Les artisans de la cour de l’Industrie vous invitent à découvrir leurs savoir-faire
Reportage
Mise à jour le 02/04/2025

Sommaire
Dans le cœur battant du faubourg Saint-Antoine, en plein 11e arrondissement, 55 artistes et artisans perpétuent des savoir-faire ancestraux ou innovent dans les métiers d’art. Bienvenue à la cour de l’Industrie, où il fait bon rencontrer des passionnés, notamment à l’occasion des Journées européennes des métiers d’art, du 31 mars au 6 avril.
« On nous appelle le petit village gaulois ! » Yves Fouquet, sculpteur sur bois ornemaniste, interrompt sa sculpture d’un bas-relief pour nous parler de cet endroit atypique au cœur de Paris : « Les gens voient une zone de quiétude, mais c’est une zone artisanale, un lieu de travail. Ici, on perce, on scie, on peint, on fait du bruit et de la poussière. Cela peut aussi puer avec les produits que l’on utilise. C’est parfois âpre, mais c’est vivant ! »
Cet irréductible de l’artisanat d’art, issu d’une famille de sculpteurs, fait partie de la petite dizaine d’artisans sculpteurs d’art restants à Paris. « Après-guerre, il y avait près de 900 inscrits au Syndicat des sculpteurs. Mais le petit nombre que nous sommes aujourd’hui n’a pas bougé depuis vingt-cinq ans… Le métier recommence à intéresser les gens : tout n’est pas perdu ! »
Ce sont les Parisiens, et notamment les habitants du 11e arrondissement, qui nous ont sauvés !
sculpteur sur bois ornemaniste
Aude Fourché, jeune sculptrice ornemaniste, qui partage son atelier, confirme. Après avoir remporté le prix Savoir-faire en transmission, et effectué un stage auprès d’Yves, elle a intégré son atelier comme autoentrepreneuse. Ils viennent d’accueillir Léo, un nouveau stagiaire. Les trois artisans ouvriront leurs portes aux Parisiennes et aux Parisiens dans le cadre des Journées européennes des métiers d’art.
« Il ne peut pas en être autrement, car ce sont les Parisiens, et notamment les habitants du 11e arrondissement, qui nous ont sauvés ! » s’exclame Yves. Pour le comprendre, il faut revenir sur l’histoire de cette cour de l’Industrie (11e), dédiée exclusivement aux artistes et artisans, en plein cœur de Paris.
Un site classé, puis rénové
Les cours actuelles, au nombre de trois, ont été édifiées dans les années 1850 sur les ruines de la Manufacture royale de papier vélin de Jean-Baptiste Réveillon (1725-1811), elle-même sise sur l’ancien domaine paysager de la folie de Maximilien Titon, marchand et fabricant d’armes de l’armée de Louis XIV.
Ces trois cours accueillaient des artisans du bois qui fabriquaient en grande quantité du mobilier en bois de grande qualité. Des générations de menuisiers, ébénistes, doreurs, vernisseurs s’y sont succédé.
Mais avec l’évolution industrielle des années 1970, certains ateliers sont désertés, tandis qu’en 1989, l’inauguration de l’Opéra Bastille (12e) fait flamber les prix de l’immobilier. Les trois cours sont de plus en plus délabrées, et les promoteurs guettent la bonne affaire…
C’est sans compter sur les artisans encore présents, ainsi que sur les riverains, qui créent en 1991 les Ateliers
Cours de l’Industrie. L’association obtient le
classement des parties extérieures des bâtiments, à l’inventaire supplémentaire
des monuments historiques, puis se mobilise auprès de la Ville de Paris. Celle-ci achète les lieux et confie la cour, en 2008, à la SEM Paris Commerces (ex-Semaest) pour une durée de quarante ans. Six ans de travaux plus tard, le dernier vestige parisien de l’architecture
industrielle du faubourg Saint-Antoine est sauvé, et une cité industrielle et
artisanale renaît !
« Parisiens, ce lieu est à vous »
Sébastien Barbier, sculpteur sur bois et doreur à la feuille d’or, loue son atelier dans les lieux. Le jeune trentenaire est actuellement le président de l’association Les Ateliers Cours de l’Industrie. Sa cour, il l’aime, la défend et invite tout le monde à la visiter : « Je dis souvent aux Parisiens : ce lieu est à vous, il est un exemple très concret de ce qui peut être fait avec vos impôts et il permet à 55 artistes et artisans de travailler dans des conditions optimales. »
Ce lieu, je l’apprécie vraiment. Il concrétise un réel geste politique de sauvegarde des savoir-faire dans Paris !
maître coiffeuse-perruquière
Parmi eux, une perruquière que l’on s’empresse d’aller voir, avant un rendez-vous top secret pour un prochain film. Car Guilaine Tortereau est maître coiffeuse-perruquière pour les arts du spectacle. « Nous sommes les invisibles du métier », confie celle qui côtoie les plus grands acteurs du cinéma et du théâtre. Elle a rejoint la cour de l’Industrie il y a neuf ans et y dispose d’une jolie maison, où elle a entreposé près de 2 000 perruques. « Ce lieu, je l’apprécie vraiment. Il concrétise un réel geste politique de sauvegarde des savoir-faire dans Paris ! »
Solène Eloy, quant à elle, est peintre en décor,
fresquiste et créatrice de papiers peints. On la rencontre dans l’atelier de 93 mètres carrés qu’elle
a intégré il y a tout juste deux ans. Elle travaille essentiellement avec des
architectes d’intérieur pour le monde du luxe. « C’est un milieu très
créatif qui
vient nous chercher pour tout ce que l’on invente et n’a pas peur de mettre des
choses très décoratives. » Elle se réjouit d’ouvrir son atelier : « On rencontre des familles et c’est vraiment sympa de
montrer aux enfants que l’on peut faire des études différentes et y
arriver ! »
Tous ces artisans et bien d’autres sont à rencontrer ce week-end,
pour des journées qui pourraient bien créer des vocations.
Journées portes ouvertes de la cour de l'industrie
La cour de l'industrie - 37 bis rue de Montreuil, Paris 11e
Du samedi 05 avril 2025 au dimanche 06 avril 2025

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