À la découverte de ces Brésiliens auxquels Paris rend hommage

Le saviez-vous ?

Mise à jour le 03/01/2025

La nacelle du "Jaune", premier dirigeable d'Alberto Santos-Dumont
Alors que débute la Saison France-Brésil 2025 et que l’on célèbre le bicentenaire des relations diplomatiques entre les deux pays, une promenade attentive dans les rues de Paris révèle les traces visibles d’une amitié historique : noms de rues dédiés à des villes brésiliennes, plaques commémoratives qui rappellent des personnages illustres, bustes à leur effigie…
Saison France-Brésil 2025
Depuis 1985, les « Saisons » mises en œuvre par l’Institut français ont fait dialoguer la France avec plus de 100 pays. Ce programme a vocation à faire découvrir à un large public la diversité culturelle d’un pays invité, et à diffuser à l’étranger une image renouvelée et créative de la France.

Cette Saison France-Brésil s’articule autour de trois thématiques : le climat et la transition écologique, la diversité des sociétés et le dialogue avec l’Afrique, la démocratie et la mondialisation équitable, qui serviront de fil rouge à l’élaboration d’une programmation commune.

Je vais à Rio !

Au carrefour des avenues de Wagram et de Villiers, la place du Brésil (17e) porte son nom depuis 1925. Ce geste vise à « exprimer l’affectueuse reconnaissance de l’attitude du Brésil au cours de la Grande Guerre ».
En 1948, l’ambassadeur du Brésil en France informe le Conseil de Paris que la plus belle place de Rio de Janeiro est Praça Paris (la place de Paris). S’il ne demande pas « la réciprocité », il propose que l’on donne le nom de Cidade Maravilhosa (ville merveilleuse) à un beau carrefour dans le 8e arrondissement, à l’intersection formée par les rues de Monceau et de Lisbonne et les avenues Ruysdaël et de Messine. La proposition est approuvée par acclamation et la place de Rio-de-Janeiro est inaugurée en 1949.

De merveilleux fous volants

  • Alberto Santos-Dumont
Paris célèbre les exploits aériens de ce pionnier de l’aviation : une rue et une villa portent son nom dans le 15e arrondissement. Un monument lui est dédié au parc de Bagatelle (16e), tout comme une plaque au 114, avenue des Champs-Élysées (8e).
D’abord fasciné par la mécanique, Santos-Dumont (1873-1932) achète une Peugeot lors de son premier voyage à Paris, à l’âge 18 ans, pour la ramener au Brésil et devenir le premier à conduire une automobile en Amérique du Sud ! Il revient s’installer dans la capitale française où, pendant vingt ans, il va concevoir des dirigeables et réaliser des croisières ariennes.
En 1901, son ballon no 5 contourne pour la première fois la tour Eiffel (7e) ! Dès 1903, il se sert de son minidirigeable comme d’une voiture aérienne pour se balader dans Paris. Le « petit Santos » devient le Brésilien le plus célèbre au monde. Au terme de sa carrière, en 1910, il aura inventé vingt aéronefs.
  • Augusto Severo
Le 12 mai 1902, le dirigeable Pax sort de son hangar de Vaugirard pour réaliser son premier vol. À son bord, Augusto Severo de Albuquerque Maranhão (1864-1902), son inventeur, constructeur et pilote. Deux drapeaux sont fixés au dirigeable – l’un est aux couleurs brésiliennes, l’autre est à celles de la France et porte l’inscription « Le Brésil salue la France ». Mais Pax atteint trop rapidement la hauteur de 500 mètres, une détonation se fait entendre et le ballon, en flammes, s’abîme sur l’avenue du Maine (14e).
Six ans après la mort de l’aéronaute, la Ville nomme la rue Severo (14e), située à proximité du lieu de la catastrophe. La façade du 81, avenue du Maine porte aussi une plaque commémorative en hommage à Severo et à son mécanicien.

Des personnalités contemporaines

  • Pelé
Si un lieu parisien devait porter son nom, c’est bien un équipement sportif ! Edson Arantes do Nascimento, dit « Pelé », est considéré comme l’un des meilleurs footballeurs de tous les temps. Il a marqué 1 301 buts dans toute sa carrière, durant les 1 390 matchs qu’il a disputés.
La Fédération internationale de football (Fifa) lui a attribué le titre de « joueur de football du XXe siècle ». Après sa carrière sportive, il s’est consacré à des causes caritatives et fut même ministre des Sports de son pays.
Pelé s’est éteint le 29 décembre 2022 (à 82 ans) à São Paulo. L’ancien stade Boutroux porte le nom de stade Pelé (13e) depuis mars 2023.
  • Oscar Niemeyer
Construit entre 1968 et 1971, le siège du Parti communiste français (PCF), situé place du Colonel-Fabien (19e), est l’œuvre de l’architecte brésilien Oscar Niemeyer (1907-2012). Il porte le nom d’Espace Niemeyer.
Surtout connu pour la construction de la ville de Brasilia, Niemeyer, membre du Parti communiste brésilien, s’est exilé en Europe dans les années 1960 à l’arrivée de la dictature militaire au Brésil. Il installe ses bureaux au 90, avenue des Champs-Élysées (8e), d’où il chapeaute de nombreux projets et commandes internationaux.
  • Marielle Franco
En 2018, l’assassinat en pleine rue, à Rio, de cette conseillère municipale, choque le monde entier. Marielle Franco dénonçait les violences policières et défendait les droits des habitants des favelas, des femmes et des minorités sexuelles.
Contre l’impunité et l’oubli, la commission des dénominations de Paris décide que « le Balcon vert », ce grand jardin arboré au-dessus des voies de la gare de l’Est, rue d’Alsace (10e), s’appelle désormais le jardin Marielle-Franco (10e).

Des plaques mémorielles

  • Luiz Martins de Souza Dantas au 45, avenue Montaigne (8e). Né à Rio en 1876 et mort à Paris en 1954, ce diplomate a reçu le titre de Juste parmi les nations pour son action en faveur de centaines de réfugiés juifs fuyant les persécutions nazies.
  • Le compositeur brésilien Heitor Villa-Lobos (1887-1959) au 11-13, place Saint-Michel (6e), où il vécut de 1923 à 1930, et rue de l’Arcade (8e), sur la façade de l’hôtel dans lequel il a séjourné entre 1952 et 1959. Écoutez Bachianas brasilieras n°5, de Villa-Lobos.
  • L’empereur Pierre II (1825-1891). Surnommé le Magnanime, il est le second et dernier dirigeant de l’empire du Brésil. En exil à Paris à partir de 1889, il demeure à l’hôtel Bedford, au 17, rue de l’Arcade (8e), où il reçoit de nombreux artistes, compositeurs, peintres et écrivains.
  • Le peintre Cícero Dias (1907-2003) au 123, rue de Longchamp (16e), où il vécut et travailla plus de trente ans. Maître de l’abstraction géométrique, il était un ami de Picasso et a également exercé la fonction de bibliothécaire à l’ambassade du Brésil à Paris. Proche de Paul Eluard, c’est grâce à lui que Liberté, son poème dédié à la Résistance et que Dias a pu sortir clandestinement, est parachuté par les avions de la Royal Air Force pour maintenir l’espoir de la victoire en 1942. Il est enterré au cimetière du Montparnasse (14e) aux côtés de sa femme.
  • La mémoire de la cantatrice Elsie Houston sera prochainement honorée au 8, rue Papillon (9e). Votée lors du Conseil de Paris du mois de juillet 2024, la plaque portera cette phrase : « Ici vécut Elsie Houston, 1902-1943, artiste lyrique brésilienne, auteure de livres sur la musique populaire du Brésil proche du mouvement surréaliste. »
  • Dans le jardin de l’hôpital Vaugirard (15e), une plaque commémorative a été apposée, dont l’épitaphe est : « Ici s’élevait l’hôpital franco-brésilien des blessés de guerre, créé et entretenu par la colonie brésilienne de Paris comme contribution à la cause alliée 1914-1918. »
Enfin on trouve au cimetière du Père-Lachaise (20e) des tombeaux, la plupart datant du XIXe siècle, à l’époque où le Brésil était encore une monarchie : maréchaux, commandeurs ou encore la princesse impériale du Brésil Janvière de Bragance (1822-1901).

À lire

Les Brésiliens à Paris, au fil des siècles et des arrondissements, d’Adriana Brandão (éd. Chandeigne, 2019)
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