Restauration de trois chapelles de l'église Saint-Séverin

Reportage
Mise à jour le 03/07/2023
La restauration de trois chapelles de l’église Saint-Séverin (5e) vient de s’achever après trois années de travaux, qui ont permis la redécouverte et la mise en valeur des nombreux trésors artistiques de l’édifice.
L’église Saint-Séverin, située au cœur du Quartier latin, occupe l’emplacement d’une ancienne chapelle édifiée à l’endroit où, au VIe siècle, l’ermite saint Séverin avait pour habitude de prier ; l’édifice érigé au XIIIe siècle a pris naturellement son nom.
Entre la fin du XVe et le début du XVIe siècle, l’église se dote d’un ensemble de chapelles rayonnantes à son chevet et sur ses bas-côtés. Ce sont ces chapelles qui, entre 1840 et 1865, vont bénéficier d’une grande campagne de décoration et de mise en valeur, réalisée en grande partie par les élèves de Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867).
Ces décors peints de l’église Saint-Séverin n’avaient encore jamais fait l’objet d’une restauration globale. Leur état de conservation était alarmant et nécessitait une opération de restauration de grande envergure. L’église étant classée au titre des monuments historiques depuis 1862, cette restauration a été suivie par les services des monuments historiques de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) d’Île-de-France sous maîtrise d’ouvrage de la Conservation des œuvres d’art religieuses et civiles (COARC) de la Ville de Paris.
Les opérations de restauration des chapelles Sainte-Geneviève, Saint-Jean et Saint-Séverin ont bénéficié du soutien de la Fondation Avenir du Patrimoine à Paris, qui a contribué au financement de leur restauration au cours de ces trois dernières années.

La chapelle Sainte-Geneviève

Le chantier de la chapelle Sainte-Geneviève, entre 2020 et 2021, a inauguré l’importante entreprise de restauration des décors peints de l’église Saint-Séverin.
L’attention des restaurateurs s’est portée en premier lieu sur les peintures murales d’Alexandre Hesse (1806-1879) réalisées entre 1850 et 1852 en s’inspirant de la tradition des maîtres italiens du XVe siècle et des techniques de peinture murale afin de s’approcher du rendu de la fresque, un hommage au modèle incontournable de l’Antiquité et des maîtres de la Renaissance (Raphaël, Michel-Ange).
Le décor ne se réduit pas aux peintures murales. La restauration a également concerné le vitrail (réalisé par Émile Hirsch en 1876), les parties sculptées (sculpture de sainte Geneviève en plâtre peint et culots sculptés datés du XVIe siècle), la barrière, l’autel et le parquet. L’ensemble du décor est par ailleurs magnifié par un nouvel éclairage.

La chapelle Saint-Jean

La chapelle Saint-Jean accueille la première œuvre monumentale du peintre Hippolyte Flandrin (1809-1864) et est la première chapelle à recevoir un décor peint au XIXe siècle. Les peintures sont signées et datées de 1840. Quatre épisodes de la vie de saint Jean sont représentés dans la chapelle : La Cène, Saint Jean rédigeant l’Apocalypse sur l’île de Patmos, Le martyre du saint plongé dans l’eau bouillante et La vocation de saint Jean. La Cène a retenu l’attention dès sa conception : la pureté des lignes, le geste d’abandon de Jean, l’absence suggérée de Judas et l’harmonie qui s’en dégage malgré la gravité du moment en font un chef-d’œuvre de la peinture murale. Cependant, la paroi s’est très vite détériorée sous l’effet d’infiltrations d’eau.
La restauration, menée entre juillet 2021 et juillet 2022, est la seconde intervention globale dans le bas-côté sud de l’église. Elle comprend par ailleurs le vitrail d’Émile Hirsch représentant une Descente de Croix (1876) et les parties sculptées métalliques. Les soulèvements sont désormais stabilisés, les écailles fixées et les peintures nettoyées.

La chapelle Saint-Séverin

En 1850, la Ville de Paris commande au peintre Sébastien-Melchior Cornu (1804-1870) deux scènes consacrées aux saints Séverin. La chapelle rend en effet hommage à deux saints distincts portant le même prénom ayant vécu à la fin du Ve siècle et au début du VIe siècle. Le premier est un ermite parisien mort vers 555, tandis que le second est un abbé de l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune (dans le Valais, Suisse actuelle), mort autour de 507.
La chapelle des deux Saint-Séverin souffrait d’un encrassement très prononcé. Les peintures s'étaient noircies, la saleté résultant en grande partie des fumées des bougies, du chauffage et de la pollution atmosphérique de la ville. De fines fissures étaient présentes sur la voûte, les soubassements étaient également en mauvais état de conservation, la couche picturale y était pulvérulente. Les remontées capillaires ont causé des soulèvements et ont conduit à la perte d’une grande partie du décor essentiellement en partie basse.
Les restaurateurs se sont aussi intéressés aux vitraux de Jean Bazaine (1904-2001) datés de 1964. Huit verrières illustrent l’ensemble des sacrements tout au long du chevet de l’église. Dans cet ensemble, les deux vitraux de la chapelle Saint-Séverin représentent les sacrements de Pénitence et du Sacerdoce. Bazaine s’est associé pour ce projet au maître-verrier Bernard Allain et au peintre-verrier Henri Dechanet. Les verrières ont été nettoyées et leur serrurerie traitée.
La restauration, menée entre octobre 2022 et juin 2023, comprenait également le nettoyage et la réfection des pierres intérieures et extérieures, le nettoyage des parties sculptées et l’éclairage de la chapelle.
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