Quand les clients mettent leurs "grains de sel" au supermarché
Reportage
Mise à jour le 04/09/2020
Sommaire
Au supermarché coopératif "Les Grains de sel", chaque client-sociétaire travaille trois heures par mois pour pouvoir s’y approvisionner à tarif réduit. Un projet autour de la volonté de consommer de façon plus éthique réalisé grâce à un financement du Budget Participatif.
À l’entrée du local de 120m2, Pauline s’affaire avec Jérémy à reclasser méthodiquement tous les dossiers des sociétaires. Un peu plus loin, une autre équipe astique les gondoles gris taupe des rayons alors que d’autres se chargent de les approvisionner. Tous font partie des 700 clients-sociétaires des Grains de Sel, le nouveau supermarché coopératif ouvert fin novembre 2019 au 6, rue du Moulin-de-la-Pointe (13e).
Ce lieu repose sur une équation simple : pour y faire ses courses et bénéficier de références 15 à 40% moins chers à terme, les clients-sociétaires – exception faite des plus de 60 ans – doivent y travailler trois heures par mois et s’acquitter de 100€ de souscription (10€ pour les plus modestes). Ces derniers sont les seuls clients de leur magasin. Toutes les familles de produits y sont vendues : près de 150 variétés de fruits et légumes, de l’épicerie, des produits frais et surgelés, du vrac, des articles d’entretien et une herboristerie. La majorité des références sont bios, raisonnées et éthiques, achetées à juste prix aux producteurs. L’attention est également portée sur le zéro déchet et l’impact carbone moindre des installations du magasin.
Des produits de qualité plus accessibles
Inspiré par La Louve, le premier supermarché coopératif de France ouvert en 2016 dans le 18e, le projet des Grains de Sel a mûri en près de trois ans, après de nombreuses réunions d’information. Il a bénéficié d’un financement du Budget Participatif dans le cadre du projet « Alimentation pour tous », voté en 2017. Le lieu du 13e vise à faciliter l'accès à une consommation saine, durable et de qualité et «s'engage à lever les freins sociaux, économiques et culturels qui y font obstacle». Aujourd’hui, l’établissement prend la forme juridique d’une société d’intérêt collectif, qui regroupe les consommateurs, les quatre salariés, les producteurs, les collectivités locales et les soutiens.
Un outil pour lutter contre la précarité alimentaire
Difficile d’ignorer cet endroit pour Pauline : il se situe à vingt mètres entre son domicile et l’école de ses enfants. Devenue sociétaire, l’ergothérapeute de 41 ans compte « donner de ses mercredis matins pour travailler ensemble », afin que les produits bios, « souvent chers », soient plus « accessibles ». Jérémy, 36 ans, s’est impliqué pour « ne pas rester passif » dans le combat pour une alimentation plus durable.
Au-delà de l’achat de produits de tous les jours, « c’est un lieu de vie, assure Sébastien Moireau, son cofondateur. Ce supermarché est un outil pour instaurer un changement fondamental et lutter contre la précarité alimentaire. » Des espaces ont même été dédiés pour discuter d'échanges, de sensibilisation et d'informations entre membres, habitants et producteurs autour des enjeux de consommation responsable.
La directrice du magasin, Béatrice Albaret, ancienne travailleuse sociale, s’est retrouvée dans les valeurs de la coopérative : « Les problématiques sociaux, économiques, la provenance des produits, le bien-être animal y sont abordés. C’est une approche globale. L’alimentation n’est pas une problématique qui se pose isolément, tout est lié. Et ce projet nous permet de changer de regard. » À travers la promotion d'un modèle solidaire, coopératif et participatif qui « réinvente » le « rapport à la consommation en prenant en compte l’impact qu’elle a sur notre santé, sur notre environnement, et sur la planète », le supermarché veut participer à une dynamique de mieux vivre ensemble. Parce que la nourriture, c’est la vie.
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