Cette start-up veut adapter les toits parisiens au changement climatique

Actualité

Mise à jour le 08/11/2024

Vue sur le toit végétalisé Roofscapes de l'Académie du Climat (Paris Centre).
Le projet a été lancé à l’Académie du Climat (4e) au printemps dernier par Roofscapes, start-up qui crée des plateformes en bois exploitables pour couvrir les toits en zinc, pourvoyeurs de fortes chaleurs. Et les résultats sont impressionnants.
Adapter les toits à un climat qui change. Voici le projet Roofscapes, lauréate de l’appel à projets « Innovation et résilience de la Ville de Paris 2022 ». Au printemps dernier, la start-up s’est installée sur le toit de l’Académie du Climat avec un objectif précis : apporter une solution au phénomène des îlots de chaleur urbains qui caractérise aujourd’hui les grandes villes à travers le monde, y compris Paris.

100 mètres carrés de toiture végétalisée

Reconnaissables en un coup d’œil, les toitures en zinc de la capitale évoquent aujourd’hui bien plus que le panorama parisien et les Aristochats. En période caniculaire, elles sont synonymes d’amplification de la chaleur, car elles la conservent, rendant la vie des habitants des bâtiments haussmanniens insoutenable. Roofscapes propose une alternative : recouvrir ces toits d'espaces verts.
L’idée s’inspire de projets déjà réalisés à Zurich et à Venise. À l’Académie du Climat, ils ont transformé leur vision en réalité : 100 m² de toiture ont été transformés en plateforme en bois, comprenant des bacs à plantes et des capteurs permettant de mesurer la température et d’observer les effets de la chaleur.

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Jusqu'à 40 degrés de différence !

Aujourd’hui, la lutte contre le dérèglement climatique ne se limite pas seulement aux sols. L’espace horizontal parisien est couvert à 38 % de toitures, hors bois de Vincennes et bois de Boulogne. C’est un espace non négligeable et donc potentiellement exploitable.
De plus, le zinc est un matériau très mal adapté aux fortes chaleurs. Une surface en zinc au soleil peut atteindre 80 °C lors d’épisodes caniculaires de 40 °C. La surchauffe créée par ces toitures en zinc contribue à augmenter la chaleur globale des villes. Au niveau des bâtiments, la chaleur se disperse dans les combles et surchauffe le haut des immeubles. Dans cette expérience réalisée par Roofscapes, il s’agit donc de les couvrir.
Les études réalisées par les trois architectes à l’origine de la start-up ont permis de mesurer l’impact de cette innovation. Le 30 juillet 2024, le mercure atteignait 35,8 °C à 17 h 21 à Paris. Sur le zinc situé en-dessous de la plateforme en bois, la température atteignait 35,7 °C, tandis que, sur la partie non protégée, ce chiffre était de 67,6 °C.
En dessous du zinc, le constat était similaire : la plateforme permet de réduire la chaleur. La température mesurée sous le zinc protégé était de 29,7 °C, contre 47 °C sous la surface non protégée.

Favoriser la sobriété hydrique

Sur ces plateformes, la start-up propose d’installer d’abord des bacs à plantes dans un but de végétalisation. Ceux-ci sont conçus avec un système d’auto-irrigation. L’eau de pluie est capturée et stockée au fond des bacs. Des billes d’argile permettent ensuite de nourrir les plantes. C’est une solution qui favorise la sobriété hydrique en période de fortes chaleurs.
À terme, ces espaces pourraient également prendre d’autres fonctions : espaces de détente, terrasses et lieux communs pour les habitants des immeubles concernés. Les possibilités sont nombreuses.

Associer innovation et résilience

Ce projet répond à plusieurs facettes de la résilience parisienne de manière low-tech (c’est-à-dire en mettant en œuvre des technologies simples, durables et peu consommatrices d’énergie). Dans un premier temps, l’idée est de transformer le rôle passif actuel des toits en un rôle actif dans la lutte contre le changement climatique.
C’est aussi un premier pas vers la démocratisation de l’accès aux toits, qui ont donc un potentiel social. La création d’espaces verts, loin des rues et à l’abri du bruit, peut également contribuer à préserver et à soutenir la biodiversité parisienne. Un bel exemple de l’association entre l’innovation et la résilience.