« Le Journal » : une pièce qui dénoue les liens entre presse et politique

Edmond, le directeur d’un journal d’investigation, s’apprête à publier des révélations sur Jacques Flamm, un ministre ambitieux. Alors qu’il va rendre publiques les informations qu’il détient, il apprend que sa fille Apolline vient d’être arrêtée pour trafic de drogue à Jakarta. Seul Jacques Flamm semble être en mesure de l’arracher aux griffes du système judiciaire indonésien. Edmond doit-il renoncer à la publication de l’article ? Risque-t-il de mettre en péril le soutien qu’il attend de l’État français pour rapatrier sa fille ?

À travers cette pièce noire aux dialogues incisifs, l’auteur explore les liens tendus entre les mondes de la politique et de la presse d’aujourd’hui.

Comme une poupée russe. Voilà comment se présente l’histoire du « Journal », pièce écrite par Antoine Beauquier et mise en scène par Anne Bouvier, qui se joue actuellement sur les planches du Théâtre de Paris (9^e) et qui pose d’emblée la question de comment s’exerce la domination.

Entre un article à charge contre un ministre et la vie de sa fille enfermée à tort dans une prison indonésienne, où se place la morale d’Edmond, rédacteur en chef implacable, réputé… et soudainement démuni ? C’est tout l’enjeu de cette pièce qui dénoue savamment les nœuds d’une intrigue qui lie journalistes et politiques, en France. Rivalités, machinations et manipulations transforment « Le Journal » en thriller palpitant, mordant comme une piqure de scorpion. Les dialogues font mouche, et même si on aurait aimé voir un Edmond plus combattif, on se régale des prises de parole de Bernard Malaka qui incarne le ministre Jacques Flamm au phrasé mitterrandien merveilleusement drôle. Résultat ? Une belle satire contemporaine qui prend ouvertement à partie le public, l’air de lui dire : et vous, qu’auriez-vous fait à sa place ?