Pascal Larsonneur, sculpteur sur pierre : « C’était un honneur de travailler sur Notre-Dame »

Rencontre

Mise à jour le 20/11/2024

Portrait de Pascal Larsonneur, sculpteur
Alors que Notre-Dame rouvre ses portes le week-end des 7 et 8 décembre, nous avons rencontré celles et ceux sans qui rien n’aurait été possible : les artisans d’art. Pascal Larsonneur, sculpteur en chef, a contribué à la restauration des sculptures et des pignons du monument.

En quoi a consisté votre travail ?

En tout, nous avions plus de 3 000 pièces à traiter. Il a d’abord fallu répertorier les pierres, un travail très important, pour les remettre exactement où elles étaient. Puis il a fallu reproduire les statues afin qu’elles servent de modèles, avant de les reconstruire à l’atelier.

Heureusement pour nous, Viollet-le-Duc a pu servir de modèle. On a pu retrouver ses travaux et ses dessins. C’était royal.

Pascal Larsonneur
sculpteur sur pierre
La pierre calcaire est sensible au feu, les flammes rongent la pierre. Il fallait intervenir de manière très précise sur les sculptures qui pouvaient être sauvées et les protéger avec du plâtre. Ce véritable travail d’archéologie a pris presque six mois. La difficulté était de reproduire le plus idéalement possible les éléments sculptés.
Heureusement pour nous, les travaux de Viollet-le-Duc ont pu servir de modèles. On a pu retrouver ses dessins. C’était royal. Quand les statues ou les pièces étaient trop abîmées, on pouvait se fier à lui. Et puis, nos connaissances nous ont permis de mieux comprendre le monument, il était comme un grand livre ouvert.

Y a-t-il une pression particulière lorsque vous travaillez sur ce genre de monument historique ?

Il y avait une pression par rapport aux délais. Nous étions différents corps de métiers, chacun avec nos contraintes et nos exigences. Pour notre part, nous avons travaillé avec les tailleurs de pierre, qui bâtissent et nous fournissent les pierres, tandis que nous, nous décorons. Et les tailleurs sont pressés par les charpentiers, qui ont besoin de pierres pour insérer leurs charpentes.
Il fallait que tout cela soit coordonné. Et il ne fallait pas dénaturer le monument, c’était primordial. L’architecte passait deux fois par semaine pour constater l’avancée des travaux. La charpente avait besoin des pignons et les maçons avaient besoin de monter les éléments structurels qui sont composés de sculptures.

Quelles impressions dominent après avoir travaillé sur un tel chantier ?

C’était très gratifiant. C’était un honneur d’y travailler. C’est un édifice de prestige et nous avions tous envie de retrouver Notre-Dame comme elle était auparavant. Nous, les intervenants, on ne devait pas se rater. Une fois que c’est fait, c’est fait, on ne peut pas revenir en arrière.

La cathédrale a plusieurs styles, et il faut savoir faire la différence entre le gothique flamboyant et le gothique rayonnant. On devait aller au-delà de notre savoir-faire.

Pascal Larsonneur
sculpteur sur pierre
Par ailleurs, j’admire le travail de Viollet-le-Duc depuis longtemps. Quand j’ai commencé ma carrière dans les années 1980, j’ai travaillé sur le chantier de Pierrefonds, un château restauré par ses soins. Là, je finis ma carrière avec lui. La boucle est bouclée. Je suis content, tout le monde a mis la main à la pâte. Et il y avait une très bonne ambiance entre tous les artisans qui travaillaient sur l’édifice. Au final, nous sommes très fiers de notre intervention.
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