Sept faits que vous ignoriez peut-être sur Louis Pasteur
Le saviez-vous ?
Mise à jour le 22/12/2022
Sommaire
Le 27 décembre 2022, on célèbre le bicentenaire de la naissance de Louis Pasteur, connu et reconnu pour sa découverte du vaccin contre la rage. Mais saviez-vous qu’il n’est pas tout à fait le père de la vaccination, que les producteurs de vin et de bière lui doivent beaucoup, ou encore qu’il aurait pu embrasser une toute autre carrière que celle de scientifique ?
Pasteur a inventé la « pasteurisation »… pour sauver le vin français
Nous sommes en
1865. À cette époque, le vin français s’exporte mal, malgré un accord de
libre-échange passé avec l’Angleterre cinq ans plus tôt. Il pâtit de plusieurs
maladies qui altèrent sa qualité : acétification (ou conversion en
vinaigre), pousse (vin tourné), graisse (consistance huileuse, filante), amer
(ou « goût de vieux »).
Napoléon III
demande alors à Louis Pasteur, déjà reconnu pour ces travaux sur la fermentation
dans le domaine de la bière et de l’alcool de betterave, de « sauver le
vin français ». Le chimiste met au point un processus permettant de
détruire les ferments responsables de ces maladies en chauffant le vin à 60 °C,
entre 20 et 30 minutes. La pasteurisation était née. Abandonnée pour le vin à
la fin du XIXe siècle avec l’apparition du phylloxéra, elle sera reprise quelques
années plus tard pour le lait.
À noter que
si Pasteur s’est dans un premier temps octroyé le mérite de cette découverte,
il finira par reconnaître qu’il s’est appuyé en grande partie sur les travaux
de Nicolas Appert et ceux de Alfred de Vergnette de Lamotte. Ces deux
chercheurs du début du siècle avaient déjà constaté que chauffer le vin (et
d’autres aliments et breuvages) permettait de garantir sa conservation et son
goût.
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Patriote, il a créé des bières au goût de revanche après la défaite de 1870
Louis
Pasteur était un patriote, proche du pouvoir et de Napoléon III. Le traumatisme
de la défaite de 1870 face aux Allemands va exacerber ce patriotisme : le
chercheur a soif de revanche et se met en tête de créer une bière meilleure que
celle de l’ennemi outre-Rhin, déjà reconnu maître en la matière. En s’appuyant
sur ses précédentes recherches, il découvre que les levains de bière sont
contaminés par des bactéries provenant de l’air ambiant. Le chimiste applique
alors le même procédé que pour le vin, mais dans un « environnement
contrôlé » : une fois la bière en bouteille, elle est chauffée 20 minutes à 65 °C, ce qui permet d’éliminer 90 % des micro-organismes.
Un procédé
qui se perfectionnera avec le temps, et qui sera repris par les grands groupes
industriels du secteur… mais pas par les brasseurs artisanaux ! Une bière
industrielle aura ainsi toujours le même goût au fil du temps, quel que soit le
pays dans lequel vous la buvez. Ce qui n’est pas le cas des artisanales, dont
le goût évolue puisque les levains, épargnés par la pasteurisation, continuent
de « vivre ». Aux États-Unis, par exemple, impossible de boire une
bière artisanale d’exportation, seules les bières pasteurisées peuvent entrer
dans le pays.
Il est le père du premier vaccin… mais pas de la « vaccination »
Le 6 juillet
1885 fait date dans l’histoire de la médecine : c’est ce jour-là que
Pasteur inocule le tout premier vaccin à un jeune garçon de 9 ans, Joseph
Meister, mordu 14 fois par un chien enragé. Meister ne contracta jamais la rage
et mourut à l’âge de 64 ans. Pour parvenir à un tel résultat, Pasteur avait travaillé
auparavant sur des animaux d’élevage et permis d’enrayer le choléra des poules
et la maladie du charbon, qui décimait les troupeaux de bovins et d’ovins.
Mais si l’on
peut attribuer la paternité du « vaccin » à Louis Pasteur, c’est à un
scientifique et médecin anglais, Edward Jenner (1749-1823), que l’on doit le
principe de la vaccination. Tout part d’une surprenante constatation : en 1796,
Jenner remarque que les fermières d’un village ne contractent pas la variole,
pourtant très répandue à l’époque.
En revanche,
toutes sont atteintes de la vaccine, maladie transmise par les vaches, proche
du virus de la variole, mais bénigne pour l’homme. Le médecin prélève alors un
échantillon de la vaccine sur l’une des fermières qu’il inocule à un jeune
garçon du village voisin, avant de l’infecter avec des pustules varioliques.
Une « variolisation » qui fait ses preuves : le garçon est immunisé, et Jenner
devient le « père de l’immunologie ». Pasteur s’inspirera très
largement des travaux de Jenner pour mettre au point son vaccin antirabique.
Louis Pasteur était aussi un artiste
Scientifique,
chimiste, physicien, pionnier de la microbiologie… Pasteur était tout cela à la
fois, mais, on le sait moins, il était aussi artiste ! Dès l’enfance,
le jeune Louis va manifester un talent certain pour le dessin, qu’il tient
probablement de son père, lui-même peintre averti. Il s’intéressa notamment à
la lithographie et au pastel au collège d’Arbois, dans son Jura natal, où il
aura pour mentor Étienne-Charles Pointurier, lithographe jouissant d’une
certaine réputation à l’époque. Celui-ci le surnommera même « mon petit
Michel-Ange ». Il produira ainsi une quarantaine de portraits durant ces
quelques années artistiques, avant d’embrasser la carrière qu’on lui connaît.
Son tout
premier portrait, un pastel de sa mère réalisé à l’âge de 13 ans, témoigne d’un
sens aigu de l’observation, du détail, de la précision… Autant de qualités
propres à celles d’un scientifique, qui forgeront son destin. D’ailleurs,
preuve que les deux carrières ne sont pas si antinomiques, il sera nommé en
1863 à la nouvelle chaire de géologie, physique et chimie appliquées aux
beaux-arts de l’École des Beaux-Arts de Paris.
Plusieurs de
ses œuvres sont exposées au musée Pasteur, dans le 15e, actuellement
fermé pour travaux.
L'Institut Pasteur, pourvoyeur de prix Nobel
Fondé en 1888, soit trois ans après la découverte du vaccin contre la rage par Louis Pasteur, l'Institut Pasteur est une fondation privée à but non lucratif qui se consacre à l'étude de la biologie, des micro-organismes, des maladies et des vaccins. Organisation internationale de recherche, elle a été la première à isoler le VIH en 1983. Elle compte dans ses effectifs dix prix Nobel de physiologie ou de médecine depuis 1908.
La diphtérie, le tétanos, la tuberculose, la poliomyélite, la grippe, la fièvre jaune, la peste épidémique ou encore l'hépatite B font partie des maladies virulentes que ses chercheurs ont permis de contrôler. Depuis le 1er juillet 2021, l’Institut Pasteur est un « organisme de recherche partenaire » d’Université de Paris-Cité.
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La diphtérie, le tétanos, la tuberculose, la poliomyélite, la grippe, la fièvre jaune, la peste épidémique ou encore l'hépatite B font partie des maladies virulentes que ses chercheurs ont permis de contrôler. Depuis le 1er juillet 2021, l’Institut Pasteur est un « organisme de recherche partenaire » d’Université de Paris-Cité.
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Mort de trois enfants, hémiplégique… il a vécu plusieurs drames dans sa vie
Certes, la
mortalité infantile de l’époque était bien plus élevée qu’aujourd’hui. Au début
du XIXe siècle, près de 3 enfants sur 10 n’atteignaient pas l’âge de 5 ans,
victimes de maladies infectieuses comme la variole. L’apparition des vaccins
(et une meilleure hygiène de la population) sauvera de nombreuses vies, mais
pas de toutes les maladies. Pasteur a ainsi perdu trois de ses enfants. La
première, Jeanne, est emportée par la typhoïde à l’âge de 9 ans, en
1859. Ironie du sort, ce n’est qu’en 1899 que le premier vaccin contre la
typhoïde sera créé par un chercheur… de l’Institut Pasteur, fondé quelques
années plus tôt, en 1888.
En 1868,
Pasteur est âgé de 46 ans et porte le deuil de ses dernières filles, mortes en
1865 (Camille, à l’âge de 2 ans) et en 1866 (Cécile, morte également de la typhoïde à l’âge de 12 ans). Il
étudie les maladies des vers à soie, à la demande de Napoléon III, près d’Alès
dans le Gard, quand il est foudroyé par une attaque cérébrale qui le rend
hémiplégique du côté gauche. Il en gardera des séquelles jusqu’à la fin de sa
vie.
Marie Pasteur, sa femme, a refusé qu’on l’inhume au Panthéon… mais son corps repose bien à Paris
Louis
Pasteur décède le 28 septembre 1895 à Marne-la-Coquette (Hauts-de-Seine), à
l’âge de 72 ans. Il laisse derrière lui un héritage immense, aussi bien dans le
domaine de la médecine que de l’agriculture, et plus largement des sciences. Dès
l’annonce de sa mort, le gouvernement français décide de lui organiser des
funérailles nationales, qui se déroulent en la cathédrale Notre-Dame de Paris le
5 octobre.
S’il fut un
temps question d’inhumer son corps au Panthéon, à l’image d’autres personnalités
françaises d’exception, sa femme Marie déclina la proposition, préférant
transférer son corps dans une crypte du musée Pasteur, situé dans l’enceinte
même de l’Institut, rue du Dr Roux (15e), où son appartement privé
est toujours conservé.
Une chapelle
funéraire est ainsi construite par Charles-Louis Girault, à qui l’on doit
notamment la construction quelques mois plus tard du palais des Beaux-Arts,
aujourd’hui nommé Petit-Palais. L’architecte s’inspire pour ses plans de la
chapelle de Ravenne (Italie), plus connu sous le nom de Mausolée de Galla
Placidia. De style byzantin, elle s’organise sur 20 mètres de long et 4,50 mètres de large. Comme à Ravenne, les murs sont lambrissés de marbres rares, et
la décoration symbolise les grandes étapes des découvertes de Pasteur. Le mosaïste Auguste Guilbert-Martin et le peintre Luc-Olivier Merson ont réalisé les décorations.
Au pied de
l’autel, une dalle de marbre blanc indique le lieu où repose sa femme, décédée
en 1910. On peut y lire ces mots gravés en latin : Socia rei humanae atque
divinae (« compagne de la vie humaine et des choses divines »). Marie Pasteur fut en effet toute sa vie son assistante et collaboratrice, d'une aide et d'une importance capitale dans la réalisation de ses travaux, de l'aveu même des étudiants et collègues du scientifique.
Des pièces à son effigie à la Monnaie de Paris
Pour
célébrer le 200e anniversaire de la naissance de Louis Pasteur, le
27 décembre 1822, la Monnaie de Paris a souhaité lui rendre hommage avec une
collection de monnaies de 10 euros. Sur la face de cette pièce en argent, le
portrait de profil du scientifique, accompagné d’un microscope et d’une lame
porte-objet.
On y voit
aussi des micro-organismes, qui font référence à la pasteurisation, première de
ses découvertes scientifiques qui marqueront l’histoire. Y figurent également
des cristaux, qui symbolisent ses premiers travaux sur la cristallographie et
qui ouvriront la voie à de nombreuses autres découvertes dans plusieurs
domaines.
Si vous
souhaitez acquérir une pièce frappée à son effigie, rendez-vous sur le site de
la Monnaie de Paris ! Pour chaque pièce vendue, 1 euro est reversé à l’Institut
Pasteur pour soutenir la recherche.
Fermeture du musée Pasteur
En raison de
travaux importants de restauration et de réaménagement du bâtiment historique
de l’Institut Pasteur, le musée Pasteur est actuellement fermé. Plus d’infos
sur le musée
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