5 anecdotes sur les 5 grands magasins parisiens
Le saviez-vous ?
Mise à jour le 21/06/2021
Sommaire
Le Bon Marché, le Printemps, les Galeries Lafayette, le Bazar de l'Hôtel de Ville (BHV) et la Samaritaine… Derrière leur apparence soignée, ces grands magasins ont tous une anecdote à raconter, ce petit plus qui les distingue les uns des autres. Redécouvrez leur histoire !
Qui osera atterrir sur le toit des Galeries Lafayette ?
Les Galeries Lafayette ont été fondées par deux cousins alsaciens, Théophile Bader et Alphonse Kahn, en 1893. Leur premier magasin, situé rue de La Fayette, ne fait que 70 m². Mais progressivement, les deux cousins acquièrent l’immeuble qui l’abrite leurs « Galeries ». Ils baptisent cet immeuble « Galeries Lafayette ». Dix ans plus tard, en 1905, trois immeubles du boulevard Haussmann et un immeuble de la Chaussée d’Antin font partie de l’ensemble.
Aujourd’hui, les Galeries Lafayette appartiennent toujours aux descendants des deux cousins alsaciens et sont présentes dans le monde entier. Mais avant de connaître un succès planétaire, il a fallu que les Galeries se fassent une place parmi la concurrence parisienne.
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Un délinquant dans le ciel de Paris
Vidéo INA
En 1909, les dirigeants ont une idée surprenante : lancer un concours auprès des aviateurs. Le premier qui réussira à atterrir et redécoller des toits des Galeries empochera la somme de 25 000 francs ! Le défi est lancé. Mais l’entreprise reste audacieuse, la piste ne mesurant que 27 mètres de long pour 12 mètres de large. Roland Garros y songe un temps avant d’y renoncer. Puis la Première Guerre mondiale éclate.
Ce n’est qu’en janvier 1919 qu’un aviateur intrépide décide de braver l’interdiction faite par la préfecture de police de survoler Paris à basse altitude. Malgré la brume épaisse, Jules Védrines décolle d’Issy-les-Moulineaux aux alentours de midi, le 19 janvier. Quelques minutes plus tard, il parvient à poser son avion sur le toit des Galeries Lafayette, sous les yeux admiratifs de la presse qui observe la scène d’une terrasse voisine. Une prouesse technique dont l’Ina a gardé trace.
Au Bon Marché, « satisfait ou remboursé » !
Le Bon Marché est créé en 1838 par les frères Paul et Justin Videau qui y vendent des articles de mercerie, des draps et des matelas. Quelques années plus tard, en 1852, Aristide et Marguerite Boucicaut s'associent aux deux frères et agrandissent le magasin. Les Boucicaut regorgent d'idées pour faire décoller les ventes : les marges sont très faibles, les prix sont affichés sur les étiquettes, la vente peut se faire par correspondance, le choix des produits proposés est toujours plus vaste. Mais l'idée la plus novatrice reste celle du « satisfait ou remboursé », toujours en vogue aujourd'hui.
Cette révolution des pratiques commerciales assure le succès du Bon Marché. En 1863, le couple Boucicaut rachète les parts des Videau et deviennent seuls maîtres à bord. Ils décident d'agrandir le magasin dès 1869 (avec une interruption des travaux pendant le siège de Paris) puis de nouveau en 1872, en 1879 et en 1887.
Le chiffre d'affaires explose : de 450 000 francs en 1853, il passe à 70 millions de francs en 1877. La surface du magasin approche alors les 50 000 m² et près de 1 800 employés y travaillent.
Au bon soin des employés
Si Aristide et Marguerite ont indéniablement le sens des affaires, ils ont aussi intégré le rôle paternaliste qui échoit à tout dirigeant, du moins à cette époque. Ils mettent en place plusieurs mesures pour assurer de bonnes conditions de travail à leurs employés, toujours plus nombreux.
« Je désire donner à cette construction, toute spéciale, une organisation philanthropique qui me permette, en me rendant utile à mes semblables, de témoigner à la Providence toute ma reconnaissance… »
Les 1 788 employés bénéficient de diverses mesures sociales : le travail est interdit le dimanche, la cantine est gratuite, une assistance médicale est proposée et une caisse de prévoyance est créée. Côté loisirs, des concerts et spectacles ont lieu dans une salle du Bon Marché. Enfin, des cours du soir sont aussi proposés aux employés qui montrent des dispositions pour l'apprentissage.
Les créateurs de la Samaritaine ont leur musée à Paris
La Samaritaine est fondée en 1870 par Ernest Cognacq, un vendeur de nouveautés sur le Pont Neuf. Il commence par louer un petit café puis l'agrandit peu à peu. À ses débuts, le magasin mesure un peu moins de 50 m². Il en fait plusieurs centaines de mètres carrés en 1878 et s'étend sur plusieurs immeubles, jusqu'à mesurer plus de 48 000 m² dans les années 1930.
Ernest Cognacq se marie avec Marie-Louise Jaÿ en 1872, une ancienne vendeuse du Bon Marché. Le couple reste à la tête du magasin jusqu'à leur mort, dans les années 1920. Sans enfants, ils lèguent une partie de leurs collections d'œuvres d'art à la Ville de Paris pour en faire un musée qui porte leur nom.
Depuis, la Samaritaine est devenue propriété du groupe LVMH. De grands travaux ont été entrepris après la fermeture du magasin en 2005 pour raison de sécurité. La réouverture du grand magasin est prévue pour le 23 juin 2021.
Des campagnes publicitaires mémorables
Vidéo Youtube
Idéalement situé au centre de Paris, la Samaritaine devient un incontournable pour les habitants et les visiteurs. Les prix attractifs drainent une clientèle croissante. Des campagnes publicitaires viennent amplifier le phénomène et rendent célèbre le slogan de la Samaritaine « On trouve tout à la Samaritaine ». Kitch et décalées, elles se font d'autant plus remarquer qu'elles sont diffusées au cinéma au début de chaque séance.
Le Printemps invente les soldes… et brûle deux fois
Le Printemps (9e) s'éveille en 1865. Jules Jaluzot, son jeune fondateur, a travaillé au Bon Marché avant de se lancer dans l'aventure. Il mise sur l'évolution du quartier, alors en pleine mutation avec la construction de l'Opéra et de la gare Saint-Lazare, pour assurer le succès de ce nouveau grand magasin au nom évocateur :
Au Printemps, tout y est nouveau, frais et joli comme le titre : Au Printemps !
Le succès ne tarde pas à venir. Dès 1866, Jaluzot propose des articles un peu passés de mode à un prix réduit : les soldes viennent de naître. Cette innovation renforce encore l'attrait de la clientèle pour le grand magasin. En 1868, c'est au tour de la vente par correspondance d'aller conquérir de nouveaux clients, au-delà même des frontières françaises, en Asie et en Afrique.
À « la faveur » d’un premier incendie, l’apparition de la fée électricité
Le 9 mars 1881, l'évolution du Printemps est stoppée net. Gaz et chandelles, qui servent à éclairer le magasin, ne font pas bon ménage. Un ouvrier allume le feu par mégarde en manipulant un bec de gaz trop près d'un rideau de mousseline. Le drame est inévitable, le magasin part en fumée.
Il faudra deux ans pour reconstruire intégralement le magasin, dans une alliance de fer et de verre très moderne pour l'époque. Les travaux sont financés grâce à la vente d'actions qui permettent de rassembler les capitaux nécessaires. Et puisqu'il faut apprendre de ses erreurs, le Printemps se convertit à l'électricité tout juste découverte. Soit quelques années avant l'Hôtel de Ville qui ne le fit qu'en 1889.
Nouvel incendie et apparition des escalators
Le 28 septembre 1921, c'est cette fois un court-circuit qui provoque un incendie de grande ampleur. Le magasin est à nouveau détruit. Il faudra attendre 1924 pour que le Printemps rouvre, après s'être doté d'un système anti-incendie dernier cri.
Le grand magasin est reconstruit à l'identique par l'architecte Georges Wybo. Une nouvelle innovation voit toutefois le jour : des escaliers mécaniques, les escalators, permettent de gravir les étages sans effort.
Le BHV, Marcel Duchamp et les autres…
Le Grand Bazar est plutôt de taille modeste à ses débuts, en 1856. Situé au 54, rue de Rivoli, il propose des articles de bonneterie. Mais ses fondateurs, François-Xavier Ruel et son épouse Marie-Madeleine Poncerry voient les choses en grand. Petit à petit, ils rachètent les immeubles voisins et agrandissent leur magasin. En 1891, le Grand Bazar porte alors très bien son nom.
En 1912, de vastes travaux sont entrepris pour créer un seul et vaste magasin. L'architecte Auguste Roy est responsable des travaux. C'est lui qui imagine la rotonde et la structure du magasin telles qu'on les connaît aujourd'hui.
Progressivement, l'offre s'est diversifiée au Grand Bazar. Les articles de bricolage y acquièrent une place prépondérante. Mais outre les amateurs d'outils, une autre catégorie de professionnels s'intéressent au Bazar de l'Hôtel de Ville.
Marcel Duchamp acquiert un porte-bouteilles en fer galvanisé
Le créateur du célèbre ready-made « Fontaine » en 1917, Marcel Duchamp, n'en était pas à son coup d'essai lorsqu'il transforma un urinoir en œuvre d'art. Quelques années auparavant, il avait acquis un porte-bouteilles en fer galvanisé au Bazar de l'Hôtel de Ville, en 1914. Ce porte-bouteille, signé par l'artiste, est considéré comme son premier ready-made et représente un tournant majeur dans l'art contemporain.
Depuis, le BHV a continué de collaborer et d'inspirer de nombreux artistes qui achètent leurs matières premières dans le grand magasin.
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