Deux joailliers au cœur des prix Savoir-faire en transmission 2024

Rencontre

Mise à jour le 23/10/2024

deux artisans d'art dans un atelier
Karl Mazlo, artisan et créateur spécialisé en joaillerie, accueille en apprentissage Virgile Bruniau, lauréat des prix Savoir-faire en transmission 2024, créé par le Bureau du Design, de la Mode et des Métiers d’Art. Nous les avons rencontrés dans l’atelier de Karl, au cœur de la cité artisanale du 10e arrondissement, la Villa du Lavoir.
« Pour Virgile, je dirais que c’est plus "un apprentissage de perfectionnement », car il a déjà une expérience », précise d’emblée Karl Mazlo, que l’on trouve en plein travail avec le jeune artisan. Tous deux penchés sur l’établi, ils dessinent le croquis d’une future bague imaginée par Karl. « Ce qui est intéressant, c’est l’échange que l’on a. Karl est très à l’écoute et prend en compte mon regard », se réjouit Virgile.

Bousculer les codes de la joaillerie

Pour Karl et Virgile, l’histoire a commencé par une rencontre. Elle s’est poursuivie par une connivence artistique qui leur a donné envie de partager autour d’un savoir-faire. « Quand je voyageais au Pérou, où je m’imprégnais des différentes techniques de tissage pour mon projet de création de bijoux, je suis tombé sur un ami de Karl dont j’admirais le travail. Il nous a mis en relation et ça a matché tout de suite », raconte Virgile.
De son côté, Karl a été intéressé par la démarche de Virgile de s’ouvrir à d’autres cultures et à des savoir-faire traditionnels, des choses réalisées à la main qui ne sont pas reproductibles avec des machines. « Il a à cœur de pérenniser des techniques qui se perdent et cela a fait écho à mes propres recherches. »
En 2016, alors lauréat de l’Institut français, Karl était en résidence à la Villa Kujoyama, à Kyoto (Japon). Une expérience qui a marqué un tournant dans ses créations et l’a poussé à prendre du recul sur sa pratique. Rentré à Paris avec l’envie de bousculer les codes de la joaillerie, il remplace les pierres précieuses par des matières inédites et naturelles, comme la brique ou l’acier damassé, et il développe de nouvelles textures en empruntant des techniques à différents métiers d’art, telles la ciselure et la gravure.

« Il y a une vraie connexion entre nous »

« En rencontrant Virgile, j’ai senti que cela allait être simple de travailler ensemble, reprend Karl. J’avais entendu parler du prix Savoir-faire en transmission par les Ateliers de Paris et je connaissais William Amor, un artisan qui y avait participé. Alors, on a postulé et l’aventure a commencé. »
Karl, habitué à créer seul, apprécie d’avoir quelqu’un qui l’épaule et avec qui il partage des idées. « Il m’apprend aussi à déléguer ou à formaliser mes travaux, et être moins dans une démarche instinctive. » De son côté, Virgile découvre les différentes techniques de Karl, et se perfectionne également sur le fonctionnement d’une entreprise : comment communiquer ou participer à des salons pour se faire connaître.
« Pour résumer, il y a une vraie connexion entre nous : parfois, je commence une phrase et il la finit à ma place, s’amuse Karl. Ou alors, il fait quelque chose qui m’inspire autre chose. » « Et on a cette même volonté d’hybrider des techniques et des cultures », conclut Virgile.

Les prix Savoir-faire en transmission : et si c’était pour vous ?

Connectés et complémentaires, c’est bien le cocktail gagnant pour candidater aux prix Savoir-faire en transmission.
Décernés chaque année par la Ville de Paris, ces prix permettent à des étudiants, diplômés ou non, et à des adultes en reconversion de parfaire leur formation dans les métiers d’art, en suivant un stage dans l’atelier d’un artisan d’art, à temps complet, pendant un an. Ils sont dotés de 10 000 euros par lauréat.
Chaque candidat doit au préalable s’entendre avec une ou un artisan d’art, reconnu pour son expérience et dont l’atelier est installé à Paris ou en petite couronne. Il doit pouvoir y acquérir la connaissance du métier auquel il se destine, sans oublier les réalités de la vie d’une entreprise.
Les dossiers de candidature sont examinés conjointement par le Bureau du design, de la mode et des métiers d’art, l’Institut pour les savoir-faire français, la chambre de métiers et de l’artisanat de Paris et des mécènes. L’appel à candidatures est en cours.