Location meublée touristique : 3 chiffres pour mieux cerner ce phénomène

Depuis quinze ans, les locations meublées touristiques se développent à Paris, portées notamment par l’essor de plateformes comme Airbnb, Abritel ou encore Booking. Pour mieux comprendre ce phénomène et ses conséquences négatives (raréfaction de l’offre de logements disponibles pour les habitants, augmentation des prix de l’immobilier, etc.), la Ville de Paris et la Métropole du Grand Paris ont missionné l’Apur pour mettre en place un Observatoire des locations meublées touristiques. Au moment où la réglementation de cette activité se renforce pour protéger le parc de logements, cet observatoire a publié deux premières notes : l'une à l'échelle de la métropole du Grand Paris et l'autre à l'échelle de la ville de Paris. Voici trois chiffres à retenir sur le phénomène à l'œuvre dans la capitale !

Historiquement, le premier pic du nombre d’offres parisiennes postées sur Airbnb a été atteint en 2017 avec 68 000 annonces. Après un fort ralentissement causé par la crise sanitaire et les restrictions de déplacement entre 2020 et 2022, le pic d’annonces de 2017 est dépassé en octobre 2023 : on dénombre alors 68 639 annonces pour des locations meublées touristiques sur le site d’Airbnb.

À partir de cette période, la hausse continue et s’accélère, notamment à mesure que les Jeux de Paris 2024 se rapprochent : on dénombre jusqu’à 4 000 nouvelles annonces mensuelles en mai 2024 ! Un pic est atteint en juillet 2024 avec 98 046 annonces sur le site d’Airbnb.

En septembre dernier, une baisse du nombre d’annonces s’observe. Mais, en décembre 2024, on compte tout de même 90 299 annonces ! Ceci montre que, même s’il a existé un effet amplificateur avec les Jeux de Paris 2024, la tendance reste à une hausse continue du nombre d’annonces postées sur Airbnb depuis une décennie.

Cette croissance du nombre d’annonces à Paris s’accompagne d’un autre phénomène : la professionnalisation de l’activité de la location meublée touristique. De plus en plus de logements sont réservés principalement ou exclusivement à cette activité, loin de la pratique consistant à louer son appartement occasionnellement pour arrondir ses fins de mois.

Cette professionnalisation s’atteste par la progression du nombre d’annonces proposées à la réservation plus de 120 jours par an (+12 867 en un an). Mais également par la part toujours plus importante d’annonces correspondant à des multiloueurs, c’est-à-dire une personne, un investisseur ou un service de conciergerie qui propose plusieurs annonces de location de meublés touristiques sur le site d’Airbnb. À Paris, cette part ne cesse d’augmenter : passée de 21 % en 2020 à 27 % en 2022, elle atteint 31 % en août 2024.

C’est l’une des spécificités de Paris par rapport à d’autres capitales : en lien avec la petite taille des logements parisiens, la majorité des annonces portent sur des logements entiers, soit 90 % en août 2024 (et 86 % en août 2022). Une part beaucoup plus élevée que dans d’autres grandes villes, comme New York (où 54 % des annonces comprennent des logements entiers), Barcelone (60 %) ou Amsterdam (81 %).

Comme le démontre une précédente étude de l’Apur, publiée en décembre 2023, les locations meublées touristiques jouent un rôle dans l’augmentation du nombre de logements inoccupés dans la capitale. Cette catégorie regroupe les logements vacants ainsi que les résidences secondaires ou les logements occasionnels. Au total, en 2021, ces logements inoccupés représentent 19,2 % des logements parisiens, soit 268 500 logements.

Face aux conséquences négatives de l’accroissement du nombre de locations meublées touristiques, la Ville de Paris a décidé de durcir les règles, une démarche permise par la loi du 19 novembre 2024 élargissant les compétences des communes. Depuis le 1^er janvier 2025, louer sa résidence principale en meublé touristique est limité à 90 jours par an au lieu de 120 jusqu’alors. Une décision qui ne cible pas les loueurs occasionnels, mais plutôt les fraudeurs qui mettent en location des logements toute l’année en jouant avec la réglementation.

Autre mesure prise : depuis le 24 janvier 2025, les boîtes à clés (utilisées pour déposer les clés d’une location touristique meublée) sont interdites sur l’espace public et doivent être retirées sous peine de destruction.