Rénovée, cette ancienne passoire thermique abrite désormais 12 logements sociaux à Montmartre

Reportage

Mise à jour le 15/02/2024

Un bâtiment haut de six étages, à l'intersection de deux rues dans le 18e arrondissement.
Au croisement des rues Ganneron et Hégésippe-Moreau (18e), un immeuble de 12 logements, hébergeant aussi 2 locaux d’activité, vient d’être réhabilité par le bailleur social Élogie-Siemp. Il avait été racheté par la Ville en 2018.
C’est un immeuble qui cochait toutes les cases. Une passoire thermique, la moitié de ses logements vacants, et le tout dans un quartier touristique, Montmartre (18e). Lorsque le bâtiment en pierre de taille de six étages est mis en vente, la Ville de Paris décide de le préempter pour en faire des logements sociaux et d’en confier la gestion au bailleur social Élogie-Siemp. Les objectifs sont multiples : permettre aux Parisiens plus modestes de continuer à résider dans le quartier et à y vivre décemment, œuvrer pour la transition écologique en isolant les lieux, et empêcher que les appartements ne deviennent des locations touristiques.
Pour cela, de nombreux travaux de réhabilitation auront été nécessaires pendant dix-huit mois, durant lesquels quatre logements sur douze ont continué d’être habités. Le chantier vient tout juste de s’achever, comme le rappelle l’odeur de peinture fraîche présente dans le hall de l’immeuble.

« S’imaginer quitter l’appartement nous faisait mal au cœur »

Jean fait partie des locataires restés durant le chantier. Depuis 1995, il habite un appartement trois-pièces au 1er étage. Lorsqu’il apprend que l’ancien propriétaire décide de vendre l’immeuble, il craint d’abord pour son avenir. « L’agence immobilière nous a dit qu’en cas de rachat, on irait au terme de notre bail, mais qu’après on devrait peut-être partir… Le loyer aurait sûrement été trop cher pour notre budget. S’imaginer quitter l’appartement nous faisait mal au cœur, car on habite ici depuis presque trente ans ! Finalement, après une année de craintes, on a appris que c’était la Mairie qui préemptait l’immeuble et qu’on pourrait rester. Cela nous a sauvés. » Car dans ces logements sociaux, le loyer indicatif hors charge s’approche des 8 euros le mètre carré contre environ 30 euros dans le parc privé.
Le temps que leur logement soit rénové, Jean et sa compagne déménagent au 3e étage. Débuté en mai 2022, le chantier est important, avec la création d’une isolation thermique extérieure, l’isolation des logements par l’intérieur, la réfection des pièces humides, la mise en conformité des parties communes, etc. Le tout avec un objectif : conserver le patrimoine existant. Dans les appartements, on retrouve donc les moulures, les persiennes et le parquet lorsque c’était possible. Dans les escaliers, le majestueux garde-corps a aussi été remis aux normes.

Une bien meilleure isolation, été comme hiver

Outre son aspect esthétique, cette réhabilitation a déjà des effets concrets sur le quotidien des locataires. En cette journée où le thermostat extérieur peine à dépasser les 6 °C, il fait bien meilleur dans l’appartement de Jean. « Je vois déjà une grosse différence au niveau de la consommation d’énergie, explique-t-il. Même en gardant le chauffage bas, il fait bon dans l’appartement. Avant les travaux, je devais mettre le chauffage à fond et ça ne suffisait pas toujours. »
Depuis, la performance énergétique du bâtiment a été considérablement améliorée. Un moyen efficace de lutter contre le réchauffement climatique et de s’adapter à ses conséquences : l’été, on est mieux protégé face à une canicule ; l’hiver, on diminue les émissions de gaz à effet de serre (et sa facture d’énergie) en maîtrisant sa consommation. Un « coup double » aussi profitable pour les locataires que pour le reste de la société.
Le projet de réhabilitation en bref
- Immeuble de 6 étages à l’angle des rues Ganneron et Hégésippe-Moreau (18e)
- 12 logements et 2 locaux d’activité
- Diagnostic de performance énergétique (DPE) : classe F à classe B grâce aux travaux
- 18 mois de travaux