Les bus parisiens, cinq siècles d'histoire
Le saviez-vous ?
Mise à jour le 07/01/2021
Sommaire
Le réseau des bus de la capitale est né au début du XXe siècle. Retour sur les dates clés de ce transport en commun utilisé à Paris par près de 300 millions de voyageurs en 2019.
XVe et XVIe siècles : la préhistoire des transports urbains
Les transports de ville à ville apparaissent sous le
règne de Louis XI, au XVe siècle, avec la création du Service royal de
la Poste, chargé d'acheminer le courrier et de transporter des voyageurs
moyennant finance.
Un premier service public ? Celui des chaises à
porteurs de louage, qui préfigurent les fiacres du XVIIIe siècle. Ces "voitures de place" stationnaient à l'origine rue
Saint-Martin, face à la rue de Montmorency, devant un hôtel portant comme
enseigne l'image de Saint-Fiacre, d'où le nom de fiacres.
1662 : les carrosses de Blaise Pascal
En 1662, Blaise Pascal est l’inventeur des transports en
commun urbains. Il obtient du roi Louis XIV le privilège de fonder une
entreprise de carrosses publics pour l'exploitation de cinq routes (lignes) :
quatre d'entre elles passent ou ont leur terminus au Luxembourg, l'une d'elles
est circulaire, et est appelée "tour de Paris".
1828 : Le développement des omnibus à chevaux
En 1828, un certain Stanislas Baudry se rend à Paris. Il
y crée l'Entreprise Générale des Omnibus. Cette nouvelle compagnie exploite un
réseau de dix lignes. On estime à plus de 2,5 millions le nombre de voyageurs
transportés entre le 11 avril et le 15 septembre 1828.
A cette époque, le besoin de transports urbains est très
fort, du fait de l’exode rural vers la ville. Des entrepreneurs créent des
sociétés d'omnibus : elles se font une concurrence féroce sur les lignes
des centres urbains les plus rentables, mais au détriment de la desserte des
faubourgs. En 1836, on dénombre à Paris 17 compagnies et 378 voitures.
1855 : naissance de la Compagnie Générale des Omnibus (CGO)
Après l'avènement du Second Empire, la situation est
ingérable. Le baron Haussmann, préfet de La Seine, décide alors la fusion des
entreprises de transport, réalisée en 1855. Le monopole des transports par
omnibus dans Paris intra-muros est confié à la Compagnie Générale des Omnibus
(CGO). Ce monopole permet une organisation rationnelle sur la base d'un cahier
des charges établi par la ville. En 1856, la CGO organise un réseau cohérent de
25 lignes. Elle est à la tête de 503 omnibus et 6 700 chevaux en 1860.
1905 : un concours pour remplacer les chevaux au tout premier salon de l'Automobile
En juillet 1905, la CGO teste un omnibus automobile à
vapeur construit par Gardner-Serpollet, mais ce prototype n’aboutit pas. Puis le premier salon de l’Automobile se tient au Grand Palais en décembre 1905. Souhaitant
disposer d’un véhicule pour remplacer les omnibus à chevaux, la CGO lance un
concours auprès des industriels de l'automobile. Neuf prototypes sont présentés
lors du salon et circulent sur une ligne spéciale de la Bourse au Grand Palais.
Après le salon, la CGO commande 151 bus de type Brillié P2 aux usines
Schneider.
1911 : arrivée de l’autobus à plate-forme, symbole de Paris
Après des essais de 1908 à 1911, la CGO retient un modèle
de type Schneider PB2 à caisse en bois et muni de châssis vitrés. Ce nouvel
autobus comporte une plate-forme arrière. Ce modèle signe la fin de la traction
animale et la fin d’une époque. Le dernier omnibus à chevaux est retiré du
service le 12 janvier 1913.
L'investissement des femmes pendant la Grande Guerre
Le 1er août 1914, à 17 heures, les machinistes reçoivent
l’ordre de regagner leurs dépôts. Ce sont plus de 1000 voitures qui sont
réquisitionnées par l’armée pour assurer le transport des troupes vers le
front.
Toutes les lignes desservies par autobus sont supprimées
le jour même, occasionnant une désorganisation brutale pour les transports parisiens. Malgré
les restrictions, l'important réseau de tramways et les dix lignes de métro continuent
leur service, notamment grâce à l’embauche d’une main d’œuvre féminine.
Après la guerre de 14-18, le retour du réseau routier
Après la guerre de 14-18, la remise en
service progressive des autobus permet de renforcer le réseau : les autobus
desservent des itinéraires où la construction des tramways n’est pas autorisée
(Opéra, Champs-Elysées, Palais Royal, Grands Boulevards) ou sur des lignes dont
le trafic ne justifie pas l’utilisation des tramways.
1922 : les bus arrivent en banlieue
Le 14 mai 1922, la première ligne d’autobus de banlieue
est mise en service (ligne EA, Le Bourget Mairie - Drancy place d’Armes). De
1922 à 1934, 43 lignes routières de banlieue seront créées.
Années 1930 : suppression des tramways et le tout-autobus
Les autobus et les automobiles font reculer la place du
tramway. Le département de la Seine élabore un projet de remplacement des
tramways par des autobus. D’abord limité aux lignes intra-muros, ce plan sera
étendu en 1932 à l'ensemble du réseau ferré, condamnant le tramway (les
dernières rames roulent en 1938 à Paris).
1957 : une association pour sauver la mémoire des transports urbains
En 1957, alors que la France supprimait la quasi-totalité des réseaux de tramways, quelques passionnés décidèrent de sauver ces tramways, afin de montrer aux générations futures ce qu’étaient les transports urbains et leur histoire. Ils créent l’Association pour le musée des transports urbains, interurbains et ruraux (AMTUIR). L'association gère désormais un musée, installé à Chelles (Seine-et-Marne) où vous pourrez découvrir bus, tramways, etc.
1950-1960 : nouvelles lignes pour nouveaux quartiers
Entre 1950 et 1960, la région parisienne connaît un
développement très important. La reconstruction de l’après-guerre s’accompagne
de la création de nouveaux quartiers d’habitations qui doivent être desservis
par des transports efficaces.
Durant cette période, la RATP – née en 1948 – crée 41
lignes nouvelles et procède à la modification de la quasi totalité des lignes
existantes (environ 190 lignes) par des prolongements et des adaptations de
tracés.
1961 : la fin des voitures à bras
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1960-1970 : le temps du déclin
Malgré un effort de
modernisation et l'adaptation du réseau en banlieue, le trafic chute des années
1961 à 1970. Le réseau des bus n’attire plus que 528 millions de voyageurs en
1970, contre 852 millions en 1961, soit une baisse de 38 % en une décennie.
La RATP engage une modernisation du matériel roulant, qui
passe par un retrait des autobus à plateforme. Leur dernier voyage a lieu le 22
janvier 1971 avec le retrait des dernières voitures de la ligne 21 (Gare Saint-Lazare - Porte de Gentilly).
1975 : la Carte orange, symbole du renouveau
La création de la Carte Orange en juillet 1975
provoque une hausse importante du trafic. Il passe de 507 millions voyageurs en
1974 à 748 millions en 1980, soit une hausse de 47,5 % en six ans. Devant
la hausse du trafic, la RATP augmente la capacité de transport sur les
nouvelles voitures et modernise le réseau.
1983 : premiers autobus articulés et capacité augmentée
Le 1er mai 1983, la RATP met en service les premiers
autobus articulés Renault PR180 sur les lignes 91 et 183. Ces bus offrent près
de 150 places et permettent une nette amélioration du service sur les lignes à
fort trafic.
Années 2000 : les bus à l’heure du changement climatique
A partir des années 2000, les pouvoirs publics renforcent
les actions en faveur des transports en commun. Puis un objectif émerge :
limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. La RATP décide en mars
2014 l'abandon du diesel à l’horizon 2025 avec un parc composé à 80 % de bus
électriques et à 20 % de bus au biogaz. La RATP, en collaboration avec le
Syndicat des transports d'Île-de-France (STIF, devenu "Île-de-France Mobilités")
et la Ville de Paris améliorent aussi progressivement les fréquences sur les
lignes les plus importantes avec le projet Mobilien.
2001 : la création des couloirs de bus fluidifie le trafic
En 2001, la municipalité parisienne débute un programme d'élargissement et de protection des couloirs de bus sur les principaux axes de la capitale. Un moyen d'assurer une meilleure circulation des bus.
2019 : le réseau de bus fait sa révolution
Inchangé depuis 1950, le réseau de bus RATP à Paris et en petite couronne connaît des modifications importantes à partir d'avril 2019. Cela représente plus des deux tiers du réseau parisien : 42 lignes sont concernées par une modification d’itinéraire ou un renforcement de l’offre de services, 3 lignes sont supprimées, et 5 sont créées.
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