L'association Kabubu muscle l'insertion des exilés par le sport

Rencontre

Mise à jour le 09/06/2023

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Des membres de l'association Kabubu s'échauffent.
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Simoné Etna, co-directeur de Kabubu, association d'insertion par le sport à destination des personnes exilées en France, répond à trois questions autour de ses multiples activités et de son développement. Il compte sur les Jeux de Paris 2024 pour conquérir davantage le public féminin.
Kabubu, lauréate de Paris Sportives et Talents 2024, est une association née en 2018. Le mot veut dire en swahili « l’amitié par le sport ». Ses travaux et missions consistent à favoriser, à travers le sport, l’inclusion sociale et professionnelle des personnes exilées. Rencontre avec Simoné Etna.
Simoné Etna, co-directeur de Kabubu, nous a reçu dans les locaux de son association, au au 24 quai d'Austerlitz, 75013.

En quoi consiste le travail de Kabubu ?

Simoné Etna : Les actions de l'association se déclinent sous plusieurs axes. La principale est de proposer des séances de sport pour créer du lien social entre les personnes qu’on définit comme « locales » et les personnes exilées. Elles sont ouvertes à toutes et à tous, et gratuites. Il y a environ quinze activités hebdomadaires à Paris, dont certaines destinées exclusivement aux femmes.
Les autres axes sont la création de lien social sous forme de programmes spécifiques, comme la découverte d’animations.
Nous avons aussi une mission de formation professionnelle. Nous sommes un organisme de formation depuis 2020 qui a pour but de former des exilés légalement accueillis en France.
Enfin, le dernier pôle est la sensibilisation aux sujets de migration.
Parmi les mesures et les plans que l’on propose, nous avons un programme soutenu par la Ville de Paris dans le cadre du Paris Tous en Jeux, qui s’appelle le Splash. C’est une formation qui prépare au métier de surveillant de baignade. Sur les deux dernières années, on a pu accompagner seize personnes.

Quels sont les défis auxquels vous êtes confrontés ?

Nous sommes toujours à la recherche de soutiens financiers pour nous développer et continuer à faire ce que l’on fait. Nous rencontrons plusieurs freins qui vont de la difficulté à avoir accès à certains droits au manque de créneaux et d’espaces où pratiquer. La barrière de la langue peut aussi être une difficulté.
L’association a besoin de s’adapter continuellement pour faire face à ces défis. Il faut que les personnes qui viennent aient le maximum d’opportunités pour s’insérer durablement.

Quelles sont les perspectives avec les Jeux de Paris 2024 ?

Nous ne sommes pas les seuls à être sur le créneau de l'inclusion via le sport. Nous faisons partie de « Terrains d’Avenir », un ensemble de six structures d’inclusion par le sport. L’enjeu est de pérenniser cet intérêt et ces pratiques une fois les Jeux olympiques et paralympiques passés. On va continuer à développer nos formations, notamment sur le métier du sport et de l’animation.
Notre enjeu est d’aller de plus en plus à la rencontre de publics féminins. Or la difficulté est d’attirer davantage de femmes sur la pratique sportive. On investit énormément d’énergie pour faire des actions qui sont destinées à ce public, comme des initiations sportives ou des programmes dédiés.
À terme, on aimerait arriver à mettre en place à Paris un lieu du sport inclusif qui concentrerait des services d’accompagnement, de formations et de la pratique sportive sans discriminations.
Kabubu en quelques chiffres
3 antennes à Paris, à Lyon et à Strasbourg.
2 400 personnes ont participé aux activités sur les trois territoires en 2022.
2 équipes mixes de foot à 7 et 1 club affilié à la Fédération française de boxe.