Le baseball est-il le nouveau sport cool de la capitale ?

« Les gamins sont à fond ! » nous prévient Julien. Et le papa de deux jeunes pratiquants n’a pas tort : les petits sportifs se pressent de terminer l’échauffement pour pouvoir enchaîner sur les exercices pratiques. Bienvenue à un entraînement de baseball initié par le Stade Français, qui se déroule d’ordinaire les mercredis sur la plaine de jeux de Bagatelle, dans le bois de Boulogne (16^e). Déluge oblige, le gymnase EPMT (17^e) est utilisé ce jour-là comme base de repli.

Aux quatre coins du terrain, différents coachs sont chargés des ateliers. C’est le cas de Cisco, qui supervise une session de « pitch », le fameux lancer du baseball. Muni de deux barres en métal qu’il tient horizontalement, il entraîne les ados à toujours garder la même position lors de leur lancer. Sport américain oblige, il n’hésite pas à employer des termes anglais. On peut notamment l’entendre crier « Ready, steady, go ! » pour donner le top départ.

Un peu plus loin, un autre coach, Vincent, s’occupe des plus jeunes en les initiant au baseball5, une variante plus urbaine du baseball traditionnel. « C’est l’une des trois disciplines que nous enseignons ici, avec le baseball et le softball, nous explique l’entraîneur, qui est également l’un des cofondateurs de la section. Le baseball5 est particulièrement intéressant pour les plus petits, car on y joue à la main, avec des balles molles. » Autre avantage, c’est une discipline mixte : « Comme le baseball et le softball », ajoute le passionné.

La passion, c’est justement ce qui a poussé trois amateurs du national pastime (passe-temps national) à relancer la section baseball du Stade Français. « Il faut savoir que le baseball fait partie intégrante de l’histoire du Stade Français. La section est née en 1883, en même temps que le club », nous apprend Vincent. Disparue en 1963, elle laisse un véritable vide pour les amateurs de baseball de l’Ouest parisien. C’est d’ailleurs en grande partie l’absence d’un vrai club dans cette partie de la capitale qui pousse Vincent, Julien et Jean-Christophe à se lancer dans l’aventure.

« C’est simple, pour jouer au baseball, il faut soit aller sur les terrains saturés du bois de Vincennes (12^e), soit aller en banlieue », détaille Vincent. Après des études géographiques poussées, les trois compères parviennent, avec l’aide de la mairie du 16^e, à créer deux terrains de baseball sur la plaine de jeux de Bagatelle. « C’était un petit événement, s’enthousiasme Julien. Il n’y avait pas eu de baseball sur la plaine depuis cent ans. »

Cette zone est stratégique, car située à trente minutes en transports en commun du centre de Paris. Autre avantage : « L’Ouest parisien compte de nombreux expatriés nord-américains et asiatiques, des régions où le baseball est un sport national. » Un côté international qui s’observe jusque dans le gymnase, où l’on peut en effet apercevoir un papa sud-coréen venu avec ses deux fils, de jeunes Américains ou encore une petite Japonaise.

Si toutes ces nationalités parviennent à cohabiter aussi bien, c’est aussi parce que le baseball est, par essence, un sport d’équipe ludique et familial. « C’est également le seul sport collectif d’extérieur sans contact. Cela fait travailler la technique, la patience et l’esprit de groupe », complète Julien. Ce sont ces valeurs que le club souhaite inculquer à ses adhérents. Pour Vincent, éduquer les enfants par le sport est « la priorité et la raison d’être du club ».

En 2028, le baseball fera son grand retour aux Jeux de Los Angeles, après avoir été mis de côté lors des Jeux de Paris 2024. « Il y a une volonté de la Fédération française de baseball et softball (FFBS) de développer ce sport en France », confie Vincent. Cela passe par une plus grande médiatisation, mais aussi par un dialogue avec les clubs locaux, comme le Stade Français. « Nous comptons aujourd’hui près de 70 licenciés, environ 40 enfants et 30 adultes. Et nous cherchons toujours de nouveaux joueurs… » Avis aux amateurs !