Les trésors restaurés de l'église Saint-Sulpice

Reportage

Mise à jour le 21/09/2023

Eglise Saint-Sulpice (6e)
En mars 2019, un incendie s'était déclaré au niveau du portail sud de l'église Saint-Sulpice (6e). Aujourd'hui, sa restauration est achevée. L'occasion d'y retourner pour faire le point sur les différentes restaurations terminées ou en cours.

Le transept sud à nouveau accessible

En mars 2019, un incendie se déclare au niveau du transept sud. Peu s'en souviennent, car un autre incendie a marqué le printemps 2019, celui de Notre-Dame.
À Saint-Sulpice, le feu se propage rapidement, aidé par l'aspiration d'air venant de la baie vitrée située au-dessus du transept. La partie gauche du vitrail explose. Les bas-reliefs (les éléments sculptés) sont calcinés ainsi que les parties hautes du sas d'entrée.
Il aura fallu plusieurs années pour redonner au transept sud son éclat d'antan. Sans compter que les dimensions colossales de l'église, l'une des plus grandes de Paris avec Notre-Dame et Saint-Eustache, nécessitent un entretien constant et un budget sur plusieurs mandatures.

Retrouver les savoir-faire oubliés

Les bas-reliefs ont donné du fil à retordre aux conservateurs-restaurateurs. Il s'agit d'une création des frères Slodtz, une fratrie née d’un père sculpteur qui travaille pour l'intendance des Menus-Plaisirs sous Louis XIV. Ces sculpteurs maîtrisaient une technique à base de pâte à papier, connue aussi sous le nom de carton-pierre, dont la mise en œuvre a été perdue au fil des siècles. Les bas-reliefs ont donc été reproduits à base de pâte à papier supportée par une couche de résine qui la renforce.
Grâce à une étude stratigraphique, la couleur ocre-jaune d’origine de la porte située en dessous a été retrouvée. Il ne restait plus qu'à repeindre tout le transept sud avec cette nouvelle teinte. Son inauguration se tient le lundi 20 mars 2023.

Les couleurs vives de Lenepveu dévoilées

Peintures de Jules-Eugène Lenepveu, chapelle Sainte-Anne, église Saint-Sulpice (6e) en janvier 2023
Peu connu du grand public, Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898, attention à la prononciation !) est un peintre classique très admiré au XIXe siècle. Il est célèbre pour avoir peint le plafond de l’Opéra Garnier, désormais recouvert par l’œuvre de Chagall. C'est à lui que l’on confie la réalisation de grandes peintures murales pour habiller la chapelle Sainte-Anne de l'église Saint-Sulpice.
Cet artiste académique et directeur de la villa Médicis s'inspire des décors italiens pour concevoir ses œuvres. Il privilégie des couleurs vives et accorde à la lumière et à la théâtralité une grande importance. Il a également fait des peintures à Saint-Louis-en-L’île (4e), Sainte-Clotilde (7e) et Saint-Ambroise (11e).
La restauration de ses peintures, qui a duré huit mois, s’est achevée en mai 2022.

Les portes du péristyle occidental se parent de rouge-brun

De mémoire de Parisien, personne ne se souvient avoir vu les portes du massif occidental de cette couleur… Mais il s'agit bien de la teinte originelle, comme une étude stratigraphique l'a démontré. À partir d'un petit échantillon tiré d'un détail de la frise, il a été possible de déterminer que ces immenses portes de 7 mètres de hauteur arboraient cette couleur rouge-brun. Les éléments dorés, en laiton, ont été brossés et nettoyés.

La chapelle des Âmes-du-Purgatoire révélée

Les Âmes-du-Purgatoire ont retrouvé leur splendeur en 2020. Une vaste restauration a été entreprise pour redonner à ces œuvres leur couleur d'origine. Auparavant, les peintures apparaissaient délavées sur la partie inférieure. Aujourd'hui, on peut de nouveau admirer tous les détails du peintre François-Joseph Heim (1787-1865).

Une nouvelle passerelle en bois dans les combles

Aussi invisibles qu'indispensables, les travaux de mise en sécurité des combles et d'électricité resteront discrets. Des cordistes de Savoie sont venus jusqu'à Saint-Sulpice pour y installer les lignes de vie nécessaires à la sécurité des intervenants sur le chantier. Des charpentiers d’Île-de-France ont mis en sécurité le chemin de circulation technique dans les combles.
Au total, 315 m² de chêne d'Île-de-France ont été utilisés pour refaire les cheminements sous la charpente et ainsi assurer une bonne accessibilité pour l'entretien courant de l'édifice.

La chapelle de la Vierge sous les échafaudages

Les échafaudages, on les voit sans les voir. Sans eux pourtant, le chantier n'existe pas. Ils représentent aussi un coût important lors des restaurations. Ici, il faut compter 400 000 € pour la location, ce qui inclut le montage et le démontage.
Dans le cas de la chapelle de la Vierge, l'échafaudage s'étend sur 11 étages pour atteindre le plafond de la coupole. Il a fallu le placer au plus près des éléments à restaurer, mais sans les abîmer.
Dans cette chapelle aussi, les décors sculptés ont été réalisés par les frères Slodtz. S'ils font penser au château de Versailles, ce n'est pas un hasard : ces artistes étaient aussi à l'œuvre pour les décors de fête à Versailles. À l'époque, une loterie avait été organisée pour financer la décoration de la chapelle.
Une épaisse couche de crasse recouvre aujourd'hui les angelots et autres sculptures à base de carton et de colle. Entre la poussière qui s'accumule et la fumée des bougies, c'est malheureusement inévitable.

Le plafond de la coupole abîmé par un incendie

En 1762, un incendie se déclare dans la chapelle. La coupole est très endommagée et les peintures réalisées par François Lemoyne (1688-1737) à partir de 1724 sont recouvertes par la suie et partiellement brûlées. Inspiré par l'Italie, il a utilisé la technique de la fresque pour cette coupole.
Pour ce faire, il a utilisé de l'enduit frais dans lequel il a gravé les motifs. Il les a ensuite mis en couleurs avec un liant à base de chaux, rendant l'œuvre inaltérable. Cette technique est difficile à réaliser à Paris à cause du taux d'humidité qui perturbe le temps de séchage.
Après l'incendie, on fait alors appel au peintre Antoine-François Callet (1741-1823) pour redécorer la coupole. Ce dernier va compléter les parties disparues et ajouter des personnages à la base de la coupole, dont le célèbre curé Languet de Gergy qui est à l’origine de la commande.
La chapelle de la Vierge est restaurée par la Ville de Paris, avec le soutien de la Fondation Avenir du Patrimoine à Paris, grâce à la générosité de Monsieur et Madame François Pinault, en mémoire de leur fille, Florence Rogers (1963- 2021).

La chapelle Saint-Joseph plus éclatante

La restauration de la chapelle Saint-Joseph s’achève. Après les restaurations du vitrail en 2019-2020, de la statue du XVIIIe siècle figurant Saint-Joseph et l’Enfant Jésus début 2022 grâce au mécénat de la Fondation Frédéric de Sainte-Opportune, c'est au tour des décors peints et du mobilier de faire l’objet des soins des conservateurs-restaurateurs. Ces derniers vont redonner éclat et lisibilité à un décor peint qui était encrassé et ponctuellement très altéré.
Sous une voûte ornée de caissons en trompe-l’œil, les peintures murales représentent Le Songe de Saint-Joseph d’un côté et La Mort de Saint-Joseph de l’autre. Le peintre Charles Landelle (1821-1908), qui sollicite l’architecte Victor Baltard (1805-1874) pour l’obtention de cette commande, achève ce grand décor, apogée de sa carrière, en 1875. Cet artiste, ancien élève de Paul Delaroche et d’Ary Scheffer, s’est également illustré dans les églises parisiennes à Saint-Roch (1er), Saint-Germain l’Auxerrois (1er) et Saint-Nicolas-des-Champs (3e).

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