Retrouvez les chefs d'œuvres de Delacroix à la chapelle des Saints-Anges de Saint-Sulpice

Focus

Mise à jour le 30/11/2016

Dans le cadre du plan de rénovation du patrimoine cultuel porté par la Ville de Paris, la chapelle des Saints-Anges de l'église Saint-Sulpice (6e), abîmée et encrassée, a bénéficié d’une restauration d'envergure. Découvrez-y les trois œuvres majestueuses restaurées de Delacroix.
Entre 2014 et 2020, la Ville de Paris a consacré 80 millions d’euros pour sauvegarder, restaurer et valoriser le patrimoine cultuel parisien. À cet effort sans précédent s’ajouteront 11 millions d’euros de l’État et de nombreux financements et dons privés. Soit environ 110 millions d’euros pour préserver et transmettre aux générations à venir ces bâtiments remarquables ouverts à tous. L’œuvre étant classée au titre des monuments historiques, la restauration se fait sous le contrôle scientifique et technique du conservateur des monuments historiques de l’État. Outre la constitution d’un comité scientifique, un partenariat scientifique a été mis en place avec le musée Eugène Delacroix, dépendant du musée du Louvre.

Eugène Delacroix à Saint-Sulpice

Eugène Delacroix a peint davantage de sujets religieux entre 1850 et 1860 qu’en aucune autre période de sa carrière. La commande pour l’église Saint-Sulpice intervient en avril 1849 et porte sur la chapelle sud. Le thème des Saints-Anges est un sujet assez rare. S’il retient un motif classique au plafond avec saint Michel, Delacroix choisit, pour les deux peintures murales des inspirations singulières: l’histoire d’Héliodore chassé du temple pour le mur ouest et le récit de la lutte de Jacob et de l’ange à l’est.
Delacroix réalise des esquisses dessinées et peintes, en vue de les présenter aux autorités, entre octobre 1849 et juin 1850, avec en tête l’idée de commencer le travail à l’automne 1850. Le chantier, retardé par le travail autour de la galerie d’Apollon du Louvre (1850-1851), puis du Salon de la Paix à l’Hôtel de Ville de Paris (1852-1854), s’intensifie après 1854. La chapelle est inaugurée entre le 31 juillet et le 3 août 1861.

Quelques dates-clés

  • 26 avril 1798 : naissance du peintre
  • 1827 : «Le Christ au Jardin des oliviers», église Saint-Paul-Saint-Louis
  • 1831 : «La Liberté guidant le peuple», Louvre
  • 1844 : «Pietà», église Saint-Denys-du-Saint-Sacrement
  • 1849-1861 : chapelle des Saints-Anges, église Saint-Sulpice
  • 1850-1851 : «Apollon vainqueur du serpent Python», Galerie d’Apollon, Louvre
  • 1855 : hommage national au peintre lors de la première Exposition universelle à Paris
  • 1857 : installation au 6 rue de Fürstenberg (6e)
  • 13 août 1863 : mort du peintre à son domicile devenu le musée Delacroix
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Les trois peintures restaurées

La lutte de Jacob avec l’ange

Jacob, fils d’Isaac, petit-fils d’Abraham, se trouve à un tournant de sa vie: après avoir usurpé son droit d’aînesse à son frère Esaü, il est forcé de s’éloigner et se rend en Mésopotamie.
La scène se passe à la veille de traverser le fleuve pour se rendre en Palestine et affronter sa famille. Un étranger se présente qui arrête ses pas et engage avec lui une lutte opiniâtre, laquelle ne se termine qu’au moment où Jacob, touché au nerf de la cuisse par son adversaire, se trouve réduit à l’impuissance. Cette lutte est regardée, par les livres saints, comme un emblème des épreuves que Dieu envoie quelquefois à ses élus. À l’aube, Jacob finira par l’emporter, vainqueur mais blessé, et demandera à l’ange de le bénir.

Héliodore chassé du temple

La scène se déroule dans le temple de Jérusalem. Le roi de Syrie, faussement informé que le trésor du temple de Jérusalem contenait de grandes richesses, envoie son ministre Héliodore pour les confisquer. Malgré les explications du prêtre sur la provenance des modestes dépôts de veuves et d’orphelins, Héliodore persiste. Quand il arrive au temple avec son garde, tous sont terrifiés par l’apparition d’un cheval caparaçonné d’or, monté par un cavalier qui surgit armé et se jette sur Héliodore.
L’œuvre est flamboyante et fourmille de détails. La restauration a permis de percevoir clairement la correspondance entre les deux scènes : la colonne de l’Héliodore répondant au chêne du Jacob.

Saint Michel terrassant le démon

Saint Michel, ailé, enfonce sa lance dans la gueule du démon. Michel, protecteur d’Israël, se bat contre Satan et ses anges. Le combat de l’archange saint Michel contre le démon, figure allégorique du mal, est évoqué dans l’Apocalypse de saint Jean. À l’issue de la lutte de l’archange contre les anges rebelles, le démon est terrassé et précipité sur la Terre. Pour le plafond, Delacroix retient le format ovale comme dans la chapelle de la Vierge, derrière la nef, pour son tableau qui sera une huile sur toile marouflée,

Les techniques de restauration

D’octobre 2015 à novembre 2016, sous la direction d’Alina Moskalik-Detalle, dix restaurateurs spécialistes de peinture murale ont été mobilisés pour ce chantier. La dernière restauration importante datant de 1977. La peinture est constituée d’un liant mixte à base de cire et d’huile très sensible aux produits de restauration traditionnels comme les solvants. Un protocole de restauration spécifique a été mis au point par Richard Wolbers, professeur à l’université du Delaware. Afin d’éviter la pénétration des produits dans les couches de cire et d’huile, la surface est saturée à l’aide d’un solvant siliconé qui s’évapore au bout de trente minutes. Durant ce temps, le restaurateur peut travailler au nettoyage à l’aide d’un gel qui sera ensuite rincé. Ce protocole a été contrôlé lors du chantier par le laboratoire de recherche des monuments historiques. L’église étant classée au titre des monuments historiques depuis 1905, la restauration s’est exercée dans le cadre du contrôle scientifique et technique de l’État.