Quand les enfants « slament » leurs droits
Reportage
Mise à jour le 21/06/2021
Sommaire
Mercredi 20 novembre, des enfants de 11 à 16 ans sont venus déclamer des slams dans la salle du conseil de l'Hôtel de Ville pour les trente ans de la Convention internationale des droits de l’enfant.
« Faites un maximum de bruits au
Conseil de Paris ! », lance Rouda. Dans l’amphithéâtre, une
centaine d’enfants de 11 à 16 ans donnent le change à l’applaudimètre au rappeur
du collectif 129h. Dans peu de temps, le micro leur reviendra. Par groupe de 4
à 8, les jeunes viendront déclamer leur slam préparé pendant deux après-midis à
la Fabrique de la Solidarité avec les professionnels de 129h.
À l’occasion du
trentième anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant, les
jeunes de l’aide sociale à l’enfance et du Secours populaire ont traité des droits de l’enfant dans leur slam : la liberté d’expression, l’environnement
et l’écologie, le droit à vivre dignement, à la protection et à l’éducation.
De la poésie urbaine sur les droits de l’enfant
Le premier
groupe prend place derrière les micros. Les mots, les rimes et assonances fusent.
Rami, Kevin, Aryan, Hamza et Kadija scandent le refrain ensemble : « On voudrait être libre / Vivre sans aucune
pression / Que jusqu’à nos voix vibrent / Liberté d’expression. » Leur
texte fait référence aux articles 12 et 13 de la convention de 1989, portant
sur le droit à la liberté d’expression. « Ils
ont écrit ce qui leur passait par la tête autour du thème, puis, on a cherché à
mettre en forme le texte, à trouver le bon mot, explique John Banzaï, en
charge du petit groupe. Ils sont tous
super créatifs et plein de fantaisie. » Si les feuilles ont tremblé un
peu lors de l’exercice, un jeune assure après son passage : « En vrai, c’était facile, je peux le refaire »,
fier d’avoir rempli la lourde tâche de passer en premier.
Place à Ryan,
Oumeyma et les autres de déclamer « Je
suis la Terre et j’ai donc besoin d’Air ».
Michael, Ambre, Henry-Charles et Ryan emmènent l’auditoire dans un conte sur le
droit à la dignité avant un abécédaire sur la protection. « On vous donne la gentillesse / Rendez-nous
la politesse », déclame Jawed et ses confrères dans « Savoir Vivre », leur slam sur le
droit à l’éducation.
Le slam, dans le respect de la parole
Devant le
travail des enfants, les pros du slam, qui livrent aussi chacun une prestation originale,
sont bluffés. « La restitution est impressionnante, souligne
la slameuse RiM. En deux séances, c’est
une prouesse d’arriver à ce résultat. Ils ont écrit puis travaillé leur texte à
l’oral. Certains le connaissent même par cœur. C’est très gratifiant, ils se
sont énormément investis. »
Pour l’artiste, « le propre du slam, c’est de réunir les gens,
d’être dans le partage, dans le respect de la parole et dans l’écoute. »
Lola et Alyah, 12 ans, confirment : « On
était super à l’aise durant les ateliers. On pouvait se lâcher, c’était une
super ambiance. » Grâce à ce climat d’écoute, les participantes ont réussi
à « parler d’être protégé des autres
et même de ses parents parce que des fois, on n’est pas forcément protégé de sa
famille ».
« Votre voix compte vraiment »
Dans le public,
les parrains slameurs, Abd al Malik et Ami Karim, écoutent les textes, avant eux-aussi
de proposer une poésie urbaine. « Ému »,
Abd al Malik insiste auprès des enfants : « Votre voix compte vraiment, c’est important de ne laisser personne vous
dire qu’elle ne compte pas ». Pour l’auteur, « tout se joue là, à l’enfance en fait. Moi,
gamin, j’ai eu une enfance difficile. Des
petites choses symboliques peuvent bouleverser la vie, des êtres que j’ai
rencontrés, comme mon enseignante du primaire qui m’a dit que je pouvais faire
quelque chose de ma vie, ou ce que j’ai lu, Camus ou Césaire. J’ai tenu à être là,
en toute humilité, parce que je peux être un exemple, faire du lien pour la
jeune génération. Et puis, la poésie urbaine, c’est se réapproprier son destin,
un autre que le récit médiatique. Dire
sa vérité : j’existe, je suis là et je sens. » Mission accomplie pour
les jeunes présent sur les bancs de la salle du conseil ce mercredi.
La Convention internationale des droits de l'enfant (CIDE)
Ce texte du 20 novembre 1989 a affirmé, pour la première fois dans l’histoire, que tous les enfants du monde ont des droits, et qu’il faut les respecter. Son article 3 protège l’intérêt supérieur de l’enfant et l’article 19 vise à le protéger de toute forme de maltraitance.
Selon les articles 12 et 13, « l’enfant a droit à la liberté d’expression […] sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen du choix de l’enfant».
Selon les articles 12 et 13, « l’enfant a droit à la liberté d’expression […] sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen du choix de l’enfant».
La vidéo de "SLAM tes droits"
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