De la géothermie dans un parking parisien, une innovation unique en France !

Lorsqu’on assiste à une inauguration, il est rare de se diriger vers le sous-sol. C’est pourtant au niveau -2 d’une résidence située avenue Philippe Auguste (11^e) qu’une petite foule s’est rassemblée. Chacun jette un œil à des panneaux dont le blanc immaculé contraste avec la grisaille habituelle des parkings souterrains.

Il faut dire qu’il s’agit là d’une installation inédite dans l’Hexagone. « Ce sont des panneaux géothermiques capables de capter la chaleur du terrain, détaille Margaux Peltier, la directrice et co-fondatrice de l’entreprise Enerdrape à l’origine de cette innovation. Il y a un immense potentiel de création d’énergie renouvelable qui se trouve sous nos pieds à travers les parkings et les tunnels de métro. »

La géothermie est une source d’énergie renouvelable qui exploite la chaleur naturelle de la Terre. Pour cela, il n’est pas nécessaire d’être en grande profondeur ni de forer, comme le prouvent ces panneaux parisiens installés en 30 minutes chacun ! Au sous-sol de cet immeuble géré par Paris Habitat, les panneaux muraux récupèrent la chaleur qui est ensuite reliée à une pompe à chaleur grâce à un réseau hydraulique. La chaleur récupérée permet ensuite d’alimenter le système de production d’eau chaude sanitaire de l’immeuble.

Les premiers résultats sont probants : ces 145 panneaux permettent de couvrir 25 % des besoins d’eau chaude des 72 logements qui constituent la résidence. Les travaux d’installation auront duré trois mois pour un budget total de 100 000 €. Chaque année, cette installation permettra de générer 70 MWh, ce qui équivaut au rendement de panneaux solaires thermiques, avec un avantage : peu importe le temps qu’il fait, de la chaleur sera générée !

Si cette installation inédite fait figure d’expérimentation, elle pourrait bien être dupliquée ailleurs car le potentiel de la capitale est immense en la matière : près de 190 000 places de parking sont gérées par la Ville et les bailleurs sociaux. Sans oublier que cette installation s’intègre dans l’objectif, fixé par le Plan Climat, de soutenir l’accélération des énergies renouvelables et de récupération afin d’atteindre 10 % de la consommation locale d’ici 2030.

Et quand on sait qu’il est également possible de capter non pas le chaud, mais le froid, et de le diffuser dans les logements, on comprend pourquoi cette source d’énergie décarbonée devrait devenir centrale pour adapter le territoire parisien au changement climatique (et aux probables étés à 50 °C en 2050).