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L'Orchestre de chambre de Paris et des élèves du collège Mozart (19e) unissent leurs forces pour la huitième fois autour d'une création musicale et d'un concert le 7 mars prochain. En cette année olympique, les bruits du sport sont à l'honneur. Reportage dans les studios de la Philharmonie.
Le rebond d’un ballon de basket, le souffle d’un coureur, l’impact
d’une balle de tennis sur une raquette, le crissement de semelles de baskets
sur un parquet… Ces sons, les élèves de la 5eA du collège Mozart (19e) sont
eux-mêmes allés les enregistrer dans les gymnases et rues de leur quartier,
début janvier. La première étape de ce qui constituera une grande création
sonore qu’ils interpréteront avec des musiciens de l’Orchestre de chambre de
Paris, au centre Paris Anim’Mathis, le 7 mars prochain.
À la découverte des sons du 19e
Inès, 12 ans, est ainsi partie avec ses camarades au centre sportif Jules-Ladoumègue, puis au parc des Buttes-Chaumont, pour « capter des bruits ». « Au début, j’ai eu peur de ne pas savoir me servir du matériel d’enregistrement, mais c’était plus simple que je ne pensais ! » raconte l’adolescente. Elle a trouvé assez facilement des sons qui correspondaient au sport et à l’effort. « On leur a mis le pied à l’étrier et, après, ils ont cavalé dans les rues, hypermotivés, se réjouit son professeur de musique, Étienne Comes. Cela leur apprend à vivre leur quartier autrement. »
« Le thème de cette année est le sport et la
performance pour coller à l’actualité des Jeux olympiques et paralympiques », poursuit l’enseignant, qui monte des projets avec l’Orchestre de chambre de Paris dans le cadre du dispositif l’Art pour grandir depuis huit ans déjà. Son objectif ? « D’abord, créer une dynamique de classe. Ensuite, amener les élèves dans des endroits où ils n’ont pas l’habitude ou le réflexe d’aller – ici la Philharmonie de Paris, qui est à deux pas de chez eux ! Enfin, leur apprendre à être à l’écoute de leur environnement, tout en leur apportant une éducation musicale et une découverte des instruments. »
Cette année, Étienne Comes a scindé la classe de 5eA afin de travailler sur différents ateliers en plusieurs petits groupes. Mi-janvier, huit d’entre eux – Nbemba, Ilias, Nassou, Julie, Mahamadou, Malik et les deux Inès – se sont ainsi retrouvés dans les studios de la Philharmonie pour avancer sur leur projet. Mais ils seront bien sur scène en classe complète – à 25 – le jour J !
Tennis et violon, le mixage des sons
Un premier demi-groupe passe l’après-midi dans l’atelier de montage et
mixage avec Christophe Rosenberg, coordonnateur pédagogique à la Philharmonie, pour analyser les sons qu’ils ont collectés. « Ils les écoutent, en coupent les meilleurs extraits, nettoient les
bandes, et créent peu à peu un morceau : à partir de bruits, on crée des sons… et plusieurs sons font de la musique », précise le professionnel, qui les pousse à caractériser ce qu’ils entendent et, ainsi, éveiller leur conscience d’écoute.
« Derrière ce rebond de ballon, on entend le pimponpim d’un camion de pompiers qui passe derrière, est-ce qu’on le garde ? » demande-t-il à Ilias. « Et ce couinement de chaussures de tennis, on pourrait le mixer avec un son de violon, en variant les graves et les aigus », propose-t-il à Nassou en lui expliquant comment se servir des curseurs sur la console.
Mimes sportifs dans la caverne d’Ali Baba
Quatre autres élèves, rejoints par deux musiciens de l’Orchestre de chambre de Paris – Liselotte Schricke et Guillaume Pierlot –, travaillent quant à eux avec Damien,
technicien son à la Philharmonie, et Victor Wetzel, le compositeur de la création musicale, dans l’espace d’enregistrement. C’est une « caverne d’Ali
Baba » où ils découvrent des centaines d’instruments – des maracas
à la harpe, en passant par l’alto ou la cloche –, qu’ils peuvent prendre en main.
Il faut maintenant réagir en musique aux mimes sportifs de Victor, qui joue les chefs d’orchestre : l’élan du curling, les coups de la boxe,
les rythmes de la danse… Ils apprennent aussi comment battre la mesure, maîtriser les volumes et apporter des nuances à leur petite formation.
Une fois le morceau mis en boîte, il rentre dans la valise de sons dans laquelle le compositeur va piocher pour finaliser l’œuvre. Il ne restera plus qu’à préparer le spectacle.
Au fil des mois, les jeunes apprennent ce qu’est le métier de musicien, le fonctionnement de l’orchestre et sont initiés à la musique contemporaine.
déléguée des actions culturelles à l'orcheste de chambre de paris
Des artistes en devenir
Du côté de l’Orchestre de chambre de Paris, participer à ce projet, c’est l’occasion d’établir une relation et des rencontres en musique avec celles et ceux qui n’en ont pas toujours l’opportunité ou qui n’osent pas, explique Amélie Eblé, chargée des actions culturelles et citoyennes. « L’Art pour grandir nous donne carte blanche pour le contenu du projet que nous avons voulu en trois volets : découverte, participation et restitution. À travers les différents ateliers, au fil des mois, les jeunes apprennent ce qu’est le métier de musicien, le fonctionnement de l’orchestre et sont initiés à la musique contemporaine. On les invite à des répétitions et des concerts. Ensuite, la partie atelier de création leur permet de collaborer avec un jeune compositeur pour faire connaître ce métier-là. La restitution, spectacle pluridisciplinaire d’un niveau exigeant présenté en public, c’est la cerise sur le gâteau : ils ne sont plus simplement des collégiens, mais aussi des artistes ! »
Retour sur l’édition 2022-2023
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