Quand les bouquinistes prennent la pose
Rencontre
Mise à jour le 18/03/2025

Sommaire
Les bouquinistes, ce sont plus de 200 petites librairies à ciel ouvert installées sur les quais de Seine. Le photographe Alain Cornu a réalisé 171 portraits des membres de cette corporation pas comme les autres entre septembre 2021 et janvier 2025. Il en a tiré un beau livre intitulé « Bouquinistes, en Seine à Paris ». Rencontre.
Qu’avez-vous retenu de vos nombreuses rencontres avec les bouquinistes ?
J’en ai découvert davantage sur ce beau métier qui existe depuis quatre cent cinquante ans ! Les bouquinistes de Paris sont célèbres à travers le monde, mais ils restent mal connus et n’apparaissent souvent qu’en arrière-plan d’une vision de carte postale. On ne se doute pas que cette profession est exercée par des personnes de tous âges, y compris des jeunes. Anna et Tania, par exemple, n’ont pas 30 ans !
D’ailleurs, après avoir pris mes modèles en photo, j’ai fini par les interviewer afin d’ajouter des témoignages à mon ouvrage, alors que ce n’était pas prévu. Ce sont des personnes passionnées avec des chemins de vie hors du commun, des vrais aventuriers de la vie… car on ne fait pas ce travail par hasard. J’ai aussi appris qu’il ne fallait pas avoir peur de s’approcher des boîtes, on sera toujours bien reçu par ces transmetteurs de culture.
Rendez-vous compte ! Quelque 300 000 ouvrages sont disponibles sur les trois kilomètres de quais occupés par les bouquinistes. Ils vendent aussi bien des affiches, des cartes postales ou de la petite brocante… En fait, tout ce qui tourne autour du papier. La plupart sont spécialisés : la mode des années 1900 à 2010 pour Ghislaine sur le quai de la Mégisserie, le polar pour Bernard sur le quai de la Tournelle, la musique rock et Bob Morane pour Jean-Marc sur le quai de l’Hôtel de Ville ou la philo pour Sylvie sur le quai des Grands-Augustins.
Ainsi, même si j’étais déjà amateur, j’ai découvert de merveilleux livres, comme cet exemplaire d’une très belle édition de Terre des hommes, d’Antoine de Saint-Exupéry, que j’ai payé 15 euros.
Comment est né le projet de cette série de photographies et de ce livre ?
C’est tout simplement à l’occasion de l’achat d’un livre, en 2019, que j’ai fait la connaissance de Jérôme Callais, président de l’Association culturelle des bouquinistes de Paris. On a évoqué l’idée de portraits des membres de la corporation.
Je suis un besogneux et j’aime travailler sur des séries, qui documentent la vie, la mémoire, l’histoire, comme ont pu le faire August Sander ou Eugène Atget en leur temps. Mais j’ai plutôt l’habitude de travailler en studio. Puis il y a eu le confinement et le questionnement sur la place du livre : bien essentiel ou pas ? À la sortie de la crise, j’ai décidé de me lancer.
J’ai fait poser les bouquinistes chacun devant leurs boîtes, à des distances variables, selon l’inspiration. J’ai aussi pris quelques clichés des boîtes seules dans un esprit documentaire.
Avez-vous rencontré des difficultés ?
Oui. Déjà, il a fallu les convaincre un par un. Les bouquinistes sont des femmes et des hommes épris de liberté, sans patrons ni horaires ! Certains étaient réticents, mais peu à peu les « portes » se sont ouvertes.
J’ai voulu mettre les bouquinistes en lumière, au propre comme au figuré.
Photographe
Il y a aussi un aspect météo : ils n’ouvrent pas leurs boîtes quand il pleut. Et les jours de beau temps, il faut gérer la foule sur les quais. Quand mon assistant m’aide à installer mon matériel – le trépied et la lumière additionnelle –, il ne faut pas que les promeneurs butent dessus.
Côté technique, j’étais face à un challenge : à contre-jour sur la rive droite de la Seine et le soleil en plein visage sur la rive gauche. C’est pour apporter une unité esthétique à mon travail que j’ai mixé lumière artificielle et lumière naturelle. Ainsi, j’ai pu les mettre en lumière au propre comme au figuré.
Qui est Alain Cornu ?
Originaire de Bourgogne et désormais habitant du 20e arrondissement, le photographe a suivi les cours de l’école des Gobelins (13e) dans les années 1980. Il se spécialise dans la nature morte en studio et il aime se confronter à des contraintes techniques qui lui permettent de se perfectionner. Dans les années 2000, il se lance dans un beau projet sur les toits de Paris. Après cet ouvrage sur les bouquinistes qui lui a donné le goût du portrait, il souhaiterait illustrer d’autres corporations parisiennes.

L’ouvrage « Bouquinistes, en Seine à Paris », d’Alain Cornu.
Credit
Alain Cornu
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Le site web d’Alain Cornu www.alaincornu.com
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Reportage de TV5 Monde sur les bouquinistes à Paris (2024) www.tv5mondeplus.com
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