Jean-Claude Gautrand ou la mémoire des pavillons Baltard
Focus
Mise à jour le 08/06/2016
Sommaire
En 1971, les pavillons Baltard des Halles cèdent à la destruction et c'est toute une page de l'histoire parisienne qui se tourne. Pour immortaliser ce moment, un témoin, amoureux du quartier et immense photographe, Jean-Claude Gautrand parcourt le chantier et fixe pour l'éternité ce qu'il appellera « l'assassinat de Baltard ». Interview en vidéo de cet artiste au regard perçant.
Jean-Claude Gautrand est né en 1932. Il est une figure de la photographie française. Il est aussi journaliste et historien de la photographie. En 1963, il fonde le groupe Gamma puis le groupe "Libre Expression" afin de promouvoir une photographie moderne et avant-gardiste.
En 1971, il vit dans le quartier des Halles et c'est avec désarroi qu'il apprend la future destruction des magnifiques pavillons du cœur de Paris. Comme il le racontera lors d'un entretien : « J’ai aussitôt songé à sauver ce que l’on pouvait sauver, c’est à dire la mémoire du lieu ».
Ainsi, de début août jusqu’à fin octobre 1971, tous les jours, il arpente les palissades et pénètre en cachette dans le chantier. Il monte même sur certaines habitations et photographie sans relâche.
Nous l'avons rencontré. Il faut l'écouter raconter ce moment clé de son histoire pour comprendre toute l'émotion de son geste photographique face à l'assassinat de cette « cathédrale de lumière ».
La collection de photographies conservée au Musée Carnavalet
Les vues en noir et blanc traduisent avec une réelle poésie picturale l'effondrement des pavillons, à coup de bulldozers et d'une dizaine d'ouvriers. Entre métal et poussière, les rayons de lumière semblent faire danser les structures métalliques dans un ultime bal. Les clichés sont autant d'images de mémoire, d'une magnifique qualité artistique où les contrastes sont poussés jusqu’au graphisme.
Ce magnifique patrimoine photographique est à présent propriété du Musée Carnavalet qui en a fait directement l'acquisition auprès du photographe, avec aussi les séries Gazoville (les gazomètres de la rue de l’Evangile) et Métalopolis (la construction du périphérique).
Le musée a souhaité disposer de prises de vue d'une période peu représentée dans ses collections, toutes disciplines confondues. Par ailleurs, malgré leur célébrité, les photographies de la destruction des Halles sont peu présentes dans les autres collections nationales ou municipales ou alors seulement en petit format. Elles constituent une véritable richesse pour le musée dont on espère qu'il pourra bientôt les proposer au public lors d'une exposition.
Votre avis nous intéresse !
Ces informations vous ont-elles été utiles ?
Attention : nous ne pouvons pas vous répondre par ce biais (n'incluez pas d'information personnelle).