Henri Cernuschi, voyageur et philanthrope

Le saviez-vous ?

Mise à jour le 03/03/2020

Henri Cernuschi by Waléry - 1876
Qui était donc Henri Cernuschi, ce riche Italien installé à Paris et qui donnera son nom au musée Cernuschi, dédié aux arts asiatiques ?
Enrico Cernuschi (un doute sur la prononciation ? Par ici !) est né en 1821 à Milan dans une famille aisée. Dans une Europe mouvementée depuis la Révolution française de 1789, les esprits s’échauffent et les idées républicaines gagnent du terrain. En 1848, le Printemps des peuples touche plusieurs pays européens, dont l’Italie. Cernuschi prend part au mouvement insurrectionnel dans sa ville natale dont il devient rapidement l’un des meneurs. Député de la brève République romaine de 1849 (du 9 février au 4 juillet 1849), il préfère partir pour la France après avoir séjourné quelques temps dans les prisons pontificales.

Enrico Cernuschi, un républicain convaincu

Arrivé à Paris, ses idéaux républicains ne faiblissent pas. Anti-bonapartiste, il s’engage en faveur de la république, ce qui n’est pas du goût de l’empereur Napoléon III. Après s’être exilé temporairement en Suisse, Cernuschi revient à Paris et assiste aux dernières heures du Second Empire (1852 - 1870), suivies des débuts mouvementés de la IIIe République.
Homme instruit après des études de droit, Cernuschi s'y entend aussi en économie et en finance. Il travaille quelque temps au Crédit Mobilier, puis dans le commerce de la viande, et investit dans diverses bourses. Il s’enrichit progressivement et achète en 1870 des parts d’un journal, le Siècle, après que celui-ci soit devenu républicain. Il y rencontre Gustave Chaudey, rédacteur en chef du journal et homme politique et Théodore Duret, journaliste et collectionneur d’œuvres d'art.
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Quand Enrico devient Henri

En 1871, il est naturalisé français par Emmanuel Arago, ministre de la justice du gouvernement de la Défense nationale, en récompense de sa participation à la défense de Paris. Il francise alors son prénom et devient Henri Cernuschi, devenant ainsi citoyen du pays qu'il appelle sa «patrie républicaine».
Au même moment, la ville de Paris connait d'importants troubles qui touchent de près Cernuschi. Son ami Chaudey, adjoint du maire Jules Ferry, est accusé d'avoir fait tirer sur la foule depuis l'Hôtel de Ville, en janvier 1871. Ce dernier meurt fusillé quelques mois plus tard, sans que sa culpabilité n'ait effectivement été démontrée.
Exécution de Gustave Chaudet, mai 1871
Choqué par la mort de son ami, et menacé d’exécution à son tour, Henri Cernuschi décide de prendre le large en compagnie de son ami Théodore Duret. Les deux compères quittent la France en 1871. Ils traversent d’abord l’océan Atlantique jusqu’aux États-Unis puis rejoignent le Japon à bord du Great-Republic, comme le rapporte Théodore Duret dans le récit de leur épopée.

À la recherche du voyage authentique

De septembre 1871 à janvier 1873, Cernuschi et Duret parcourent le Japon, la Chine, la Mongolie, Java, Ceylan (le Sri Lanka actuel) et l'Inde. Cernuschi n'a pas laissé de récit de voyage, contrairement à Duret, qui fit d'abord paraître ses chroniques de voyage dans le Siècle sous forme de feuilleton puis publier dans un recueil en 1874.
Outre la volonté de fuir une ville où ils sont en danger, les deux amis veulent aussi découvrir une Asie qu'ils espèrent authentique et méconnue des touristes. Ils essaient de s'éloigner des sentiers battus par les explorateurs européens qui les ont précédés.
Cernuschi et Duret séjournent d'abord au Japon, pendant deux mois, avant de se diriger vers la Chine, en février 1872. Après une incursion dans la Mongolie intérieure, ils partent pour l'Indonésie où ils restent entre juin et août 1872. Ils visitent notamment Batavia, le plateau de Dieng et Borobadur. Leur épopée se termine en Inde où ils découvrent notamment Madurai, Calcutta et le Rajstan, avant de reprendre un bateau vers l'Europe.

Quand Paris rencontre l'Asie

De retour en France, Cernuschi expose ses œuvres au Palais de l'Industrie et des Beaux-Arts (édifice qui fût ensuite remplacé par le Petit Palais et le Grand Palais). C'est le début du japonisme en Europe, des foules de curieuses et de curieux se pressent pour admirer les quelque 5000 pièces rapportées par bateaux depuis l'Asie orientale.
En libéral convaincu, Cernuschi veut rendre sa collection accessible à chacun·e. Des illustrateurs et auteurs, tels Louis Gonse et Maurice Paléologue, s'inspirent des objets rapportés par les deux collectionneurs pour créer des journaux illustrés. Ces derniers circuleront ensuite en France, favorisant la diffusion et la connaissance des arts asiatiques dans le reste du pays, comme en témoigne Albert Jacquemart dans l'ouvrage L'Extrême Orient au Palais de l'Industrie - La céramique: « Aussi il s'est trouvé que parmi ces objets rapportés sans prétention aucune beaucoup vont devenir pour nos céramistes un curieux et productif enseignement …».
Dans le même temps germe l'idée d'un musée pour accueillir l'immense collection. Henri Cernuschi acquière la dernière parcelle de terrain constructible de l'avenue Vélasquez (8e) qui borde le parc Monceau. Il y fait construire la villa où il habite, entouré de ses œuvres d'art, et où il donne de somptueuses réceptions dont raffolait le Tout-Paris de la fin du XIXe siècle.
En 1896, le collectionneur franco-italien se trouve à Menton, proche de la frontière italienne. Avant de mourir, il lègue sa villa et l'ensemble de ses œuvres d'art à la ville de Paris, à la condition qu'un musée porte son nom. Son corps repose depuis au cimetière du Père-Lachaise, au même endroit que nombre de ses compatriotes.

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Musée Cernuschi - musée des arts de l'Asie de la Ville de Paris
7 avenue Velasquez
75008 Paris
Complément d'adresse A pied : L’entrée de l’avenue Vélasquez se situe au niveau du 111-113, boulevard Malesherbes. On peut accéder aussi au musée par le parc Monceau (allée centrale) En voiture : à 3 minutes de la place Saint Augustin à 10 minutes de la place Clichy ou de la
Métro
Monceau, ligne 2
Velib
Station 8037, 75 rue de monceau Station 17018, 4 rue de thann Station 17048, 12 rue de tocqueville