Haussmann, l'homme qui a transformé Paris
Le saviez-vous ?
Mise à jour le 04/12/2023
Sommaire
Il y a 170 ans, sous le Second Empire, débutaient de gigantesques travaux publics qui allaient façonner le Paris d'aujourd’hui. A l'occasion de l'expo sur les grilles de l'Hôtel de Ville jusqu'au 8 janvier, retour sur cette révolution urbanistique entreprise sous la férule du préfet de la Seine, Georges Eugène Haussmann.
Comment expliquer le lancement de ces travaux ?
Paris, première moitié du XIXe siècle : une population qui dépasse le million d’habitants, des rues
étroites, sinueuses et mal éclairées, des épidémies, dont une de choléra en 1832.
Il est littéralement impossible de traverser en ligne droite la capitale du nord au sud ou d’ouest en est, tant les contournements de tel édifice ou
de telle maison sont nécessaires.
Louis-Napoléon, rentré de son exil londonien en 1848 et élu président de la République française, avait été fortement impressionné par l’architecture aérée et moderne des quartiers ouest de la capitale anglaise, reconstruite à la suite de l’incendie qui l’avait ravagée au XVIIe siècle.
Pour lui, c’est le modèle à suivre. Il déclare en 1850 : « Paris
est bien le cœur de la France ; mettons tous nos efforts à embellir cette
grande cité, à améliorer le sort de ses habitants. Ouvrons de nouvelles rues,
assainissons les quartiers populaires qui manquent d'air et de jour, et que la
lumière bienfaisante du soleil pénètre partout dans nos murs. »
Pourquoi Haussmann a-t-il été choisi ?
Devenu empereur, Napoléon III
cherche l’homme de la situation, capable de faire aboutir son grand dessein
urbanistique pour Paris.
Son ministre de l’Intérieur, Victor de Persigny, lui présente
Georges Eugène Haussmann, alors préfet de la Gironde. À ce poste, Haussmann s’est notamment illustré par
des opérations d’embellissement de Bordeaux : percement de nouvelles voies
rectilignes, réfection de l’éclairage au gaz et de l’adduction d’eau (via
la construction de trois fontaines monumentales). Napoléon III apprécie les
initiatives d’Haussmann, qui est alors nommé préfet de la Seine le 22 juin 1853, avec comme première mission d'« embellir Paris ».
Napoléon III et Haussmann s’apprécient. Leurs
compétences se complètent. Le premier a de l’imagination, le second a un grand sens de l’organisation. Haussmann rencontre l’empereur une fois par semaine ce qui est un rare
privilège.
Comment les travaux sont-ils organisés ?
La grande idée d’Haussmann tendait à instaurer
une politique facilitant « l'écoulement des flux », tant de la
population que des marchandises, de l’air et de l’eau. Le baron – qui d’ailleurs n’était pas du tout baron,
il avait usurpé ce titre – était en effet un grand convaincu des théories hygiénistes. Il faut
aérer Paris, faciliter l’accès aux gares alors en pleine expansion, améliorer
la circulation entre les 80 quartiers administratifs de la capitale.
Différents plans ont été élaborés pour redessiner la voirie parisienne - l’empereur lui-même avait ses idées -, jusqu'à l'adoption du plan définitif. Les travaux entraînent la mobilisation de 80 000 ouvriers, artisans, ferronniers, sculpteurs, etc. Le chantier est encadré par l’État et financé par l'emprunt, mais la mise en œuvre est confiée à des entrepreneurs privés.
Quels sont les travaux réalisés ?
Les travaux sont colossaux, ils concernent d’abord
la voirie. Au total, 64 kilomètres sont percés dans Paris. C’est ainsi que
naissent des artères bien connues des Parisiens : notamment l'extension de la rue de Rivoli, le bd de Sébastopol, le bd Saint-Michel, l’aménagement des Champs-Élysées, l’avenue de l’Opéra (qui n’est d’ailleurs pas terminée sous l’Empire), etc.
Des travaux qui conduisent à la disparition quasi complète des derniers vestiges de la ville médiévale de la capitale… à l'exception des églises.
En dix ans, Haussmann
fait également procéder à la destruction de 25 000 maisons et promeut la
reconstruction de milliers d'immeubles du fameux « style haussmannien ».
Il convient aussi d’évoquer les parcs et les jardins
qui ont vu le jour à Paris sous le Second Empire : le parc Monceau, transformé par Alphand, l’un
des ingénieurs d’Haussmann ; le parc des Buttes-Chaumont qui était une carrière
de gypse depuis le Moyen-Âge ; le parc Montsouris, etc. Plus généralement,
fidèle à ses idées hygiénistes, Haussmann souhaitait l’implantation d’au moins
un square dans chacun des 80 quartiers de la capitale.
Haussmann s'est aussi attaché à embellir les sites publics : le
Palais de Justice est totalement rénové, le Louvre est achevé et les Tuileries
sont réhabilitées. L'édification d'un nouvel opéra est confiée à Charles Garnier.
Débutée en 1862, sa construction est achevée en 1875. C'est aussi de cette période que datent les abattoirs de la Villette (avec Merindol ou Janvier - selon les sources - comme architecte). L’Hôtel-Dieu, lui, est du à L’architecte Emile Gilbert puis à son gendre. Pour sa part, la rénovation des Halles (1852-1872), « le ventre de Paris », est confiée à Victor Baltard, avec ses célèbres pavillons.
Autre innovation majeure pour l’époque : la mise en place d’un gigantesque réseau d’égouts sous le sol parisien, avec l’aide de l’ingénieur Eugène Belgrand. En 1878, on compte près de 600 kilomètres d’égouts dans la capitale, contre 100 kilomètres en 1850.
En 1860, avec l'élargissement de Paris aux communes limitrophes (Belleville, Les Batignolles, une partie d' Auteuil, etc.), Paris double quasiment sa surface et intègre près d’un demi-million d’habitants. Sous l'égide de Haussmann, ces nouveaux quartiers seront dotés de mairies, écoles, casernes, hôpitaux etc.
Quelles sont les règles du style Haussmannien ?
L’immeuble
haussmannien répond à des règles strictes dont certaines élaborées à la fin de l’Ancien Régime et non
modifiées par Haussmann. Notamment, la hauteur des immeubles dépend de la largeur des rues. Plus celle-ci est large plus
l’immeuble est haut.
Dans ces immeubles, la distribution des activités, héritée du début du XIXe siècle, est toujours la
même :
-
au rez-de-chaussée, on trouve des boutiques et le concierge ;
-
le 2e est un étage bourgeois qui abrite des appartements pour l’aristocratie ou la grande bourgeoisie ; les appartements ont une hauteur sous plafond importante et sont pourvus de balcons ;
-
le 5e étage est pourvu d'un balcon, tout le long de la façade ;
-
les combles abritent les employés de maison.
Construits les uns à côté des autres, ces immeubles constituent ce que l’on appelle une « rue mur »
Les travaux d’Haussmann ont-ils fait l’unanimité ?
Cette modernisation à marche forcée de la capitale a eu un coût
social. Les citadins les plus pauvres et notamment les ouvriers sont renvoyés
vers les faubourgs, dans un mouvement d'exclusion qui va s'amplifier sous la
IIIe République. En démolissant et réorganisant le vieux centre de Paris,
Haussmann a aussi été accusé de déstructurer les foyers de contestation :
parce qu'éparpillée dans les nouveaux quartiers, il était plus difficile à la
classe ouvrière d'organiser une insurrection.
Le coût financier des opérations fut également critiqué. En 1867, le républicain Jules Ferry
fait paraître une brochure dénonçant « Les comptes fantastiques d’Haussmann »
(allusion ironique aux « Contes Fantastiques », opérette d’Hoffmann à succès
sous le Second Empire).
Au total, sur
plus de vingt ans, deux
milliards de francs-or ont été dépensés,
soit… le budget annuel de
la France. Le financement est assuré par des emprunts. Ce sont les
contribuables parisiens qui en paieront les intérêts, jusqu’en 1914…
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Les temps forts des célébrations de l'année Haussmann
20 mars à 18h30 au Théâtre Déjazet : lecture de la pièce Maison Neuve (1867) de Victorien Sardou, suivie d'un débat en présence de l'historien Jean-Claude Yon et le soutien de l'ART (Association de la Régie Théâtrale).
Au printemps : les Mardis de l'histoire de Paris à l'Hôtel de Ville, un nouveau rendez-vous gratuit et ouvert à tous avec les Sociétés d'histoire et d'archéologie des arrondissements de Paris, qui traitera d'une thématique annuelle. En 2023, les mardis de l'histoire seront consacrés aux travaux d'Haussmann.
Du 13 au 17 juin : restitution du travail réalisé par les professeurs d'art plastique de la Ville de Paris avec plusieurs classes de primaires autour de la gravure, la sculpture, l'animation & la création numérique. En savoir plus.
Les 12-13 juin à l'Hôtel de Ville : colloque universitaire sur Haussmann organisé par le Comité d'histoire de la Ville de Paris et la Commission du Vieux Paris avec Eric Anceau, Florence Bourillon, Jean-Claude Yon et Simon Texier, membres du conseil scientifique. Le colloque abordera les axes suivants : L'administration haussmannienne : Napoléon III, Haussmann et toute l'administration qui a orchestré la transformation de la ville ; Paris en scène et en critiques : la vie culturelle ; L'urbanisation haussmannienne : principes et mises en œuvre ; L'urbanisation haussmannienne à l'échelle du Paris agrandi. En savoir plus.
Au printemps : les Mardis de l'histoire de Paris à l'Hôtel de Ville, un nouveau rendez-vous gratuit et ouvert à tous avec les Sociétés d'histoire et d'archéologie des arrondissements de Paris, qui traitera d'une thématique annuelle. En 2023, les mardis de l'histoire seront consacrés aux travaux d'Haussmann.
Du 13 au 17 juin : restitution du travail réalisé par les professeurs d'art plastique de la Ville de Paris avec plusieurs classes de primaires autour de la gravure, la sculpture, l'animation & la création numérique. En savoir plus.
Les 12-13 juin à l'Hôtel de Ville : colloque universitaire sur Haussmann organisé par le Comité d'histoire de la Ville de Paris et la Commission du Vieux Paris avec Eric Anceau, Florence Bourillon, Jean-Claude Yon et Simon Texier, membres du conseil scientifique. Le colloque abordera les axes suivants : L'administration haussmannienne : Napoléon III, Haussmann et toute l'administration qui a orchestré la transformation de la ville ; Paris en scène et en critiques : la vie culturelle ; L'urbanisation haussmannienne : principes et mises en œuvre ; L'urbanisation haussmannienne à l'échelle du Paris agrandi. En savoir plus.
Cet été : deux expositions sur le square des Batignolles et le parc Montsouris, deux espaces verts haussmanniens.
Retrouvez aussi ces deux expositions en ligne :
À l'automne : exposition proposée par la Bibliothèque historique de la Ville de Paris consacrée aux questions de l'accès à l'eau et de l'hygiène.
En décembre : exposition "Haussmann en capitale" à retrouver sur les grilles de l'Hôtel de Ville, organisée par le Comité d'histoire de la Ville de Paris et la Commission du Vieux Paris, sur les travaux d'Haussmann.
Tous les évènements sont gratuits. Retrouvez tout le programme.
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