Lifting réussi pour les cavaliers du pont d'Iéna
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Mise à jour le 09/07/2024
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Quatre destriers de plus de 3 mètres de haut chevauchent le pont d'Iéna depuis 1853 ! Au fil du temps, ils avaient perdu de leur superbe et la lance de l'un des cavaliers avait même disparu. À l'approche des Jeux de Paris 2024, ces statues ont fait l'objet d'une restauration exceptionnelle.
Quatre sculpteurs pour quatre cavaliers
Le pont
d’Iéna commémore la victoire de la France au cours de la bataille éponyme lors
de la campagne de Prusse. Construit entre 1806 et 1813 à la demande de Napoléon Ier, il fait aujourd’hui le lien entre l’esplanade du Trocadéro et la tour
Eiffel.
Ce n’est
qu’en 1848 qu’il est décidé de le décorer de quatre cavaliers représentant les
âges de l’équitation. Posées sur d’imposants socles et hauts de plus de trois
mètres, ces statues en pierre sont le fruit du travail de quatre sculpteurs
et ont chacun des attributs différents : Jean-Jacques Feuchère pour le
cavalier arabe portant une lance et François-Théodore Devaulx
pour le cavalier grec et son casque orné d’un panache sur la rive droite ; Auguste Préault pour
le cavalier gaulois doté d’une longue chevelure et d’une moustache et
Louis-Joseph Daumas pour le cavalier romain pourvu d’un blason SPQR (Senatus populusque Romanus, emblème de la République romaine) sur la rive gauche. Ces
sculptures sont inaugurées le 15 août 1853.
À l’origine,
les cavaliers de la rive gauche regardaient vers la Dame de Fer, mais lorsqu’en 1935, le pont d’Iéna est
élargi, passant de 14 à 35 mètres, les statues changent légèrement d’orientation : elles sont placées de biais de manière à se faire face.
Le pont est
inscrit au titre des Monuments Historiques depuis juin 1975.
Se débarrasser de la mousse et des nids de guêpes
Mousse,
croûte noire, graffitis… Il était temps d’offrir aux cavaliers un grand
nettoyage. D’après les archives du service de conservation des œuvres d’art religieuses et civiles (COARC), la dernière restauration daterait
de 1937 ! Il faut dire que ces statues situées en bord de Seine sont particulièrement
exposées à l’humidité et au vent. Si les pigeons les ont épargnées, des nids de guêpes ont été retrouvés dans quelques niches !
Plusieurs
entreprises ont été sollicitées pour cette restauration débutée fin
octobre 2023, d’abord par les deux cavaliers situés en rive droite. À partir de
février 2024, les restaurateurs-conservateurs se sont attaqués aux deux
cavaliers de la rive gauche. Objectif : retrouver les volumes de la sculpture, la blancheur de la
pierre et les détails abondants qui font la particularité de chacune des œuvres.
Pour cela,
les artisans ont effectué un nettoyage à l’eau suivi de la pose d’un biocide
pour éliminer les micro-organismes qui avaient colonisé la surface des œuvres.
Les sculptures ont ensuite fait l’objet d’un nettoyage par microsablage couplé
à un brossage mécanique qui a permis de retrouver une meilleure lecture des volumes.
Les socles ont également fait l’objet d’un nettoyage approfondi par sablage –
deux mosaïques Space Invaders ont même dû être été déposées.
Où est donc passée la main gauche du cavalier arabe ?
Le chantier
est exceptionnel à plusieurs titres. D’abord, parce que le délai de
réalisation était très serré. Tout doit être terminé pour les Jeux
olympiques et paralympiques. Le pont d’Iéna sera en effet un point d’accès pour les épreuves de beach-volley qui se
dérouleront sous la tour Eiffel.
Ensuite, parce qu’il a nécessité de longs mois d’études et une coordination entre la Ville et l’État, les conservateurs des Monuments Historiques étant sollicités pour valider chaque grande étape. Car si la commande
était d’abord esthétique, les services de la Ville se sont vite aperçus en s’approchant
avec une nacelle que des
éléments structurels nécessitaient d’être consolidés.
La main
gauche et la lance du cavalier arabe, le bout de museau de son cheval
ou encore le blason SPQR du cavalier romain avaient disparu. Les services de la
COARC se sont plongés dans les archives, les témoignages écrits et les photos anciennes
pour reconstituer fidèlement les pièces manquantes tout en appliquant des
techniques du XXIe siècle permettant d’éviter qu’elles ne tombent à nouveau. L’élément
le plus impressionnant étant cette lance du cavalier arabe, fabriquée en métal inox pour permettre
un meilleur équilibre.
« On ne
prend pas toujours le parti de refaire les parties manquantes lors des restaurations,
pointe Sina Phan, conservateur du patrimoine, mais dans ce cas précis, la documentation existait et ces
travaux ont permis de redonner de la visibilité à ces œuvres. Par exemple, sans son blason SPQR, emblème de la République romaine, disparu depuis 1910, le cavalier romain n’avait plus d’élément distinctif. Les recherches à la fois historiques et techniques ont permis de comprendre pourquoi, comment et quand ces éléments ont disparu. Le blason a pu être restitué d’après un dessin de 1853 ! »
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