Quand des collégiens discutent consentement et relations : plongée dans un atelier d’éducation citoyenne

Reportage

Mise à jour le 25/03/2025

Portrait de Sanctifié qui participe à un atelier de sensibilisation au harcèlement, mené par l'association Je tu il, au collège Palissy (10e).
Comment parler de consentement, de respect et de relations affectives avec des adolescents ? Dans un collège parisien, l’association je.tu.il… anime des ateliers d’éducation à la responsabilité affective, sexuelle et citoyenne. Entre discussions vives, projection de film et prises de conscience, les élèves confrontent leurs idées et partagent leurs réflexions. Un moment d’éducation essentiel !
Dans la salle 24 du collège Bernard-Palissy (10e), une vingtaine d’élèves de 4e se pressent pour s’asseoir en demi-cercle. Devant eux, Juliette, de l’association je.tu.il, anime aujourd’hui un atelier d’éducation à la responsabilité affective, sexuelle et citoyenne, qui s’articule autour d’une petite série vidéo, intitulée En Visage.
De nombreuses actions de sensibilisation comme celle-ci sont menées dans les établissements parisiens dans le cadre du dispositif « Collèges pour l’égalité », initié par la Ville de Paris. Chaque année, une quarantaine de structures sont retenues pour l’animation d’ateliers via un appel à projets. Avec trois ateliers de deux heures, Juliette espère « planter une graine » et favoriser un climat scolaire plus sain !
La discussion démarre, les élèves se remémorent les éléments abordés et les intrigues développées dans le premier film visionné à la séance précédente, qui raconte la vie d’un groupe de collégiens. Au programme : émotions, relations et responsabilités dans un cadre d’échanges ouverts.
On parle de la peur, du courage, de la tristesse et de la colère. Peu à peu, la conversation glisse vers les influences extérieures, notamment les jeux vidéo. Les enfants évoquent le personnage de Maxime, qui joue à un jeu en ligne violent, et les actions virtuelles qui ne devraient pas se transposer dans la vraie vie. D’autres admettent la peur de décevoir leurs parents, en particulier à cause des résultats scolaires.

Un film choc, des réactions vives

Après ce premier temps d’échanges, place à la projection du deuxième épisode de la série. Rideaux fermés, silence attentif. Sur l’écran, des scènes qui marquent : une adolescente qui envoie une photo compromettante, un baiser sans consentement entre deux jeunes, des soupçons de propos racistes, un adolescent qui détourne de l’argent destiné à une association pour aider sa famille…
Les réactions ne se font pas attendre. « Si c’est pas oui, c’est non », lance un élève. D’autres abordent le rôle des parents et les conflits familiaux. Un débat s’ouvre sur la responsabilité des victimes : « Mais si on boit, on sait qu’il peut nous arriver des choses, donc c’est de notre faute ? » demande une jeune, soulevant un point de discussion crucial.

Ce n’est pas un cours, c’est un espace de parole où les jeunes confrontent leurs points de vue. Ils se posent des questions et peuvent s’identifier aux situations présentées.

Juliette
animatrice de l’association Je.Tu.Il…
Portrait de Juliette, de l'association Je, tu, il, qui anime un atelier de sensibilisation au harcèlement dans une classe de 4ème du collège Palissy (10e).

Un atelier marquant pour les élèves et l’animatrice

Sanctifié, 13 ans, retient surtout l’importance du consentement et des conséquences des actes : « Ça peut nous arriver à tout moment, comme l’exemple de la photo intime partagée via les réseaux sociaux. J’ai aussi appris qu’il fallait toujours dire la vérité ! » Inès, une autre élève, apprécie l’approche : « C’est bien d’avoir un support vidéo, on comprend mieux. Et on voit que d’autres personnes de notre âge peuvent être touchées par ces situations. »
Quand la sonnerie retentit, certains élèves en redemandent : « On peut rester une heure de plus ? » Un signe que les discussions ont trouvé leur écho, alors qu’au collège, un élève sur dix est victime de harcèlement scolaire et un élève sur cinq de cyberharcèlement.