Notre-Dame de Paris : des rois sans tête à Philippe Petit, une histoire qui donne le tournis
Le saviez-vous ?
Mise à jour le 20/11/2024
Sommaire
Du haut de ses 96 mètres retrouvés, la cathédrale Notre-Dame de Paris contemple plus de 850 ans d’histoire, et recèle en son sein de nombreux secrets. De ses imposantes cloches à ses petites abeilles, plongez au cœur des histoires méconnues de ce monument emblématique.
Presque un kilomètre carré de vitraux
Les vitraux de la cathédrale émerveillent les visiteurs depuis près de 800 ans, puisque les premiers ont été créés et installés en 1225. Aujourd’hui, la rosace nord conserve encore les motifs d’origine.
D’autres vitraux ont été changés ou restaurés au fil des ans. Par exemple, en 1965, le peintre-verrier Jacques Le Chevallier a été chargé de remplacer les vitraux de la nef et du transept. Il a fait installer 24 de ses créations qui ne comportent pas de figures en utilisant des techniques de l’époque médiévale.
Mis côte à côte, les vitraux de Notre-Dame s’étendraient sur presque mille mètres carrés.
Le funambule Philippe Petit a lancé sa carrière à Notre-Dame
Le 26 juin 1971, les Parisiens de l’île de la Cité se réveillent avec stupeur. Perché en haut de la cathédrale, entre la tour nord et la tour sud, se trouve le funambule Philippe Petit, à l’époque encore méconnu du grand public.
À l’âge de 21 ans, le Nemourien a décidé de lancer sa carrière d’équilibriste en s’attaquant à gros. Le vent souffle alors que Paris retient le sien : haut perché, le funambule prend son pied et parvient à réaliser plusieurs figures en enchaînant les allers-retours sur le fil.
S’ensuit une carrière de haut vol à travers le monde. En 1974, il réalise une traversée entre les tours du World Trade Center, son plus grand coup. Au cours de sa carrière, il parvient à faire près de quarante traversées. En 2015, un film, The Walk : Rêver Plus Haut raconte sa traversée entre les tours jumelles.
Saccagée à plusieurs reprises, Notre-Dame sauvée par un chef-d’œuvre de la littérature
Vieille de plus de 850 ans, Notre-Dame a besoin d’être restaurée de temps à autre. D’abord, parce que le temps fait son effet. Mais aussi parce que l’histoire ne l’a pas épargnée à travers les siècles : lors de la Révolution de 1789, les révolutionnaires, pour qui elle est un symbole de pouvoir, et notamment de la royauté, s’en sont pris à elle, et le bâtiment est menacé d’écroulement. La cathédrale est alors reconvertie quelque temps en Temple de la Raison par les Révolutionnaires, avant de servir de cave à vins de la République…
Rebelote en 1830 : lors de la Révolution de Juillet, appelée les Trois Glorieuses, les insurgés saccagent la cathédrale et l’archevêché attenant.
C’est alors qu’une célèbre plume de l’époque s’émeut de ces dégradations successives. Il décide de consacrer le monument parisien dans ce qui restera l’un des chefs-d’œuvre de la littérature française, sobrement baptisé « Notre-Dame de Paris ».
« Si belle qu’elle se soit conservée en vieillissant, il est difficile de ne pas soupirer, de ne pas s’indigner devant des dégradations, des mutilations sans nombre que simultanément le temps et les hommes ont fait subir au vénérable monument », écrit Victor Hugo.
L’émotion provoquée dans la capitale remonte jusqu’au pouvoir, et une loi est finalement votée en 1845 pour assurer la restauration de la cathédrale. Aux manettes, deux architectes : Jean-Baptiste Lassus et un certain Eugène Viollet-le-Duc, à l’origine de la flèche.
Les rois sans têtes, ou l’histoire d’une méprise
Pendant les années de tumulte qui ont suivi la Révolution de 1789, la cathédrale a fait l’objet de pillages à plusieurs reprises. La galerie des Rois de Notre-Dame attira notamment les antimonarchistes qui s’en prirent aux 28 statues couronnées de ladite galerie. Les révolutionnaires croyaient à tort que les statues représentaient les rois de France.
Or il s’agissait de représentations des rois de l’ancien royaume de Juda, créés au XIIIe siècle. Les statues furent décapitées, les têtes jetées sur le parvis puis oubliées… Jusqu’en 1977, lorsque des travaux dans la rue de la Chaussée-d’Antin révélèrent des fragments de pierre qui s’avérèrent, selon des experts, être les têtes des rois de la galerie.
Aujourd’hui, les 22 statues recomposées sont exposées au musée de Cluny - musée national du Moyen Âge.
Un « cold case » proche d’être résolu ?
Les travaux de restauration de la cathédrale pourraient-ils enfin lever le doute sur l’emplacement du cercueil du célèbre poète Joachim du Bellay, plus de 460 ans après sa mort ?
Enterrés dans la chapelle Saint-Crépin en 1460, les restes du poète avaient disparu lors d’une inspection pour travaux 298 ans plus tard. Son cercueil s’est-il volatilisé ? N’avait-il finalement pas été enterré dans cette sainte chapelle ?
Lors de fouilles menées par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) en 2022 dans le cadre de la pose de l’échafaudage, deux dépouilles contenues dans des sarcophages de plomb ont été déterrées. La première appartient au chanoine Antoine de La Porte, mais des questions demeurent pour la seconde.
Ce qui est certain, c'est que la dépouille est celle d'un homme âgé d'une trentaine d’années lors de sa mort, présentant les marques d’une tuberculose osseuse cérébrale, une maladie dont souffrait le poète. Un faisceau d'indices qui tendraient à prouver qu'il s'agit bien des restes du cofondateur de La Pléiade. Le mystère reste pour l'instant entier : d'autres recherches, notamment génétiques, seront nécessaires pour confirmer ou infirmer cette hypothèse.
10 cloches… et des noms pour chacune d’entre elles
La cathédrale comporte dix cloches. La plus ancienne et la plus grande a été installée en 1686. Ce bourdon, comme on l’appelle, porte le nom d’Emmanuel et a été classé monument historique le 24 juillet 1944. C’est la deuxième plus grande cloche de France, après la Savoyarde du Sacré-Cœur de Montmartre.
Toutes les cloches ont des noms à la fois masculins et féminins qui rendent hommage à celles et ceux qui ont marqué le monument. Elles sont baptisées lors d’une cérémonie dédiée. Aux côtés d’Emmanuel, on compte Marie, Gabriel, Anne-Geneviève, Denis, Marcel, Étienne, Benoît-Joseph, Maurice et Jean-Marie, qui ont pour leur part été installés en 2013, à l’occasion du 850e anniversaire de la cathédrale.
Gargouilles ou chimères ? Elles n’ont pas la même fonction !
Comme la plupart des cathédrales gothiques en Europe, Notre-Dame compte de nombreuses statues et figures qui peuplent ses extérieurs et veillent sur la structure. La cathédrale parisienne est dotée à la fois de chimères et de gargouilles. Mais alors, comment les distingue-t-on ?
Les gargouilles ont d’abord un usage pratique, puisqu’elles servent à évacuer l’eau de pluie afin d’éviter l’érosion. Essentiellement, ce sont des gouttières stylisées. Elles ont été installées au Moyen Âge.
Les chimères, quant à elles, sont purement esthétiques et ont été introduites à Notre-Dame lors des rénovations menées par Eugène Viollet-le-Duc, au XIXe siècle. La plus connue est la stryge, ce démon ailé à l’air indifférent qui pose avec sa tête entre les mains.
Construite sur la Cité pour « remettre l’église au milieu du village »
L’expression « remettre l’église au centre du village » prend tout son sens avec la construction de Notre-Dame. Sa présence sur l’île de la Cité s’explique par trois facteurs. D’abord car au XIIe siècle, l’île de la Cité était déjà le centre religieux de Paris. Notre-Dame est construite sur les bases d’une cathédrale existante appelée Saint-Étienne.
Pour traverser Paris jusqu’à la fin du Moyen Âge, il était nécessaire de passer par l’île de la Cité, car c’était le seul endroit où se trouvaient les ponts de la ville.
Maurice de Sully, l’évêque qui a fait construire la cathédrale, estimait par ailleurs que cet emplacement maximisait l’impact religieux et social de Notre-Dame.
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