Les lauréats des Grands Prix de la création 2024 dévoilés
Focus
Mise à jour le 20/09/2024
Sommaire
Depuis 1993, les Grands Prix de la création de la Ville de Paris distinguent les talents des secteurs de la mode, du design et des métiers d’art. Ils illustrent depuis trente ans la volonté de soutenir ces secteurs d’activité essentiels au rayonnement et à l’attractivité de la capitale. Voici les 8 lauréats de cette nouvelle édition.
Depuis plus de trente ans, des professionnels de divers domaines ont lancé leur carrière en remportant les Grands Prix de la création de la Ville de Paris. Cette année, les Grands Prix évoluent et comprennent des nouveautés : le Prix Accessoires bijoux et les Prix Engagement et Révélation, qui remplacent le Prix Talent émergent.
Pour cette édition 2024, huit lauréats ont été décernés aux artistes et talents du monde du design, de la mode et des métiers d’art.
Le jury était présidé par trois personnalités référents dans leur domaine : Chloé Nègre pour les métiers d’art, Constance Guisset pour le design et Stéphane Ashpool pour la mode.
Design
Prix Engagement : Marlene Huissoud
Le travail de Marlene Huissoud s’inspire de la nature et des petites merveilles du monde. Ayant grandi au pied des Alpes, dans une famille d’apiculteurs, la designer s’aiguillonne dans son domaine en s’inspirant des insectes.
Elle est notamment passée par les Beaux-Arts de Lyon, puis la Saint Martin’s School of Art à Londres. Après ses études, tout s’enchaîne alors très vite : commandes privées, expositions, prix… Mais comme elle aime le dire : « Mon principal client reste l’insecte. Je cherche à lui donner une voix, à souligner sa présence dans le monde. »
Création d’habitats pour les pollinisateurs, recherches sur les déchets d’insectes et leurs usages, elle célèbre leur existence. « C’est un travail de fourmi, car il faut passer des heures à agrandir l’échelle pour leur donner de la visibilité. »
Prix Révélation : Wendy Andreu
Depuis dix ans, Wendy Andreu développe un textile innovant, ni tricoté ni tissé, mais collé, qui ne requiert ni patronage ni couture.
Adaptable à la fois en 2D et en 3D, ce matériau se moule facilement, éliminant toute perte de matière.
Le moule est ainsi au centre de ses œuvres : « C’est un instrument que j’ai appréhendé durant mes études – sa conception, sa géométrie variable – afin de démouler des pièces variées. »
Cette innovation reflète parfaitement l’approche de cette designer de 33 ans, diplômée en métal de l’école Boulle (12e) et formée à la Design Academy Eindhoven, où elle a suivi un cursus plus conceptuel.
Mode
Prix Accessoires bijoux : Kitesy Martin Studio
Avant de lancer sa marque en 2018, Kitesy Martin n’avait aucune expérience dans le domaine de la bijouterie. Diplômée de l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art (15e) et des Arts-Déco (5e), elle a travaillé pendant de nombreuses années comme designer de vêtements et d’accessoires pour de grandes maisons. C’est au sein de celles-ci qu’elle a commencé à s’intéresser aux fournitures, aux breloques et aux chaînes inutilisées ou oubliées.
« Le prix vient conforter une belle dynamique. En effet, nous déménageons dans de nouveaux locaux près de la place Léon-Blum (11e) et, depuis cette année, nous avons pu passer à la production en série en rachetant des stocks dormants chez des fournisseurs et en ne nous contentant plus de pièces vintage trouvées chez des particuliers. Notre dernière collection a ainsi déjà séduit pas mal d’acheteurs de grands magasins dans le monde et nous attendons les confirmations », raconte la créatrice.
Prix Accessoires de mode : Philéo
« J’avais un deal avec mon lycée, raconte Philéo Landowski. Comme je ne venais pas trop en classe et pour ne pas déranger les autres élèves, j’ai eu droit à des conventions pour faire des stages. C’est comme ça que j’ai pu découvrir la mode et intégrer Céline en 2017, à l’époque où Phoebe Philo était directrice artistique. »
Passionné par la chaussure, il crée sa marque Philéo en 2019. Adrian Joffe, de Comme des Garçons, le soutient et distribue ses créations chez Dover Street Market.
Aujourd’hui, ses collections sont présentes dans 40 magasins et il collabore avec Comme des Garçons, Salomon et Louis Gabriel Nouchi. Philéo se réjouit d’être reconnu en France grâce à un prix qui l’aidera à structurer son équipe.
Prix Engagement : Mossi
« J’ai réalisé des projets fous, mais j’ai maintenant un objectif : faire de la haute couture avec les mamans de mon quartier. » Mossi Traoré est un créateur-entrepreneur à la fois décidé et tendre. Et ce prix, alors qu’il est bien installé avec sa marque Mossi et son école Les Ateliers d’Alix, est pour lui une reconnaissance de la part de sa ville natale.
Il voit cette récompense comme une reconnaissance personnelle et un hommage à ses parents, éboueurs ou agents de ménage. Découvrant la mode « en piquant des vêtements », il quitte l’école Modart (15e) pour des expériences variées. En 2011, après un échec, il rebondit, crée son école et relance sa marque en 2017. Sa mode, accessible et engagée, se concentre aussi sur l’innovation textile à partir de déchets industriels.
Prix Révélation : Lucille Thievre
Une mère mécanicienne dans la confection qui a éveillé sa vocation, un diplôme de l’École de la chambre syndicale de la couture parisienne – aujourd’hui Institut français de la mode (13e) –, des débuts chez Hermès et Givenchy et, depuis 2021, année de lancement de sa marque, des collections très remarquées… Le parcours de Lucille Thievre, 33 ans, reflète bien deux facettes de son travail : la maîtrise technique et le haut de gamme.
Ses pièces sont sensuelles, féminines, inclusives et faciles à porter, intégrant l’artisanat du verre. Cette récompense valide son travail et offre une visibilité essentielle. Son entreprise, autosuffisante, bénéficiera du prix pour fluidifier les ventes en ligne et pérenniser son activité.
Métiers d’art
Prix Engagement : Atelier Sumbiosis
Tony Jouanneau, designer produit diplômé de l’École supérieure d’art et de design d’Orléans et formé à l’ennoblissement textile, a rejoint
l’École nationale supérieure de création industrielle-Les Ateliers (11e) en 2016 pour se spécialiser en écoconception, biodesign et biofabrication.
En 2018, il fonde l’Atelier Sumbiosis, axé sur la recherche, la création et la transmission. Inspiré par la symbiose dans le vivant, il collabore avec divers partenaires, comme Marie Albéric à la Sorbonne Université et Harumi Sugiura au Japon.
« Ce prix et sa dotation vont me servir à concrétiser des chantiers, comme l’achat d’une cuve spécifique fabriquée en Turquie pour développer une collection d’objets à travers la technique ancestrale de la marbrure, habituellement destinée au papier et à la restauration de livres », explique le designer.
Prix Révélation : Antonin Mongin
L’objectif d’Antonin Mongin : faire entrer son savoir-faire unique sur la liste officielle des métiers d’art. Ce docteur en design de 31 ans a redonné vie à la pratique des bijoux sentimentaux en cheveux, courante aux XVIIIe et XIXe siècles.
Diplômé des Arts-Déco (5e) en design textile, il transforme les cheveux en matériau textile avec des méthodes apprises ou développées. De plus en plus de particuliers et de maisons de luxe lui passent commande. Il adapte par ailleurs ses techniques à d’autres fibres comme le crin de cheval ou le raphia.
Actuellement, il développe une fausse fourrure 100 % végétale, alternative à celle en plastique.
Que gagnent les lauréats ?
Une dotation de 18 000 euros est attribuée aux lauréats. Chaque prix est doté de 8 000 euros par la Ville de Paris et enrichi via le Fonds pour les Ateliers de Paris par des partenaires privés : la Fédération française du prêt-à-porter féminin, ADC, le groupe Galeries Lafayette, ESMOD, Roger Pradier, Victoire, le groupe Galia et Francéclat.
Outre la dotation, les lauréates bénéficieront d’une visibilité offerte par les partenaires médias et associés : Première Classe, Paris Design Week, Maison&Objet, Alliance France Design, Ipocamp, Intramuros, Fashion Network, AD Magazine, La Gazette Drouot, The Good Goods, GOODMOODS, PAUL.E, Collectible, Gestes, Process Magazine, MODEM, Silhouette, Eyes on Talents, FORMAE, IDEAT, Beau Magazine, le Palais Galliera et le Campus Design et Métiers d’Art.
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