Les bus parisiens, cinq siècles d'histoire

Le saviez-vous ?

Mise à jour le 07/01/2021

Autobus de la ligne "Avenue de Clichy-Odéon". Paris, 1908.
Le réseau des bus de la capitale est né au début du XXe siècle. Retour sur les dates clés de ce transport en commun utilisé à Paris par près de 300 millions de voyageurs en 2019.

XVe et XVIe siècles : la préhistoire des transports urbains

Omnibus vers 1830
Les transports de ville à ville apparaissent sous le règne de Louis XI, au XVe siècle, avec la création du Service royal de la Poste, chargé d'acheminer le courrier et de transporter des voyageurs moyennant finance.
Un premier service public ? Celui des chaises à porteurs de louage, qui préfigurent les fiacres du XVIIIe siècle. Ces "voitures de place" stationnaient à l'origine rue Saint-Martin, face à la rue de Montmorency, devant un hôtel portant comme enseigne l'image de Saint-Fiacre, d'où le nom de fiacres.

1662 : les carrosses de Blaise Pascal

En 1662, Blaise Pascal est l’inventeur des transports en commun urbains. Il obtient du roi Louis XIV le privilège de fonder une entreprise de carrosses publics pour l'exploitation de cinq routes (lignes) : quatre d'entre elles passent ou ont leur terminus au Luxembourg, l'une d'elles est circulaire, et est appelée "tour de Paris".

1828 : Le développement des omnibus à chevaux

Femme cocher et son taxi hippomobile devant deux portes cochères de la fin du XVIIIème siècle. Paris, vers 1900.
En 1828, un certain Stanislas Baudry se rend à Paris. Il y crée l'Entreprise Générale des Omnibus. Cette nouvelle compagnie exploite un réseau de dix lignes. On estime à plus de 2,5 millions le nombre de voyageurs transportés entre le 11 avril et le 15 septembre 1828.
A cette époque, le besoin de transports urbains est très fort, du fait de l’exode rural vers la ville. Des entrepreneurs créent des sociétés d'omnibus : elles se font une concurrence féroce sur les lignes des centres urbains les plus rentables, mais au détriment de la desserte des faubourgs. En 1836, on dénombre à Paris 17 compagnies et 378 voitures.

1855 : naissance de la Compagnie Générale des Omnibus (CGO)

Les transports - Omnibus (Porte Saint Martin - Grenelle)
Après l'avènement du Second Empire, la situation est ingérable. Le baron Haussmann, préfet de La Seine, décide alors la fusion des entreprises de transport, réalisée en 1855. Le monopole des transports par omnibus dans Paris intra-muros est confié à la Compagnie Générale des Omnibus (CGO). Ce monopole permet une organisation rationnelle sur la base d'un cahier des charges établi par la ville. En 1856, la CGO organise un réseau cohérent de 25 lignes. Elle est à la tête de 503 omnibus et 6 700 chevaux en 1860.

1905 : un concours pour remplacer les chevaux au tout premier salon de l'Automobile

En juillet 1905, la CGO teste un omnibus automobile à vapeur construit par Gardner-Serpollet, mais ce prototype n’aboutit pas. Puis le premier salon de l’Automobile se tient au Grand Palais en décembre 1905. Souhaitant disposer d’un véhicule pour remplacer les omnibus à chevaux, la CGO lance un concours auprès des industriels de l'automobile. Neuf prototypes sont présentés lors du salon et circulent sur une ligne spéciale de la Bourse au Grand Palais. Après le salon, la CGO commande 151 bus de type Brillié P2 aux usines Schneider.

1911 : arrivée de l’autobus à plate-forme, symbole de Paris

Guerre 1914-1918. Femme receveuse d'autobus. Paris.
Après des essais de 1908 à 1911, la CGO retient un modèle de type Schneider PB2 à caisse en bois et muni de châssis vitrés. Ce nouvel autobus comporte une plate-forme arrière. Ce modèle signe la fin de la traction animale et la fin d’une époque. Le dernier omnibus à chevaux est retiré du service le 12 janvier 1913.

L'investissement des femmes pendant la Grande Guerre

Le 1er août 1914, à 17 heures, les machinistes reçoivent l’ordre de regagner leurs dépôts. Ce sont plus de 1000 voitures qui sont réquisitionnées par l’armée pour assurer le transport des troupes vers le front.
Toutes les lignes desservies par autobus sont supprimées le jour même, occasionnant une désorganisation brutale pour les transports parisiens. Malgré les restrictions, l'important réseau de tramways et les dix lignes de métro continuent leur service, notamment grâce à l’embauche d’une main d’œuvre féminine.

Après la guerre de 14-18, le retour du réseau routier

Véhicule nouveau de la Compagnie générale des omnibus visité par la commission de contrôle du matériel du Conseil municipal de Paris.
Après la guerre de 14-18, la remise en service progressive des autobus permet de renforcer le réseau : les autobus desservent des itinéraires où la construction des tramways n’est pas autorisée (Opéra, Champs-Elysées, Palais Royal, Grands Boulevards) ou sur des lignes dont le trafic ne justifie pas l’utilisation des tramways.

1922 : les bus arrivent en banlieue

Le 14 mai 1922, la première ligne d’autobus de banlieue est mise en service (ligne EA, Le Bourget Mairie - Drancy place d’Armes). De 1922 à 1934, 43 lignes routières de banlieue seront créées.

Années 1930 : suppression des tramways et le tout-autobus

Les autobus et les automobiles font reculer la place du tramway. Le département de la Seine élabore un projet de remplacement des tramways par des autobus. D’abord limité aux lignes intra-muros, ce plan sera étendu en 1932 à l'ensemble du réseau ferré, condamnant le tramway (les dernières rames roulent en 1938 à Paris).

1957 : une association pour sauver la mémoire des transports urbains

Omnibus de la compagnie générale des Omnibus de Paris. De 1879 à 1913 à deux chevaux. Musée des transports A.M.T.U.I.R.
En 1957, alors que la France supprimait la quasi-totalité des réseaux de tramways, quelques passionnés décidèrent de sauver ces tramways, afin de montrer aux générations futures ce qu’étaient les transports urbains et leur histoire. Ils créent l’Association pour le musée des transports urbains, interurbains et ruraux (AMTUIR). L'association gère désormais un musée, installé à Chelles (Seine-et-Marne) où vous pourrez découvrir bus, tramways, etc.

1950-1960 : nouvelles lignes pour nouveaux quartiers

Entre 1950 et 1960, la région parisienne connaît un développement très important. La reconstruction de l’après-guerre s’accompagne de la création de nouveaux quartiers d’habitations qui doivent être desservis par des transports efficaces.
Durant cette période, la RATP – née en 1948 – crée 41 lignes nouvelles et procède à la modification de la quasi totalité des lignes existantes (environ 190 lignes) par des prolongements et des adaptations de tracés.

1961 : la fin des voitures à bras

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1960-1970 : le temps du déclin

Mode. Paris, novembre 1960.
Malgré un effort de modernisation et l'adaptation du réseau en banlieue, le trafic chute des années 1961 à 1970. Le réseau des bus n’attire plus que 528 millions de voyageurs en 1970, contre 852 millions en 1961, soit une baisse de 38 % en une décennie.
La RATP engage une modernisation du matériel roulant, qui passe par un retrait des autobus à plateforme. Leur dernier voyage a lieu le 22 janvier 1971 avec le retrait des dernières voitures de la ligne 21 (Gare Saint-Lazare - Porte de Gentilly).

1975 : la Carte orange, symbole du renouveau

Carte Orange
La création de la Carte Orange en juillet 1975 provoque une hausse importante du trafic. Il passe de 507 millions voyageurs en 1974 à 748 millions en 1980, soit une hausse de 47,5 % en six ans. Devant la hausse du trafic, la RATP augmente la capacité de transport sur les nouvelles voitures et modernise le réseau.

1983 : premiers autobus articulés et capacité augmentée

Autobus articulé de la RATP
Le 1er mai 1983, la RATP met en service les premiers autobus articulés Renault PR180 sur les lignes 91 et 183. Ces bus offrent près de 150 places et permettent une nette amélioration du service sur les lignes à fort trafic.

Années 2000 : les bus à l’heure du changement climatique

Autobus électrique de la RATP
A partir des années 2000, les pouvoirs publics renforcent les actions en faveur des transports en commun. Puis un objectif émerge : limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. La RATP décide en mars 2014 l'abandon du diesel à l’horizon 2025 avec un parc composé à 80 % de bus électriques et à 20 % de bus au biogaz. La RATP, en collaboration avec le Syndicat des transports d'Île-de-France (STIF, devenu "Île-de-France Mobilités") et la Ville de Paris améliorent aussi progressivement les fréquences sur les lignes les plus importantes avec le projet Mobilien.

2001 : la création des couloirs de bus fluidifie le trafic

Couloir de bus protégé
En 2001, la municipalité parisienne débute un programme d'élargissement et de protection des couloirs de bus sur les principaux axes de la capitale. Un moyen d'assurer une meilleure circulation des bus.

2019 : le réseau de bus fait sa révolution

Inchangé depuis 1950, le réseau de bus RATP à Paris et en petite couronne connaît des modifications importantes à partir d'avril 2019. Cela représente plus des deux tiers du réseau parisien : 42 lignes sont concernées par une modification d’itinéraire ou un renforcement de l’offre de services, 3 lignes sont supprimées, et 5 sont créées.