Dans les coulisses du PC Circulation

Reportage

Mise à jour le 16/03/2020

Dans les sous-sols de l’île de la Cité (4e), une quarantaine d’agents veillent sur les 14 000 feux tricolores de la Ville de Paris, au poste central d’exploitation (PC) Lutèce. Ils assurent la fluidité de la circulation en modulant la durée des feux et gardent un œil sur le trafic.
Derrière chacun des carrefours et des feux tricolores parisiens, se cache une organisation millimétrée. Un système informatique dont le centre névralgique se situe dans un sous-sol de l’île de la Cité (4e). Dans les 400m2 du Poste Central d’exploitation (PC) Lutèce, une quarantaine d’agents veille 7 jours sur 7 sur les 1700 km des voies intramuros de la Ville de Paris. Leur mission : assurer la bonne marche des feux tricolores parisiens, réguler le flux des usagers, piétons, bus et tramways, vélos, deux roues et véhicules privés.
Près de 600 km de câbles raccordent les feux au PC Lutèce. « Des armoires marron installées dans l’espace public rassemblent ces ensembles de fils, indique Michel Le Bars, ingénieur. Les câbles cheminent par les égouts ou par le réseau de fibre optique pour amener les signaux jusqu’à nous, au PC Lutèce. » Dès qu’un feu dysfonctionne, l’agent en charge de la surveillance en est informé.

Des cycles de feux "intelligents" de 50 à 120 secondes

Question régulation du trafic, tout repose sur des « plans des feux », conçus selon la nature du croisement et après une analyse de sa fréquentation. « Dans chaque carrefour, la durée des couleurs va être répartie pour que chaque usager - bus, voiture, piéton, cycliste - puisse avoir le temps de passer », poursuit le chef du PC, la fluidité de la circulation étant essentielle pour ne pas bloquer les carrefours et assurer la régularité des transports en commun. À chaque couleur, une durée est associée en fonction du nombre de véhicules comptabilisés par heure et de leur vitesse. En pratique, un cycle de rouge-jaune-vert dure de 50 secondes (la nuit) à 90 secondes pour les voies les plus fréquentées en journée, et jusqu’à 120 secondes pour les carrefours impliquant les tramways. Le système informatique « Surf », pour système urbain de régulation des feux, intègre et met en musique ces données.
Selon que l’on soit le matin, la journée, le soir ou la nuit, les plans de feux changent. « Il s’agit de limiter le temps d’attente des usagers. La nuit, les cycles se raccourcissent car il y a moins de monde. Le matin, il y a plus de véhicules, donc la durée des cycles est plus longue. À l’inverse, en journée, ils sont plus courts pour favoriser les piétons. »

Réguler le trafic en temps réel

Entre alors en jeu le « Traficolor ». Cet écran d’une dizaine de mètres s’impose au milieu de la salle de commande. L’intensité du trafic s’affiche en temps réel dans ce synoptique : en vert, les voies dont le trafic est fluide ; en jaune, celles en situation de pré-saturation ; en orange, celles en saturation ; enfin, celles qui sont bloquées en rouge.
Face à cet écran géant, deux agents du PC Lutèce se relayent de 6h30 à 23h. Éric, un des agents de la salle de contrôle, intervient au niveau de l’intersection entre les boulevards Saint-Michel et Saint-Germain. Sur l’un de ses huit écrans, il active la prolongation du feu vert de quelques secondes pour désencombrer le croisement. Quelques instants plus tard, le passage est à nouveau vert.

Des « ondes vertes » pour favoriser une conduite apaisée

Grâce à la présence de capteurs dans la voirie, le PC Lutèce dispose de précieuses informations sur le trafic routier. Ces données sont transmises à Sytadin, le service de la direction des routes d’Île-de-France et d’autres opérateurs de GPS. Le système permet aussi la mise en œuvre d’ « ondes vertes » : les véhicules roulant sur un axe à une vitesse constante et raisonnable voient les feux passer au vert au fur et à mesure de leur progression. Cela favorise une conduite apaisée et limite le bruit et la pollution causée par les freinages et redémarrages. Actuellement, les ondes vertes sont à l’étude pour les vélos, afin de diminuer le nombre d’arrêt pour que le trajet soit plus agréable. Pour que tout (le monde) roule, en somme.
Le premier feu en France a été posé…
… à Paris en 1923, au croisement des boulevards Saint-Denis et Sébastopol. Léon Foenquinos, inventeur français, décrit dès 1920 « ces poteaux ayant trois mètres de hauteur, sur lesquels seront fixés des signaux électriques lumineux et sonores », un système importé des États-Unis et d’Angleterre. À l’époque, un agent de police était en charge d’activer la manivelle et la cloche dès que l’horloge annonçait le signal.

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