Mois de la santé mentale : le rappeur Ichon nous dévoile ce qu’il se passe dans sa tête
Rencontre
Mise à jour le 28/03/2025

Chaque année, environ 13 millions de personnes sont touchées par un trouble psychique, ce qui représente près d’un Français sur cinq. Pour la première fois, la Ville organise le Mois de la santé mentale et se mobilise pour proposer des ateliers, des conférences, des concerts… afin de déstigmatiser ces troubles. Invité pour l’ouverture de cette grande programmation qui lui tient à cœur, le rappeur Ichon se livre sur sa psyché et l’importance pour lui de prendre soin de son cerveau.
Pourquoi avez-vous accepté d’être associé au Mois de la santé mentale, organisé par la Ville de Paris ?
C’est une cause qui me
parle fortement. Chaque personne devrait prendre soin de son
cerveau, de sa réflexion. Avant de critiquer les autres, il faut se critiquer
soi-même. Les thérapies, c’est ça : faire son autocritique, prendre du
recul et se concentrer sur soi. Au moment où j’aurais pu me perdre, j’ai eu le
réflexe de consulter, de parler, de ralentir des choses qui me faisaient du
mal.
La santé mentale, c’est un contraste : toujours un peu tabou, mais à la fois
banalisée… Autour de nous, il y a beaucoup de gens dont on ignore les troubles
psychiques, parce qu’ils n’osent pas en parler. D’ailleurs, pour l’anecdote, si
je ne faisais pas de la musique, j’aurais été pompier volontaire ou thérapeute : aider l’autre est un sujet qui me touche.
Dans vos chansons, vous évoquez souvent votre dépression : est-ce que vous vous sentez personnellement touché par cette grande cause nationale ?
J’ai toujours eu un
regard sur ma psyché, depuis tout petit. À cette époque, je ne mettais pas de
mots sur ce qu’il m’arrivait, mais je me sentais déjà différent. À l’âge de 12 ans, j’ai vu ma première psy, surtout à cause de mon comportement à l’école,
j’étais un garçon très dissipé. On a conseillé à mes parents « de me faire
soigner ». Je n’étais pas prêt moi-même à comprendre tout ça, mais ça me
faisait du bien d’en parler.
Je vivais déjà cet état de réflexion avec moi, qui parfois amène à trop réfléchir, à se perdre, à se faire des crampes de cerveau.
Rappeur

Ichon sera en concert à l’Hôtel de Ville (Paris Centre) pour l’ouverture du Mois de la santé mentale, le 1er avril.
Credit
Joséphine Brueder / Ville de Paris
« J’ai fait des poèmes de mes névroses » (« Mourir en cendres »), « Souvent je me déteste/La dépression me fait danser/Soit je me bute, soit je me laisse m’envoler » (« Souvent »)… Pourquoi en parler dans vos textes ?
La musique et, surtout, l’écriture sont vraiment des
manières pour moi de me livrer, de me comprendre, de me faire comprendre. J’ai
commencé tout jeune à écrire en rédigeant des lettres à mes parents, qu’ils
retrouvaient en rentrant du travail, pour essayer de leur expliquer pourquoi
j’avais fait telle bêtise et qu’ils soient moins énervés. J’ai toujours eu plus
de facilité à m’exprimer sur le papier qu’à l’oral. C’est
pour ça que je parle de mes sentiments dans mes textes : pour
être compris, tout simplement.
Vous dites que vos chansons sont « anti-suicide », et lorsqu’on lit le retour de vos fans, on sent que vos chansons leur font du bien. En tant qu’artiste, pensez-vous être un exemple pour eux ?
C’est un questionnement
que j’ai souvent : « Est-ce que j’aide les gens ? » J’ai
essayé de me changer, de m’améliorer, dans le but d’être un exemple, pas un
exemple dans le vrai sens, mais plutôt pour se dire : « Regardez, c’est
possible ! » À observer l’autre, on crée de la jalousie, de la frustration,
alors que, si l’on se concentre sur soi, on laisse les gens faire ce qu’ils ont
à faire et le monde se porterait mieux.
Si je suis un exemple, tout le monde peut en être un à sa façon.
RAPPEUR
Je m’efforce d’être le plus honnête, dans le but d’avoir un « moi »
meilleur. C’est comme ça que je fonctionne, j’essaie de partager ça dans mes
chansons. Sans oublier bien sûr que je fais des erreurs, qu’il y a des jours où je
reste couché dans mon lit, parfois je mens… En fait, si je suis un
exemple, tout le monde peut en être un à sa façon.
Dans votre nouvel EP, « Born to be blue », vous dites dans la chanson « Il faut » : « Le rap est ma thérapie/J’essaie d’être content/Pour en finir il est trop tôt/On déprime avec élégance. » Vous avez écrit ces nouveaux textes en traversant des moments difficiles, malgré tout, on a l’impression que ça va mieux…
Ce n’est pas la première
fois que l’on me dit ça à propos de mon nouvel EP… Quand je rappe, les gens me
trouvent mieux [Ichon propose aussi un répertoire plus « pop » dans certains de ses albums, ndlr]. Mais malheureusement, je n’arrive à rapper que lorsque je suis
triste et en colère, donc c’est un élément de réponse à la question. Le rap me permet
de débiter et, parfois même, je découvre des choses, alors que, pour un autre style de chanson,
j’ai déjà une vision, je sais à peu près où je vais.
Sincèrement, j’allais
mieux avant, mais j’essaie de ne pas me laisser tomber. Maintenant que je suis
papa, je suis obligé d’être un socle et d’être solide pour mon fils. C’est
un beau parallèle car, pour moi, le rap est quelque chose de solide, de moins
vulnérable – même si je parle de mes fêlures – par rapport à d’autres styles musicaux, plus volatiles.
Avant d’écrire un texte, je doute, j’ai peur, je me pose des questions. Quand c’est fait, je me sens mieux, c’est indéniable, j’ai accompli, j’ai de l’espoir. Le fait d’écrire me donne des réponses.
RAPPEUR
Qu’est-ce qui vous a fait aller mieux ?
Selon moi, le premier
remède, c’est l’honnêteté, la franchise et le lâcher-prise. Cela peut rendre fou
de se dire « je ne peux pas en parler » et de s’enfermer. Il y a
aussi le regard des autres, qui peuvent juger. Je me souviens avoir dit à ma
grand-mère, il y a quelques années, que j’allais voir une thérapeute, elle a cru
que je n’allais pas bien du tout, alors qu’au contraire, c’est le moment où
j’allais le mieux !
Heureusement, les questions de santé mentale se
démocratisent. Et puis, aller voir un thérapeute, c’est mieux que d’en parler
avec ses proches, car c’est un professionnel qui n’a pas d’affect, mais qui a les clés et
les techniques pour rebondir. Enfin, pour moi, le sport, ça sauve. C’est bon
pour le corps, c’est bien pour le cerveau.

Ichon à l’Hôtel de Ville (Paris Centre) avant son concert pour l’ouverture du Mois de la santé mentale, le 1er avril.
Credit
Joséphine Brueder / Ville de Paris
Les lieux ou les activités à Paris qui font se sentir mieux, selon Ichon
Profiter d’une pause dans un espace vert : La semaine dernière, je me suis posé avec un pote au jardin du Palais-Royal, en face de la fontaine, il y avait les premiers rayons de soleil, ça fait du bien, comme dans une bulle malgré le monde qui t’entoure.
Flâner dans les magasins du Marais : Faire du shopping est une bonne thérapie, j’adore aller dans les friperies !
Faire du vélo : Qu’il pleuve ou qu’il fasse beau, je me déplace en vélo pour éviter de prendre le métro ou de prendre ma voiture. J’ai un abonnement Vélib, je suis content qu’il y ait de plus en plus de voies cyclables.
Aller à l’Olympia : Je me suis déjà produit sur cette scène, il y avait mon nom en rouge sur la façade. C’est une salle mythique, en petit comité. La scène est montée sur ressorts, quand tu es dessus, ça rebondit, c’est un truc de « ouf » !
Faire du sport : Je pratique la boxe dans l’un des clubs hébergés dans les équipements de la Ville de Paris.
Flâner dans les magasins du Marais : Faire du shopping est une bonne thérapie, j’adore aller dans les friperies !
Faire du vélo : Qu’il pleuve ou qu’il fasse beau, je me déplace en vélo pour éviter de prendre le métro ou de prendre ma voiture. J’ai un abonnement Vélib, je suis content qu’il y ait de plus en plus de voies cyclables.
Aller à l’Olympia : Je me suis déjà produit sur cette scène, il y avait mon nom en rouge sur la façade. C’est une salle mythique, en petit comité. La scène est montée sur ressorts, quand tu es dessus, ça rebondit, c’est un truc de « ouf » !
Faire du sport : Je pratique la boxe dans l’un des clubs hébergés dans les équipements de la Ville de Paris.
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