Marie-Cécile Kfouri, restauratrice de peintures : « On a vu Notre-Dame se métamorphoser et on est passé à l’émerveillement »
Rencontre
Mise à jour le 21/11/2024
Alors que Notre-Dame rouvre ses portes le week-end du 7 et 8 décembre, nous avons rencontré celles et ceux sans qui rien n'aurait été possible : les ouvriers de la restauration. Marie-Cécile Kfouri, restauratrice de peintures murales, a travaillé pendant près de 5 ans sur les tableaux des chapelles du déambulatoire de la cathédrale.
En quoi a consisté votre travail ?
Lorsqu’on arrive sur site, nous sauvons tout ce qui peut être sauvé. C’est une première étape de conservation. Les peintures avaient davantage souffert des dégâts des eaux injectées par les pompiers que du feu. Et le grand ennemi de la peinture, c’est l’humidité. Certaines étaient très écaillées et se soulevaient : nous avons tout refixé, consolidé les enduits et recollé les écailles.
Vient ensuite le temps de la restauration. Nous avons d'abord nettoyé et posé des enduits dans les parties lacunaires. Nous ne repeignons pas l’original, mais peignons à côté. Les peintures présentent une gamme colorée très vive, qui est mise en avant lors du nettoyage. Si vous regardez une peinture et qu’il y a des manques, ça va vous sauter aux yeux. Peindre ce qui manque permet de redessiner l’original et de mieux l’apprécier.
Comment travailler sur des peintures si précieuses ?
Nous nous sommes basés sur les archives, notamment sur les plans de Viollet-le-Duc, avec les couleurs, les indications, les échelles, etc. C’était extraordinaire d’avoir toute cette documentation. Il y a beaucoup de décors (arrière-plan des tableaux), et grâce à la symétrie et à la géométrie, nous arrivons à déterminer ce qu’il faut faire. Certaines écailles peuvent également indiquer les couleurs à respecter.
En cas de doute, nous laissons tel quel. Nous n’inventons rien.
restauratrice de peintures
Quel a été votre plus gros défi ?
Le gros défi du chantier était les délais, mais nous avons adapté les effectifs pour être plus efficaces. Nous avons également travaillé avec de nombreux corps de métiers différents, ce qui ne nous arrive jamais, puisque nous intervenons plutôt en fin de chantier, en temps normal. Mais là, il fallait respecter des délais très serrés, donc tout le
monde travaillait en même temps. On en garde d’ailleurs un très bon souvenir. Nous avons pu côtoyer des métiers ou même en
découvrir, et tout le monde était très coopératif.
Quelles ont été vos impressions, votre ressenti en travaillant sur un tel chantier ?
Première impression en arrivant après l’incendie : sidération totale. La cathédrale était méconnaissable. Il y avait encore ce trou béant dans la voûte. Au début du chantier, nous avons travaillé dans la cathédrale, encore très fragile alors. C’était une ambiance très particulière.
C’est une fierté d’avoir participé au projet, mais on n’oublie pas qu’on est un tout petit maillon d’une grande chaîne.
restauratrice de peintures
Pendant les travaux, on l’a vu se métamorphoser, et on
est passé à l’émerveillement. C’était comme une résurrection. Finalement, c’est une fierté d’avoir participé au projet, mais
on n’oublie pas qu’on est un tout petit maillon d’une grande chaîne.
Qu’est-ce qui vous a le plus marquée ?
Nous avons découvert des graffitis, des signatures, des
petites choses laissés par les artistes d’autrefois sur certaines peintures. Parfois, ce sont des indications couleur. Ces témoignages ne sont destinés à personne, ou alors juste à nous, les restaurateurs. C’est toujours un peu émouvant de les découvrir. On avait l’impression d’être dans les coulisses de la création des
peintures de Viollet-le-Duc.
Et puis, la fin de la période de sécurisation était
marquante. On est passé en phase de restauration et de reconstruction.
Passer de la peur à l’espoir, c’était un beau moment.
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