Le Danube Palace Café réinvente le café parisien

L’odeur du bon café, c’est ce qui saisit d’emblée en poussant la porte du Danube Palace Café (19e). Et puis l’accueil souriant de son patron, Mohamed Labarre-Imazatène. C’est un lieu en devenir, empli de belles promesses d’activités et d’animations. L’ambition de Mohamed est de faire de son lieu "le renouveau du café parisien". « J’ai envie de redonner au café sa fonction de lieu de vie, c’est-à-dire un lieu de convivialité, de partage, de discussion et aussi un lieu où l'on peut faire des choses ensemble en partageant autour de l’art et de la culture. Et de voyager aussi, grâce à la dégustation de café des quatre coins du monde."

Pour le bon café, Mohamed travaille avec l'entreprise PFAFF qui existe depuis 1930, de père en fils et a été élu meilleur torréfacteur de France en 2017. « C’est un torréfacteur qui se rend dans les pays et achète directement aux producteurs. Il torréfie le café à Triel sur Seine. Pour nous, c’était important de proposer un bon café à un prix abordable : on le vend à 1 euro. Nous proposons aussi des thés et infusions et bientôt des jus de fruits mais attention pas de ceux que l’on trouve partout. On aura, par exemple, du jus de Baobab… »

Côté animations, c’est le palais des mille et une propositions. Des vinyles à écouter, des livres à découvrir, un accès au numérique avec des tablettes en libre-service, un espace de co-working (gratuit) et bientôt un coin détente avec un fauteuil massant : c’est la toile de fond du lieu.

Mais, tous les vendredis, en entrée libre, il y aura des animations : concerts découvertes d’instruments de musique atypiques via des partenariats avec des établissements publics dont un contact certain avec La Philharmonie de Paris et des associations artistiques du 19e, des chanteurs et des chanteuses, des stand up d'humour de magie et des projections d’un film choisi par le public.

Sur la partition est aussi inscrit un atelier de cuisine, un samedi matin par mois : un habitant vient faire découvrir une recette et la compose avec des personnes qui se sont au préalable, inscrites. Après quoi tout le monde déguste ensemble. « Pour les ingrédients, on ira récupérer les invendus sur le marché de la place des Fêtes et dans des magasins de grandes enseignes alimentaires. » raconte Mohamed, en nous montrant la magnifique cuisine du lieu.

Afin de bénéficier d'autres sources de revenus (l'association bénéficient actuellement de subventions publiques et privées) il y aura aussi, au sous-sol, un Fablab avec imprimante 3D, un studio photo ainsi qu’un laboratoire photo argentique que l’on pourra louer. Le tout dans une atmosphère que Mohamed souhaite totalement végétale.

Son projet, Mohamed l’avait dans la tête depuis des années. Habitant du quartier depuis toujours, il se souvient, en souriant, qu'en allant à l’école un peu plus bas, rue Manin, il est passé des centaines de fois devant ce local où était installé un plombier. « Trouver ici cela a été providentiel, un jour un habitant du quartier m’a dit le plombier s’en va ! On a couru chez Paris Habitat qui gère l’immeuble, dire qu’on était intéressé pour reprendre. On a appris en parallèle qu’il y avait un projet dans le cadre du Budget participatif de « Rénovation des locaux en pied d’immeubles » On a demandé à ce que ce local puisse en bénéficier et on a obtenu 80 000 euros qui ont été versés à Paris habitat pour qu’il puisse faire tous les travaux. Et voilà, aujourd’hui, on est locataire et on bénéficie d’un prix associatif."

C'est un beau retour des choses pour celui qui, plus jeune, était bénévole au Centre social et culturel Danube et voulait déjà apporter de l'animation dans le coin. « Parce que le soir, il n’y a rien ici : c’est un quartier un peu enclavé. Nous, on avait l’idée de faire un ciné-club car le cinéma c’est fédérateur. Et cela permettait à ceux qui ne peuvent pas sortir dans le centre de paris ou aux seniors de sortir au bas de chez eux. On a lancé plusieurs soirées qui ont eu un bon succès mais le centre social n’a pas pu suivre car il fallait financer les droits de diffusion."

C’est alors qu’il décide de créer l’association « Le Danube Palace » en 2007, et propose des projections-débats de films dans les centres sociaux. Et en fidèle de son quartier, son association porte le nom du Danube Palace, un ancien cinéma qui existait sur la place Danube. « Il avait ouvert en 1936 et comptait 1600 places. Il a fermé dans les années 70 pour laisser place à la construction d’immeubles. Du coup, on a voulu lui rendre hommage comme notre cœur d’actions, au départ, était la projection de films. »

En 2012, l’association reçoit le Trophée de l’Economie Sociale et Solidaire de la Ville de Paris, pour son projet "Bouillon d’cultures" qu’elle a développé entre temps et qui vise l’insertion des femmes en situation de monoparentalité et en recherche d’emploi.

Avec ce prix, l’association s’installe dans un petit local au 4 rue de la Solidarité mais n’ayant pas de cuisine, elle met en place des cours d’informatique pour les seniors, des aides à la création de CV avec un accompagnement vers l’emploi et propose aussi des cours de tricot intergénérationnels « le gang des pelotes » animés par une bénévole qui travaille chez Modes et Travaux.

Avec ce nouveau lieu, quelques mètres plus loin et quatre fois plus grand et doté de la cuisine tant espérée, Mohamed et Carole Légitimus qui a rejoint l’association depuis, vont pouvoir installer leur projet d’insertion par la cuisine. « On va proposer aux femmes de venir nous faire des recettes et après on les orientera vers l’école « Cuisine mode d’emploi » de Thierry Marx, chef étoilé. On a un partenariat avec Pôle Emploi qui les oriente vers nous. Elles vont nous faire quelques plats et on les aidera à entrer dans l’école, si elles le souhaitent. »

Aujourd’hui, Mohamed est un homme heureux : « Le projet a pris beaucoup de temps. Mais on y est et on va tout faire pour mettre en place toutes nos idées. C'est un endroit que l'on veut empli de quiétude dans le respect de chacun et on le voit comme un lieu énergisant et harmonieux. »

Un lieu à découvrir où bénévoles et jeunes en mission de service civique sont bienvenus pour aider à donner encore plus de vie à ce café d'un nouveau genre.

"Le Danube Palace Café" a été financé par les projets « #Alimentation pour tous  » et « Espaces de travail public » du Budget participatif.