Police municipale : « Nous serons au plus proche du terrain »
Rencontre
Mise à jour le 17/01/2024
Attention, cet article n'a pas été mis à jour depuis le 17/01/2024, il est possible que son contenu soit obsolète.
Sommaire
Michel Felkay, en poste depuis deux ans à la tête de la Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection (DPSP), dresse un état des lieux sur la mise en place de la police municipale parisienne. La proposition de loi permettant sa création a été votée le 17 novembre 2020 à l'Assemblée nationale.
Quand sera opérationnelle la future police municipale de Paris ?
La création de la police municipale de Paris est prévue dans une proposition de loi qui a été discutée et votée le 17 novembre 2020 à l’Assemblée nationale. Ensuite, des discussions parlementaires vont avoir cours pour, on l’espère, un vote de cette loi en mars. Mais cette loi ne concerne pas seulement la police municipale de Paris, elle concerne plus généralement les polices municipales de France.
Comment les futurs policiers municipaux parisiens ont-ils été formés et recrutés ?
Une fois que nous aurons le statut de police municipale, nous allons pouvoir lancer les formations. Tout agent de police municipale doit avoir reçu une formation qui est prévue par le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT). Comme nos agents ne partent pas de rien, qu’ils sont formés et sont déjà sur le terrain, nous leur assurerons une formation complémentaire qui leur donnera le même niveau que les autres agents de police municipale en France. Cette formation sera assurée par une école des métiers de la sécurité propre à Paris que nous allons créer, et ce, en accord avec le CNFPT. Je veux une police municipale formée « au top ».
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Quels en seront ses effectifs ?
5000 agents en 2024. C’est un défi que nous voulons relever : cela veut dire des recrutements massifs, en vue des Jeux olympiques. Actuellement, les effectifs sont au nombre de 3300 Agents de Surveillance de Paris (ASP), Inspecteurs de Sécurité de la Ville de Paris (ISVP) et Agents d’Accueil et de Surveillance la Ville de Paris (AAS). De plus, la police sera non seulement à parité mais elle reflétera aussi le visage de la population parisienne, dans sa diversité.
La police sera non seulement à parité, mais reflètera aussi le visage de la population parisienne, dans sa diversité.
Directeur de la future police municpale de paris
Les agents n’auront pas d’armes létales. Quel sera leur équipement ?
Concernant l’armement, les agents actuels sont déjà dotés d’un bâton de défense, d’une bombe lacrymogène, d'une paire de menottes, d'un gilet pare-balles, et nous voulons leur donner en plus une caméra-piéton. Ils ont un entrainement physique très poussé, et toutes les situations qui ont pu être difficiles sont réanalysées sur le tatami avec des moniteurs sportifs.
Quelle sera la proximité de cette police avec les Parisiens ? Sera-t-elle organisée par arrondissement ?
Oui, nous allons créer des divisions de tranquillité publique composées d’agents identifiés comme étant « au service du Parisien » ; ils résoudront les incivilités du quotidien. Ce n’est pas une petite tâche et c’est surtout extrêmement utile. Nous voulons être au plus proche du terrain, pour pouvoir réagir à tout ce qui se passe sur l’espace public.
À cette fin, nous entendrons les doléances des personnes croisées ; nous prenons déjà le pouls des Parisiens grâce aux points de rencontre (totems) positionnés sur différents endroits, mais nous voulons aller encore plus loin en créant un observatoire de la tranquillité publique qui permettra d’établir un panorama des quartiers, et donc de tout Paris. Nous ferons passer des sondages, des questionnaires ; nous souhaitons être à l’écoute des Parisiens afin que ceux-ci puissent orienter l’action de notre police municipale.
Paris sera découpée en micro-quartiers et les policiers municipaux qui y patrouilleront connaîtront vraiment leur quartier et les personnes qui y vivent et qui y travaillent (commerçants, gardiens, etc.). Ils feront remonter tout ce qu’il s’y passe afin que des suites soient données.
Quelles seront les missions exactes de la police municipale et comment s’organisera l’articulation avec la police nationale ?
Les missions de la police municipale ne seront pas les missions de la police nationale. Nous voulons une présence de voie publique, une présence de proximité, qui nous permet de réguler l’espace public, à la fois sur le plan de la protection routière (tout ce qui concerne les infractions routières) et également sur le plan de la salubrité publique. Nous sommes sur une police de présence, pas sur une police de l’intervention urgente.
Nous avons déjà avec la police nationale une convention de coordination qui va être révisée, dans laquelle il sera bien clair que chacun gardera sa compétence. Il ne s’agit pas de devenir les suppléants de la police nationale. Nous avons notre rôle à tenir sur le terrain. Bien entendu, il est possible de mener des opérations conjointes, par exemple liées aux vendeurs à la sauvette, ou lors de mises à l’abri de réfugiés.
On est sur une police de présence, pas sur une police de l’intervention urgente.
Directeur de la future police municipale
Mais, j’insiste, il ne s’agit pas de servir de « police secours » pour la police nationale. Par exemple, la lutte contre la drogue restera du ressort de la police nationale qui est chargée de la lutte contre la délinquance et du maintien de l’ordre ; dans la délinquance, j’englobe le terrorisme. Quant à la police municipale, elle est chargée de la tranquillité publique.
Nous, nous sommes là pour verbaliser les auteurs d’encombrants sur la voie publique, le respect de la bonne tenue des chantiers, tout ce qui concerne le non-respect des pistes cyclables, des voies bus, la pollution avec le contrôle des vignettes Crit’air ; nous nous occuperons des terrasses et nous seront présents sur les marchés. Nous mesurerons aussi le bruit des pots d’échappement des deux-roues grâce à des sonomètres, et nous verbaliserons les auteurs de nuisances sonores. La limitation du bruit est pour nous une priorité.
Comment s'adapte la police municipale aux nouvelles incivilités quotidiennes (trottinette et vélo par exemple) ?
Nous avons été précurseurs car nous n’avons pas attendu la loi de régulation sur les déplacements pour verbaliser et mettre en fourrière. Ainsi, de mars à septembre 2019, 6000 trottinettes ont été mises en fourrière, en s’appuyant sur le code de la route.
Concernant les vélos, nous sommes très vigilants. Par exemple, sur la rue de Rivoli, quand les cyclistes franchissent des feux rouges ou qu’ils ont des oreillettes, nous les verbalisons. Nous faisons à peu près 600 verbalisations par semaine pour les vélos qui ne respectent pas le code de la route.
Je voudrais terminer en disant que les actuels agents de la DPSP, futurs agents de la police municipale, m’impressionnent par leur adaptabilité et leur constance sur l’espace public. Ils ont fait face aux deux confinements, ils font respecter les règles sur les marchés ou sur les terrasses éphémères, toujours avec discernement et dans le dialogue.
Nous créons une belle police municipale parisienne, pour le mieux-vivre des parisiens, et de cela, je suis très fier.
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