Paris rend hommage à cinq résistantes en attribuant leur nom à des rues
Le saviez-vous ?
Mise à jour le 13/08/2024
Sommaire
Claude Rodier, Marguerite Gonnet, Marguerite Moret, Paulette Jacquier et Anne-Marie Bauer. Pour que ces cinq résistantes françaises ne tombent pas dans l'oubli, le Conseil de Paris a décidé d'attribuer leur nom à des rues de Paris… Mais sans effacer leur dénomination actuelle. Une méthode inventive au bénéfice des habitants, dont l'adresse ne change pas.
À l'approche des célébrations autour du 80e anniversaire de la Libération de Paris, la Ville a souhaité rendre hommage à cinq résistantes. Une décision qui s'inscrit dans le cadre d'une politique de féminisation forte de l'odonymie. Ces figures féminines fortes sont :
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Claude Rodier (1903-1944) aida à la structuration des Mouvements Unis de la Résistance. Arrêtée par la Gestapo en 1944 avec sa famille, puis déportée au camp de Ravensbrück, elle y décède la même année.
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Marguerite Gonnet (1898-1996) : sous le pseudonyme de «La Cousine» elle s’engagea en 1941 et participa notamment à l’organisation du maquis grenoblois.
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Marguerite Moret (1899-1974) travailla pour le service des réfugiés d’Alsace-Lorraine à Lyon.
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Paulette Séguret (1918-1975) rejoint la résistance comme agent de liaison sous le pseudonyme de « Marie-Jeanne», dans les secteurs de Grenoble et de Lyon. En 1944, elle est arrêtée mais réussit à s’échapper de prison pour regagner le maquis.
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Anne-Marie Bauer (1914-1996), membre du mouvement de résistance Libération-Sud, elle a été affectée à la planification des projets d’évasion, dont celle de Jean Moulin. Arrêtée le 24 juillet 1943 à Lyon, elle ne divulgua aucune information, malgré les tortures commanditées par Klaus Barbie.
Mais les nouveaux lieux dénommables étant rares, la Ville a décidé de procéder par une substitution par homonymie de rues faisant référence à d'anciens propriétaires fonciers (il en existe environ 500 à Paris) portant le même patronyme que ces résistantes. Ainsi :
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La rue Rodier devient la rue Claude Rodier (9e)
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La rue Gonnet devient la rue Marguerite Gonnet (11e)
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La rue Moret devient la rue Marguerite Moret (11e)
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La rue Jacquier devient la rue Paulette Jacquier (14e)
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La cité Bauer devient la cité Anne-Marie Bauer (14e)
Substitution de dénomination
La "substitution de dénomination" est un procédé ancien utilisé à Paris depuis le XIXe siècle. Elle permet de modifier le nom donné sans engendrer de désagréments pour les riverains qui gardent les mêmes coordonnées. Il s’agissait dans un premier temps de jeux de mots, jouant sur la proximité avec le nom précédent :
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Le chemin de la Croix (16e) est devenu la rue Eugène Delacroix en 1868 ;
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la rue d’Enfer (14e) est devenue la rue Denfert-Rochereau en 1878 (appelée depuis 1946 avenue Denfert-Rochereau) ;
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la rue des Grandes Carrières (18e) est devenue la rue Eugène Carrière en 1907.
Puis l'idée a émergé de remplacer le nom d’anciens propriétaires fonciers par le nom de personnages célèbres, comme la rue Rénier
du nom d’un ancien propriétaire est devenue la rue Mathurin Régnier, du nom d’un poète satirique, en 1894.
Dans le même esprit, à partir de 2019, plusieurs rues parisiennes portant depuis longtemps des noms de femmes, mais sans mentionner leur prénom, ont été rectifiées. C’est le cas par exemple du boulevard Marguerite de Rochechouart (9e), de la rue Germaine de Staël (15e), ou encore de la rue Élisabeth Vigée-Lebrun (15e). En décembre 2023, ce n'est pas un prénom mais un titre qui a été attribué à la rue de Sévigné (Paris Centre) devenue rue Madame de Sévigné.
Ce procédé reste néanmoins rare est limité, pour diverses raisons : nom trop peu commun pour être facilement remplacé, nom en souvenir d'un lieu disparu, etc.
Un cas particulier dans le 13e
Une rue du 13e va changer de nom sans changer de nom ! Le Docteur Charles Richet a donné son nom à une rue de l'arrondissement en 1936… Mais ce médecin professait des théories racistes et eugénistes… Il se trouve que son fils s’appelait également Charles, était également médecin, et était quant à lui résistant. La rue demeurera la rue du Docteur Charles Richet, mais en hommage au fils !
Les nouveaux lieux dénommables sont rares
Paris est unique a bien des égards. À commencer par sa topographie, qui n'a pas évolué depuis… Napoléon III ! Ses frontières entérinées par la loi du 16 juin 1859 étaient elles-mêmes calquées sur l’enceinte de Thiers édifiée sous Louis-Philippe. Les Parisiens vivent donc dans des limites qui datent du milieu du XIXe siècle, une situation unique pour une grande capitale.
Les nouveaux lieux dénommables sont donc extrêmement rares. En outre, par souci de préservation de son histoire et de son odonymie, la Ville ne débaptise ses rues qu'à de rares exceptions près. Pour rendre hommage à de nouvelles personnalités, il faut donc trouver des solutions quelque peu originales.
Le plus souvent, la Ville procède à de nouvelles dénominations sur des sites qui ne comportent pas d’adresse, de sorte à ne déranger aucun habitant. Malheureusement, ces dénominations sont alors peu visibles des Parisiens.
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