vert. Car la Cycklette est l'un des maillons de l'association La Petite Rockette qui détient deux recycleries et un café associatif.

Naturellement, on peut aussi acheter un vélo à la Cycklette. Pour un vélo adulte, deux cas de figure sont possibles : le prix est libre pour les vélos auxquels l'association ne va pas toucher et qui nécessitent seulement de petites réparations (à faire soi-même dans l'atelier) ; il faudra compter entre 50 et 100 euros pour les vélos remis en état et bichonnés par la Cycklette.

Quant aux vélos enfants, ils sont vendus réparés, fonctionnels et à prix libre. Il n’y a pas de minimum, chacun fait en fonction de ses moyens et de ce qu’il veut ou peut donner. « Rien n'interdit de donner beaucoup, mais on ne veut pas bloquer certaines personnes. Les vélos enfants, il faut en changer souvent, c'est une vraie dépense. Notre but est d'équiper un maximum d’enfants. Et parfois ce sont des enfants eux-mêmes qui viennent acheter avec leurs économies. Alors bien sûr, on ne va pas se mettre à négocier », sourit Margot.

La Cycklette révèle d'autres activités hors les murs, à l'image des ateliers méca-rando deux fois par an. Sur une semaine, huit jeunes, inscrits via les centres sociaux, viennent apprendre à réparer un vélo et se lancent dans une belle rando, le dernier jour. Bonus de l'aventure : ils peuvent repartir avec le vélo dont ils se sont occupés pendant la semaine.

Des cours de vélo pour adultes sont aussi proposés sur deux sessions de huit séances. « On remarque qu'il y a une majorité de femmes qui viennent. Notre plus jeune avait 25 ans, et notre doyenne 75 ans », raconte Margot. « On leur apprend à rouler en ville et on leur prodigue des conseils de sécurité. »

Et puis, à l'occasion de fêtes ou de festivals de quartier, comme en ce moment « Mon été à Belleville », vous verrez sûrement les deux vélos stars de l'atelier : BMmixeur et Juscyclette, deux vélos transformés en mixeur à pédales avec lesquels l'association anime des ateliers contre le gaspillage alimentaire. Ces deux drôles de machine sont capables de produire, à la force du pédalier, de délicieux smoothies créés avec des fruits invendus, récupérés sur les marchés !

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