Balade sur les pas de Jacques Prévert
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Mise à jour le 25/10/2024
Sommaire
De Saint-Sulpice à Montmartre, le Paris de la jeunesse de Jacques Prévert nous restitue, le temps d’une balade, les sources d’inspiration du grand poète. À l’occasion de la célébration du centenaire du surréalisme, le musée de Montmartre met à l'honneur l'artiste multifacettes.
Marcher dans Paris dans les pas de Prévert est une entreprise hasardeuse. Très tôt, Jacques Prévert (1900-1977) hérite de ses parents un sérieux penchant pour le nomadisme. Pas un quartier que le poète-auteur scénariste n’ait écumé, pas un café où il n’a écrit. Mais il a gardé toute sa vie un attachement particulier pour le 6e arrondissement de Paris, qui a vu sa jeunesse et ses premiers succès.
Pour retrouver le jeune Prévert, dirigez-vous vers les tours de Saint-Sulpice et sa fontaine sculptée. Le futur anticlérical convaincu y a passé ses années d’enfance à accompagner son père dans ses visites aux « nécessiteux ». C’est là aussi qu’il rencontre le Paris populaire qui lui devra tant de poèmes et de films.
Paris est tout petit pour ceux qui s'aiment comme nous d'un aussi grand amour.
Les Enfants du paradis
Son enfance au cœur de la capitale
Arrêtez-vous au 7, rue Vaugirard (6e), près du théâtre de l’Odéon. Jacques Prévert a sept ans lorsque sa famille s’installe au troisième étage de cet immeuble tout de guingois, dans lequel se trouve déjà une cour intérieure, un lieu de vie qui le fascine et lui inspirera son premier scénario, « Le crime de M. Lange » réalisé par Jean Renoir en 1936.
Son école communale est toujours au numéro 9. Mais la famille déménage bientôt quelques rues plus loin au 4, rue Férou, magnifique hôtel particulier.
La monumentale porte cochère et la cour sur laquelle donnent plusieurs appartements feraient presque oublier les difficultés financières que traversaient les Prévert à l’époque.
Son premier amour
À deux pas de là, face au Sénat, l'immeuble du 5, rue de Tournon accueille en 1910 les membres de la famille Prévert au 5e étage. De grands hommes les ont précédés, comme Gros, inventeur du phonographe, mais aussi Gambetta et Daudet. Jacques a alors dix ans.
Ici, la fameuse cour d’immeuble a abrité une idylle d’enfants ; au rez-de-chaussée habitait Simone Dienne, qui deviendra la première femme du poète.
Le jardin du Luxembourg, un de ses lieux de prédilection
Ces différentes adresses avaient un point commun : le jardin du Luxembourg tout proche, terrain de jeu de Jacques qui y faisait les 400 coups.
Impossible de ne pas y flâner pour contempler le décor de son enfance. Autour du grand bassin, les allées sont aussi policées et tranquilles que le jeune Prévert était indiscipliné et turbulent.
Son école
Au-delà de l’entrée moderne, les vieux bâtiments du collège et la cour de récréation se souviennent de Prévert, l’élève le plus célèbre de l’établissement, mais pas le plus assidu.
Bref retour à Saint-Sulpice pour voir le dernier foyer des Prévert, qui s’y installent en 1912. Le 7 de la rue du Vieux Colombier appartient à la caserne des pompiers. Les parents de Prévert y vivront jusqu’à leur mort (1936 et 1946).
Les années Montparnasse
Son certificat d’études en poche, l’ado qui enchaîne les petits boulots s’éloigne des clochers de Saint-Sulpice. Le service militaire marque un tournant et débouche sur les « années Montparnasse » avec les surréalistes d’André Breton.
À l’approche de la trentaine, Prévert revient dans le quartier de ses premières amours. Suivons-le en prenant la rue Bonaparte jusqu’au boulevard Saint-Germain. Comme tous les intellectuels de l’époque, il fréquente assidûment les cafés de Saint-Germain-des-Prés. Aux Deux Magots il compose un manifeste «anti-Breton» et fait du Flore le quartier général de son groupe de théâtre contestataire « Octobre ». En pleine Occupation, alors qu’il tourne « Les enfants du Paradis », il y rencontre Sartre, Beauvoir et les existentialistes. La bande à Prévert a marqué la mémoire des deux cafés mythiques. C’est le moment de faire une pause et de s’imprégner de l’atmosphère des lieux…
Prévert devient un phénomène littéraire
Ici, à la fin de la guerre, la sortie de Paroles fait de Jacques Prévert le phénomène littéraire du moment. Les étudiants récitaient ses poèmes, ses textes étaient chantés par Gréco et Montand. De cette époque, où Prévert était le symbole germanopratin, il ne reste malheureusement plus que l’ancien hôtel Montana, au 28, rue Saint-Benoît, où il vécut au septième étage, contre le café de Flore.
Les années montmartroises
En 1955, avec sa femme Janine et sa fille, le poète qui a longtemps préféré les meublés temporaires emménage de façon plus constante au 6, bis cité Véron (18e), une petite impasse pavée en bordure du boulevard de Clichy, signalée par une belle enseigne émaillée. L'appartement a la particularité de s'ouvrir sur une terrasse qui donne derrière les ailes du Moulin Rouge.
La terrasse a servi de lieu d’accueil à quelques unes des plus belles manifestations du fameux Collège de Pataphysique, « société de recherches savantes et inutiles »…
Prévert reste cité Véron jusqu’en 1975, date à laquelle il s’installe à Omonville-la-Petite, dans le Cotentin, jusqu’à sa mort en 1977. Il conservera néanmoins toujours le bail de l'appartement montmartrois.
À l’occasion de la célébration du centenaire du surréalisme et du soixante-dixième anniversaire de l’installation de Prévert dans le quartier, le musée de Montmartre met à l’honneur ce « rêveur d'images », connu d’abord et surtout comme poète et scénariste, mais qui était aussi parolier, dramaturge, dessinateurs de scénarios illustrés et un humaniste engagé.
Jacques Prévert : rêveur d'images, au Musée de Montmartre
Musée de Montmartre - 12, rue Cortot , Paris
Du vendredi 18 octobre 2024 au dimanche 16 février 2025
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