Juste et Utile, la petite ressourcerie au grand cœur !

Avec ses 100 mètres carrés dédiés à la vente, elle fait partie des plus petites ressourceries de Paris. Mais ce mardi après-midi, elle fait le plein de curieux venus chercher de quoi se faire plaisir à moindre coût. Martine et Denis, habitués du lieu, sont là pour déposer une table à repasser et des livres. Et ils repartent avec… d’autres livres : « J’ai aussi trouvé une nappe et un petit éventail chinois adorable », se réjouit Martine en ouvrant son cabas. Même enthousiasme du côté de son mari : « On aime bien flâner ici. On ne va pas y dénicher des objets rares comme dans une brocante, mais il y a des tas de choses utiles et qui, ainsi, ne sont pas jetées ! »

Ouverte à la rentrée 2024, la ressourcerie de la place des Fêtes (19^e) a trouvé son public. Il faut dire qu’avec sa terrasse en pied d’immeuble et son jardin en cours de plantations printanières, elle attire facilement le regard. C’est d’ailleurs ce qui a séduit Roy, descendu de son vélo pour découvrir le lieu : « Je suis très friand des ressourceries. Je passais par là et j’ai vu les vêtements dans la vitrine. Un stop s’imposait ! » Un arrêt fructueux puisque le jeune homme repart tout content, avec une marinière et des baskets, pour la modique somme de 8 euros !

À la tête de la structure, on rencontre Anne-Claire, pétillante jeune femme, ancienne architecte, reconvertie par amour maternel. Son idée de départ ? Créer un lieu qui puisse accueillir des jeunes en situation de handicap. « Comme beaucoup de parents d’enfants porteurs d’un handicap, nous n’avions pas de solution pour eux, les mercredis après-midi notamment, car les centres de loisirs à parité s’arrêtent à 14 ans. » Elle imagine donc un espace pour recevoir ce public.

Après avoir hésité avec un jardin urbain, elle choisit le modèle de la ressourcerie. « Cela me semblait bien pour ces jeunes qui ont entre 14 et 25 ans, par rapport à l’engagement, la citoyenneté et évidemment l’écologie. Et je voulais un lieu accessible, avec pignon sur rue, pour qu’ils soient intégrés dans la cité. »

Anne-Claire a déjà établi des partenariats avec des institutions médico-sociales. Le jeudi matin, des jeunes de l’Institut médico-pédagogique (IMP) de Belleville (20^e) viennent avec leur éducateur spécialisé : « Ils adorent s’occuper des jeux de société ! Ils comptent les pièces, cherchent les prix sur les sites d’occasion, mettent les étiquettes, regardent s’ils ont bien vendu : ils s’impliquent énormément ! »

La ressourcerie peut aussi accueillir des stagiaires, comme des jeunes de l’école privée Tournesol (13^e), ou des adolescents bénévoles – de plus de 14 ans –, qui viennent à la sortie de leur institut médico-social ou le mercredi après-midi (après un rendez-vous de préinscription pour rencontrer le jeune et lui proposer des activités adaptées).

Le reste du temps, la structure a une activité de ressourcerie classique, basée sur le don. On peut y apporter de tout, sauf les matelas, les produits dangereux et les objets volumineux, car le lieu ne dispose que de 100 mètres carrés en sous-sol pour entreposer des marchandises. D’ailleurs, pour ne pas que le lieu déborde, Anne-Claire redistribue : des vêtements sont donnés à des associations qui font des maraudes auprès des personnes sans abri, ou, en tant que membre du REFER (Réseau francilien du réemploi), elle fait des dons à d’autres recycleries ou structures de réemploi solidaire. Par exemple, le matériel sportif va à la Recyclerie sportive du 17^e.

Aujourd’hui, Anne-Claire est seule à la tête du lieu. Mais elle prévoit d’embaucher une apprentie pour l’animation sociale, et elle peut compter sur ses super bénévoles : « Ils sont déjà une quinzaine ! C’est génial, et j’ai mes trois piliers, Bruno, Gilles et Marie-France ! » « Je suis très contente d’être ici, s’exclame justement la dynamique retraitée. Quand j’ai vu que ça ouvrait, j’ai eu envie de faire quelque chose d’utile. Alors, je viens tous les jours. Je trie, je range et je mets en vente. » Bruno, qui vient lui aussi au moins deux heures par jour, ajoute : « On est également là pour Anne-Claire ! Avec elle, ça pétille de tous les côtés… On a envie de la suivre dans son aventure ! »

Marie-France approuve à 100 % et conclut : « C’est vrai que l’ambiance est géniale, et on fait de jolies rencontres. Certaines personnes viennent par nécessité, d’autres par souci écologique, d’autres encore sont à l’affût d’une bonne affaire. On prend le temps de discuter et tout le monde se mélange simplement. C’est finalement à l’image du quartier. »