La Seine regorge de vie, préservons-la !

Le saviez-vous ?

Mise à jour le 09/12/2024

Vue de l'eau de la Seine
À Paris, difficile de trouver un lieu qui concentre plus de biodiversité que la Seine. Entre les espèces exotiques introduites par l’être humain et la pollution générée par ses activités depuis des siècles, l’écosystème du fleuve a connu plusieurs bouleversements. Enfilez vos maillots, nous partons à sa rencontre !
Si les efforts menés pour préserver la biodiversité de la Seine profitent directement à la faune et à la flore, les êtres humains ne sont pas en reste, puisque nous tirons de nombreux bénéfices du « travail » opéré par la nature. On peut citer l’autoépuration de l’eau de la Seine à Paris ou encore la fixation du C02 par les plantes aquatiques, permettant de réduire les gaz à effet de serre et d’enrichir l’environnement en oxygène. Autant de raisons de prendre soin de cette biodiversité, qui revient en force après avoir longtemps été malmenée.

Dix fois plus d’espèces de poissons en quatre décennies

Aujourd’hui, on dénombre une trentaine d’espèces de poissons dans la Seine. Certaines, comme les poissons migrateurs, sont de solides indicatrices de la biodiversité. C’est le cas de l’anguille et de la lamproie que l’on retrouve à Paris et en région parisienne : elles attestent d’une bonne qualité de l’eau et d’une continuité écologique (libre circulation entre l’amont et l’aval du fleuve, et présence de zones favorables à leur évolution).
Cela n’a pas toujours été le cas. Les fédérations de pêche estiment qu’au plus fort de la pollution du fleuve, dans les années 1970, on retrouvait seulement trois espèces de poissons dans la Seine à Paris et en petite couronne : carpe, gardon et perche. Un nombre très éloigné de celui de la faune originelle du cours d’eau qui comptait, avant d’être altérée par l’activité humaine, entre 24 et 33 espèces selon les travaux du programme interdisciplinaire de recherche sur l’eau et l’environnement du bassin de la Seine (PIREN-Seine).

Dans le bassin versant, près d’une espèce sur deux a été introduite !

Cette faune originelle s’est modifiée au gré de la pollution générée par l’activité humaine, mais également par l’introduction de nouvelles espèces de manière volontaire (via les pêcheurs) ou involontaire. Ce fut particulièrement le cas au cours du XIXe siècle avec le développement du trafic fluvial et la création de canaux qui permirent des circulations entre différentes rivières et, par la même occasion, des migrations de poissons. D’après une étude publiée en 2021, 28 espèces non natives ont été répertoriées en 2020 dans le bassin versant de Seine, ce qui représente 46 % du total !
L’arrivée de nouvelles espèces n’est pas sans contrainte : si certaines trouvent leur place dans l’environnement, d’autres vont perturber le milieu naturel. C’est le cas de la perche-soleil et du poisson chat qui vont prendre la place des espèces autochtones et se développer de manière incontrôlée. Raison pour laquelle les pêcheurs ont interdiction de les remettre à l’eau s’ils les capturent.
Les espèces invasives ne sont pas uniquement l’apanage des poissons : ce problème existe avec des plantes terrestres (comme la renouée du Japon) ou des algues. Ces dernières sont notamment charriées par les coques de bateaux qui circulent dans la Seine, mais également, et c’est plus surprenant, par les personnes qui… vidangent leur aquarium exotique dans la Seine !
Un bassin versant XXL
Le bassin versant de la Seine est une zone géographique où toutes les eaux de pluie, les rivières et les ruisseaux s’écoulent naturellement vers le fleuve de la Seine avant de se jeter dans la Manche. On y trouve donc ses principaux affluents (la Marne, l’Oise, l’Yonne, l’Aube, l’Eure, etc.). Ce bassin couvre près de 18 % du territoire national !

Il n’y a pas que les poissons dans la vie (d’un fleuve)

Lorsqu’il s’agit d’évaluer la biodiversité de la Seine, les poissons ne sont qu’un indicateur parmi d’autres. Il faut également s’intéresser aux algues ! Les grandes algues sont d’excellentes indicatrices : elles sont le signe à la fois d’une bonne qualité de l’eau et d’un milieu favorable au développement des plantes. Au contraire, leur trop grande présence signifierait une abondance de nutriments, et donc une contamination par l’activité humaine. Pour mesurer la biodiversité, les chercheurs s’intéressent plus particulièrement aux indices diatomées. Ces algues microscopiques n’ont pas besoin de support pour se développer et sont des indicateurs efficaces de la qualité de l’eau pure.
Un autre indice auquel s’intéresser est celui des macroinvertébrés en grand cours d’eau. Il consiste à effectuer des prélèvements dans le milieu naturel pour compter le nombre d’individus de chaque espèce et établir une note globale selon une grille : plus on recense d’espèces sensibles à la pollution (et qui ont donc besoin de peu de pollution pour survivre), meilleure est la note.

Comment continuer à améliorer la biodiversité de la Seine ?

C’est d’abord l’amélioration de la qualité de l’eau du fleuve qui a permis d’améliorer sa biodiversité : la fin des déversements de déchets chimiques non traités, le raccordement massif des logements au système de traitement des eaux usées, l’amélioration du traitement… Outre le gain pour la biodiversité, tous ces efforts ont rendu la Seine baignable à Paris lors des Jeux olympiques et paralympiques 2024 et pour tous les habitants dès 2025. Si la qualité peut toujours être améliorée, le plus gros du travail a été fait et la marge d’amélioration est réduite : la qualité étant bonne, il s’agit désormais d’aller chercher les derniers micropolluants.
Un autre axe de travail permet de faire des avancées plus importantes dans la préservation de la biodiversité : l’amélioration de la morphologie du cours d’eau. Actuellement, de nombreux cours d’eau ont encore des berges en béton, complètement transformées pour s’adapter aux activités humaines. L’objectif est de recréer des espaces végétalisés favorables à la vie sur la Seine et à la ponte des espèces. Pour cela, on remplace des berges artificielles par des berges en terre et on supprime les seuils inutiles qui font obstacle à la progression naturelle des espèces, de l’amont à l’aval du fleuve. Lorsqu’il faut maintenir des seuils obligatoires, comme les écluses, on aménage des passes à poissons.
Si ces aménagements permettent de préserver la Seine et sa biodiversité, pourrait-on aller plus loin ? En donnant, par exemple, des droits à ce fleuve pour qu’il défende son intégrité ? C’est l’idée qu’a eu l’association Wild Legal en organisant un procès fictif au Théâtre de la Concorde (8e) ce 9 décembre 2024 : « Et si la Seine avait des droits ? », retransmis en direct vidéo sur la chaîne YouTube de la Ville de Paris.