« Paris, un musée à ciel ouvert » : la musique au coin de la rue
Série
Mise à jour le 17/06/2021
Sommaire
Avec près de 1000 œuvres dans l'espace public, dont de nombreuses statues, Paris regorge de témoignages de notre histoire. Notre série « Paris, un musée à ciel ouvert » vous emmène à la rencontre de celles et ceux qui ont marqué la capitale. Place aux musiciens et musiciennes, d'Aznavour à Béla Bartók en passant par Dalida.
Au détour d’une rue, il est encore possible de croiser Dalida, Béla Bartók et Aznavour, ou tout du moins leur statue. Ces artistes, rendus célèbres par la musique, ont laissé plus qu’une empreinte dans Paris.
Une dizaine de monuments rappellent aujourd’hui la mémoire des musiciens. Montrant l’importance fondamentale de la musique au quotidien, sans considération d’âge ou de classe sociale, ils sont, dans leur majorité, consacrés à des artistes presque contemporains de l’érection de leurs statues. Ils rendent hommage à des personnalités allant des plus grands compositeurs classiques aux monstres sacrés de la chanson populaire française.
Le folklore musical de Béla Bartók
Béla Bartók (1881-1945), par le sculpteur Imre VARGA (1923-2019)
1982, square Béla-Bartók (15e)
Comment ne pas s’arrêter devant la personnalité
emblématique de Béla Bartók, l’un des plus grands compositeurs de la
première moitié du XXe siècle ?
Pianiste et compositeur virtuose, Bartók parcourt
en 1904 la campagne hongroise pour collecter des airs traditionnels de son
pays. Cet univers musical est alors totalement inconnu du grand public, persuadé que la musique folklorique hongroise, est celle jouée dans
les villes par les musiciens tziganes.
Après la Hongrie, ce pionnier de l'ethnomusicologie
se rendra en Roumanie, en Slovaquie, en Ukraine et en Algérie d'où il
rapportera des témoignages musicaux inédits qui influenceront ses propres
compositions, comme ses Six Danses populaires roumaines, basées sur sept
thèmes transylvaniens collectés en 1910 et 1912.
Le réalisme de la figure de bronze du compositeur,
représenté en pieds, grandeur nature, vêtu de ses habituels manteau et chapeau,
ne pouvait être mieux traduit que par le sculpteur, Imre Varga, lui aussi
hongrois.
En faisant don de cette statue à la Ville de Paris
en 1982, la ville de Budapest s’associe à l’hommage que la capitale française rend au musicien avec
la création du square Béla Bartók dans le 15e arrondissement.
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Aznavour, un Arménien à Paris
Charles Aznavour (1924-2018), par la sculptrice Alice
MELIKIAN
1964, modèle plâtre ; 2019,
tirage bronze par la fonderie Rosini
Place de l’Odéon (6e)
Le port de tête altier et le front
dégagé, les traits de l’auteur-compositeur-interprète Charles Aznavour semblent
familiers. Sur le carrefour de l’Odéon, non loin de la rue Monsieur le
Prince où l’artiste vécut pendant son enfance, ce buste en bronze rappelle la popularité de ce grand chanteur
populaire qui rendit un si bel hommage à la capitale à travers ses chansons.
Cette œuvre témoigne également de
l’attachement profond de l’artiste philanthrope à l’Arménie. En effet, le
modèle en plâtre de ce portrait a été créé par Alice Melikian à l’occasion de
la première visite de l’artiste dans ce pays, en 1964. Le tirage en bronze dû à
la fonderie Rosini a été offert à la ville de Paris en 2019 par la fondation
Aznavour, créée par le chanteur et son fils, au lendemain du séisme du 7
décembre 1988 dans le nord de l’Arménie.
Le 22 mai dernier, la maire de Paris
Anne Hidalgo a inauguré ce portrait, à l’occasion du 97e
anniversaire de la naissance de Charles Aznavour.
Charles Gounod, hôte illustre du parc Monceau
Charles Gounod (1818-1893) par le sculpteur Antonin
MERCIE (1845-1916)
1902, marbre, parc Monceau (8e)
Au pied du portrait de Charles Gounod,
se tiennent trois héroïnes éplorées tirées de ses opéras : Sapho en tunique à
l’antique, Juliette aux cheveux épars sur les épaules, et Marguerite en robe
Renaissance. Des instruments sont disposés autour du socle : un petit
orgue, un violon et un tambourin. À l’origine, un angelot symbolisant la
musique sacrée se tenait devant l’orgue.
Charles Gounod rentre au Conservatoire
de Paris et gagne le Prix de Rome en 1839. Il est ensuite nommé maître de
chapelle et organiste des Missions Étrangères. L’auteur du célèbre Ave Maria se tourne ensuite vers la
musique de scène : en 1851 il fait jouer son premier opéra, Sapho. Il faut toutefois attendre 1859 pour
qu’il remporte un grand succès avec Faust,
puis 1867 avec Roméo et Juliette. Ces
opéras marquent la renaissance de l’art lyrique français. Avec une grande
sensibilité, Gounod cherche à traduire musicalement les sentiments les plus
subtils de l’âme. À la fin de sa vie, il revient à la musique sacrée et compose
plusieurs messes et oratorios.
Au cœur du romantique parc Monceau, parmi
les statues d’autres compositeurs, poètes et écrivains du XIXe
siècle, tels Maupassant, Musset ou Chopin, ce monument rappelle l’hommage
qu’ont voulu lui rendre ses amis musiciens.
La musique des anges de César Franck
César Franck (1822-1890) par le sculpteur Alfred
LENOIR (1850-1920)
1904, pierre, square Samuel-Rousseau
(7e)
Quelle mélodie sacrée cet ange
inspire-t-il au compositeur ? De ses grandes ailes, il recouvre la méditation
de l’artiste face à son harmonium. Organiste virtuose, professeur et
compositeur, César Franck peut être considéré comme l’une des figures de proue
de la musique française de la seconde moitié du XIXe siècle.
En 1858, César Franck devient le
titulaire des grandes orgues de la nouvelle basilique Sainte-Clotilde (7e) dotée
d’un magnifique instrument réalisé par Aristide Cavaillé-Coll. Professeur
d’orgue au Conservatoire, le rayonnement de son enseignement fut considérable.
Marquée par une profonde spiritualité, son œuvre renouvelle la musique de
chambre et la composition pour orgue.
En hommage à leur professeur, comme
souvent sous la IIIe République, ses élèves forment un comité pour lui ériger
un monument inauguré en 1904 en face de la basilique où il se produisit jusqu’à
sa mort.
Dalida, l’enfant adoptive de Montmartre
Dalida (1933-1987), par le sculpteur Alain
GOURDON, dit ASLAN (né en 1930)
1997, bronze, place Dalida (18e)
C’est avant tout à l’enfant
adoptive de Montmartre, plus qu’à l’artiste aux millions de disques vendus à
travers le monde, que rend hommage le buste inauguré en 1997, 10 ans après sa
mort, à quelques pas de la célèbre maison de la rue d’Orchampt où Dalida vécut
35 ans.
On doit ce buste en bronze à Aslan,
sculpteur hyperréaliste qui a introduit la figure de la pin-up en France et a
réalisé de nombreux bustes, dont ceux de Charles de Gaulle ou d’Alain Delon et,
le plus connu d’entre eux, celui de Marianne d’après Brigitte Bardot.
Née à Choubra, un faubourg du
Caire, le 17 janvier 1933, Yolanda Gigliotti arrive à Paris le jour de Noël
1954 dans l’espoir d’y poursuivre une carrière cinématographique. Mais finalement
c’est la chanson qui l’appelle, sous le pseudonyme de Dalila, devenu rapidement
Dalida. S’ouvre alors une carrière extraordinaire qui, dès Bambino son
premier succès, fera d’elle une vedette mondiale, et l’un des monstres sacrés
de la variété française. Seule artiste récompensée de la Médaille de la
Présidence française, deux fois Oscar mondial du disque, pour Gigi l’Amoroso
en 1963 et Il venait d’avoir 18 ans en 1975, elle a chanté les plus
grands auteurs, Trénet, Aznavour, Ferré, Legrand, et inspiré les nouveaux
talents.
Atteinte d’une dépression
chronique que le succès n’arrive plus à apaiser, elle décide de tirer le rideau
dans la nuit du 2 au 3 mai 1987.
La fête de la musique selon Wilhelm et Eugène Delaporte
Monument à
Guillaume-Louis Bocquillon dit Wilhem (1731-1842)
et Eugène Delaporte (1818-1886) par le sculpteur Henri-Louis Richou (1850-1932)
et Eugène Delaporte (1818-1886) par le sculpteur Henri-Louis Richou (1850-1932)
Inauguré le 16 novembre 1924, Bronze et pierre, Square du Temple (3e)
Ce monument rend hommage à deux personnages aujourd’hui
oubliés, Wilhem et Eugène Delaporte, respectivement
fondateur et propagateur de l’Orphéon français. Le terme, quelque peu tombé en
désuétude, désigne la musique chorale populaire.
C’est en effet Louis Bocquillon dit Wilhem, professeur de chant, qui
introduisit l’étude de la musique dans les écoles primaires en 1818. Il voyait
la musique comme un moyen de cultiver le peuple tout en démocratisant cet art
et en en faisant un lien social majeur. Le conseil municipal de Paris vota
ainsi en 1835 l’introduction du chant dans toutes les écoles communales. Des
sociétés orphéoniques se créèrent un peut partout, rassemblant plusieurs
centaines de personnes et organisant concours et festivals, tant en France qu’à
l’étranger. À son apogée, la France a compté 3 243 sociétés chorales et bon
nombre de kiosques à musique édifiés dans les squares pour jouer et chanter
publiquement doivent leur existence à l’Orphéon.
En 1907, une souscription fut lancée pour la réalisation du
monument qui ne sera finalement installé qu’en 1924, non loin de la mairie du 3e
arrondissement. C’est en 1990 qu’il a trouvé sa place définitive dans le square
du Temple (3e). Le monument est sobre : le buste
en bronze de Wilhem se découpe au sommet de la stèle en pierre qui porte le
médaillon en bronze de Delaporte.
De nos jours, la fête de la musique, ouverte à tous,
conserve et développe ce caractère populaire si cher au cœur des deux hommes.
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Retrouvez ci-dessous tous les épisodes de notre série « Paris, un musée à ciel ouvert ».
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