À la Fashion Week, le créateur de mode Mossi Traoré s'inspire des éboueurs de Paris
Reportage
Mise à jour le 04/10/2022
Sommaire
Bandes réfléchissantes, couleur vert vif et combinaisons : la dernière collection de Mossi Traoré emprunte aux uniformes des éboueurs pour les transposer dans son univers Fashion. Le couturier casse les codes et rend hommage à ceux qui entretiennent la capitale.
« J’en veux un comme ça pour nous aussi ! », s’exclame un des conducteurs de laveuse, tout sourire. Marie-Lou, mannequin aux cheveux torsadés, pose avec une combinaison vert irlandais entre les engins du même vert, au garage d'Ivry-sur-Seine. Avec elle, photographe, maquilleuses, styliste, modèle et directrice artistique se sont invités cet après-midi dans le garage de la section mécanique de la Direction de la propreté et de l’eau (DPE). Après tout, quoi de mieux pour incarner le décor des photos de la ligne printemps-été de Mossi, inspirée par les vêtements de travail des éboueurs ?
Présentée mardi 4 octobre au Printemps Haussmann, la collection « Hommage aux invisibles » reprend les éléments forts des uniformes du personnel de la DPE. À savoir la combinaison, les bandes réfléchissantes, le plissé du sac poubelle, le vert vif ou encore le fluo… La patte du couturier fait le reste pour les transformer en objets désirables.
Les uniformes, une richesse pour le créateur
Ces pièces ont vu le jour un peu par hasard. « J’étais dans mon studio, en pleine réflexion, retrace Mossi Traoré. Mon regard s’est arrêté sur un sac poubelle. Tiens, peut-être que j’ai envie de faire quelque chose avec ça ? Et j’ai commencé à en dérouler autour de mannequin et imaginer des pièces. »
Entre cette fulgurance et la production, le créateur a rencontré des agents de la DPE, notamment ceux de l’unité de la Fonctionnelle, en charge du nettoyage des grands événements. Il fait aussi la connaissance de Ludovic, éboueur star des réseaux sociaux. « Leurs uniformes avec leurs couleurs flashy sont reconnaissables d’un coup d’œil. Ils ont tous les ingrédients pour aboutir à quelque chose de créatif. C’est une richesse, un havre de trésor dans lequel nous avons puisé. » Quelques mois plus tard, Mossi Traoré et son équipe terminent une trentaine de pièces dévoilées le dernier jour de la Fashion Week de Paris.
Rendre hommage à ceux qui entretiennent Paris
À travers cette collection, combinaison zippée et bandes réfléchissantes, jupe froissée gris argenté ou encore tee-shirt siglé, son message est clair : « Je voulais rendre hommage aux éboueurs de la Ville de Paris. » Son père a revêtu l’uniforme de la DPE pour nettoyer les rues parisiennes, comme les papas de ses amis d’enfance, lui qui a grandi entre Villiers-sur-Marne (94) et le 18e.
« Rendre la ville propre, c’est un boulot pénible. Il faut se lever à 5 heures du matin, travailler dehors, dans le froid, l’hiver. » Sa mère travaillait en tant que femme de ménage. Comme « les mères de ses potes au quartier », elle partageait « un métier difficile ». « J’avais envie de faire honneur à leur dévouement », pointe Mossi.
« Made in Grand Paris », entre le 18e et Villiers-sur-Marne
Des rues à la Fashion Week, ses vêtements comptent connecter les deux mondes. « Ma vision, c’est que dans le métro, un ouvrier et une étudiante prête à prendre un verre en terrasse ou aller à une expo aient le même tee-shirt de ripeur. Il permet de sensibiliser au travail de ceux qui rendent Paris clean, d’en prendre conscience. »
La collaboration entre Paris Propreté et la marque Mossi se matérialise aussi avec le logo « Made in Grand Paris » qui reprend l’emblème de la Ville de Paris, le bateau voile au vent. « Notre marque, c’est le chemin entre Paris et la banlieue. Elle prône l’éthique, un processus de fabrication de qualité, des produits réalisés dans le 18e ou à Villiers-sur-Marne. Elle va créer des emplois entre Paris et sa banlieue, envers les quartiers prioritaires. »
Un engagement social à travers la formation
Un engagement social qu'il a poursuivi avec la création de l’école de haute couture « Les ateliers d’Alix » en 2015, du nom de la couturière Alix Grès. Cette institution forme des jeunes des quartiers aux savoir-faire de la couture. Son association « Ateliers parisiens », créée en 2016, forme aussi des femmes de quartier ou des migrants sans qualification à ces métiers.
Des initiatives pour pousser les murs de la mode, lui qui dit y « être entré par effraction ». Lycéen, des « bêtises dans les grands magasins » ont nourri son attrait pour la mode et devient « hyper Fashion ». À son entrée en école de mode à Paris en 2005, Mossi Traoré se construit son propre style « entre John Galliano, Jack Sparrow et Gavroche ».
Lors de stages à l’Opéra Garnier en tant qu'habilleur, il est frappé par la magie du lieu. Mossi Traoré s’envole pour l’Inde, où une star planétaire porte l’une de ses robes haute couture, puis rejoint Milan, et décroche le prix Pierre Bergé en 2020. Partout où son audace et sa créativité le guident. Et si son prochain challenge, c’était redessiner les uniformes ? Certains ne diraient pas non.
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