Lutte contre le crack : pourquoi mettre en place des unités thérapeutiques ?

Actualité

Mise à jour le 22/09/2021

Attention, cet article n'a pas été mis à jour depuis le 22/09/2021, il est possible que son contenu soit obsolète.
Face aux méfaits du crack dans le nord-est de Paris, la Ville va créer des unités de prise en charge thérapeutique dans le cadre d'une stratégie soutenue par l’État. Un travail de recherche des lieux les plus adaptés est en cours avec les services de l’État.
Depuis plusieurs mois, la situation liée à la consommation de crack est extrêmement tendue dans le nord-est parisien. Les services de la Ville sont pleinement mobilisés face à ce problème majeur de santé et de tranquillité publiques pour trouver des solutions au bénéfice de tous.

La mise en place d'unités thérapeutiques pour une meilleure prise en charge

Le Premier ministre a manifesté, dans un courrier du 15 septembre 2021, son soutien à l’approche globale de la Ville qui intègre de façon pragmatique la consommation encadrée comme outil d’accompagnement au sevrage. Il marque ainsi le soutien de l’État au renforcement du réseau de prise en charge des consommateurs de crack par la création d’unités thérapeutiques.
Plusieurs centaines de consommateurs actifs de crack en grande déshérence, souvent atteints de troubles psychiatriques, occupent l’espace public. Leur présence et celle des nombreux dealers causent des troubles à l’ordre public et suscitent l'inquiétude.
La solution proposée consiste en un maillage d’unités thérapeutiques à taille humaine, pour prendre en charge médicalement les consommateurs de crack en les sortant de la rue et en leur proposant un accompagnement personnalisé.
Le rapport de la mission flash sur le bilan des salles de consommation à moindres risques, présenté mardi 14 septembre à la Commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale par les députés et rapporteurs Caroline Janvier et Stéphane Viry, recommande le développement de ces dispositifs.

Une solution durable qui allie salubrité et sécurité

La solution la plus adaptée pour la Ville est en effet de trouver des lieux à taille humaine, partout sur le territoire du Grand Paris, combinant accueil et espace de repos le jour, places d’hébergement d’urgence la nuit et offre de soins addictologiques et psychiatriques.
Ce réseau de petites unités thérapeutiques est une solution pour faire diminuer les tensions dans l’espace public, et ce pour plusieurs raisons :
  • parce que la présence de la police municipale parisienne et de la police nationale, chacune dans ses compétences, sera renforcée aux abords de ces lieux, notamment dans les 18e et 19e arrondissements.
  • parce qu’elles permettent aux consommateurs de se mettre à l’abri, hors de la rue et de l’addiction compulsive ;
  • parce qu’elles constituent le premier pas vers le sevrage, intégral ou accompagné, dans le cadre d’un parcours de réduction progressive de la consommation (espacement des prises, rétablissement d’un rythme de sommeil jour/nuit, reprise d’habitudes élémentaires d’hygiène de vie…).

Trouver les lieux adaptés

Après échange approfondi avec les services de l'État, décision conjointe a été prise de ne pas implanter un nouveau site rue Pelleport. La Ville de Paris a décidé d'expertiser d'autres sites pour la prise en charge des consommateurs, en lien étroit avec les services de l'État, les associations et les riverains.
Une réunion publique a été organisée le 15 septembre au soir afin d’assurer la transparence de la démarche et répondre à toutes les questions et potentielles inquiétudes. D’autres solutions identifiées à ce jour feront l’objet de réunions entre les maires des arrondissements concernés et les habitants.
Enfin, la Ville mène ce travail avec des professionnels de santé, des experts et des associations spécialisées dans la prise en charge des addictions.

La lutte contre le crack mobilise une chaîne d'acteurs de la Ville

La résorption de la toxicomanie de rue est un travail au long cours. Depuis 2019, la Ville agit dans le cadre du Plan Crack, en partenariat avec l’Agence régionale de santé, la préfecture de Région, la préfecture de police et le parquet de Paris.

Paris cofinance notamment des espaces de repos de jour, un dispositif d’hébergement social de 400 places pour la nuit et des maraudes médico-sociales. Ces maraudes, avec la police municipale parisienne et les services de la propreté de la Ville œuvrent ensemble, au quotidien, pour nettoyer et apaiser l’espace public. Les professionnels engagés dans le travail de maraudes sont des médiateurs formés, ils peuvent intervenir à la demande des habitants pour résoudre les difficultés liées à la présence des usagers de drogue dans leur quartier. Les signalements sont à adresser à : [mediation-drogue-riverains puis paris.fr après le signe @]zrqvngvba-qebthr-evirenvaf@cnevf.se[mediation-drogue-riverains puis paris.fr après le signe @]

En 2021, les efforts ont été accrus pour renforcer la tranquillité publique des Parisiens, grâce à la mobilisation des équipes de la police municipale parisienne, des agents des parcs et jardins et de ceux de la propreté, qui assurent quotidiennement la sécurisation des jardins d’Éole, le nettoyage de ses espaces et de ses abords, ainsi que la médiation entre riverains et toxicomanes.

Un engagement de longue durée dans la réduction des risques

Historiquement Paris s’est fortement engagée dans la réduction des risques, dans le contexte de l’épidémie de sida. Paris dispose d’un bon maillage de structures de réduction des risques pour les personnes qui consomment des drogues par voie intraveineuse, ce qui a permis comme ailleurs en France d’éteindre complètement l’épidémie VIH chez les usagers de drogues, de réduire très significativement le nombre d’overdoses par rapport à la situation des années 1980 et d’assécher le trafic d’héroïne qui faisait des ravages il y a 40 ans. La salle de consommation à moindre risque, ouverte en 2016 à l’hôpital Lariboisière par l’association Gaïa a été la dernière pierre de ce dispositif efficace, comme le montrent le rapport de l’INSERM comme celui de la mission Flash de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale publié le 14/9/2021.
Mais ce maillage et ces différentes structures ont été pensées dans le contexte de l’héroïne et plus largement des drogues injectables. Il n’a pas été fait pour répondre à la problématique du crack qui a émergé au début des années 1990 à Stalingrad. La prise en charge des consommateurs de crack a été le parent pauvre de la réduction des risques et de l’addictologie pendant longtemps.
C’est ainsi qu'en 2019, face à l’ampleur que prenait le phénomène, les pouvoirs publics se sont réunis pour mettre en commun leurs efforts au sein du Plan Crack. Beaucoup a été fait avec de bons résultats mais l’épidémie de Covid survenue six mois après l’adoption du Plan Crack a affaibli les efforts et l’impact de ces mesures. Ainsi l’évacuation de la « colline du crack » en novembre 2019 a dispersé une grande partie des consommateurs sans que l’ensemble des réponses nécessaires n’ait pu être déployé à temps.
C’est face à ce constat qu’en 2020, la Ville a plaidé pour une évolution du cadre réglementaire qui permette de créer et de financer durablement des unités thérapeutiques spécifiques pour les consommateurs de crack. Ces unités à taille humaine, disséminées sur le territoire, doivent pouvoir mêler des dispositifs qui étaient jusqu’à présent segmentés (CAARUD, CSAPA, SCMR, LHSS, halte de nuit, espace de repos…) pour proposer un véritable parcours de sortie de la rue et de l’addiction. Le courrier du Premier Ministre et le rapport de la mission flash de la commission des affaires sociales viennent enfin valider cette stratégie.

Toxicomanie à Paris : quel est le bilan de la salle de consommation à moindre risque ?

En 2016, une première salle de consommation à moindre risque (SMCR) a été ouverte à Paris dans le quartier de la gare du Nord (10e). Le rapport de la mission flash sur le bilan des salles de consommation à moindres risques, présenté mardi 14 septembre à l'Assemblée nationale, recommande le développement de ce type de dispositifs. Lire l'article.