Comment agir aujourd'hui pour sensibiliser l'opinion à l'urgence climatique et pousser les pouvoirs publics à prendre des mesures efficaces ? Au militantisme classique ont succédé des formes d'activisme plus radicales, n'hésitant plus à transgresser la loi et s'exposant aux risques d'une répression drastique.
« Je
bois devant vous un verre d’eau précieuse… » En 1974, René Dumont, premier
candidat écologiste à l’élection présidentielle, brandissait un verre d’eau
à la télévision pour sensibiliser le grand public au gaspillage et l’alerter
sur la catastrophe environnementale à venir.
C’était pour l'époque un
geste-choc.
Dans un paysage de costumes-cravates sombres et de discours convenus, le scientifique au pull rouge vif et aux virulents coups de gueule a su devenir l’icône d’un mouvement à naître : l’écologie politique.
Cinquante
ans après, il est plus difficile de frapper nos sensibilités, saturées d’images
toujours plus extrêmes. Pourtant, l’effondrement du vivant, les souffrances et
les morts climatiques sont bien là.
Blocages de
routes, sabotage de jets privés ou de terrains de golf, incursion à l’assemblée
générale de Total, décrochages de portraits du Président dans des mairies,
occupations de ZAD, projections de purée sur les vitres protégeant des tableaux
de maîtres… Les activistes du climat ne s’interdisent pas de transgresser la
loi pour ébranler les esprits.
Ces actions
illégales sont-elles légitimes ? Peut-on pratiquer la désobéissance civile pour
défendre l’intérêt commun ? Invoquer un « état de nécessité
climatique » ? Et si oui, jusqu’à quel point se justifient les atteintes
aux biens privés, publics, aux déplacements, aux personnes, à leur image ?
Interroger le
droit conduit également à constater la criminalisation croissante des actions
pour le climat. Le militantisme le plus pacifique (marches, sit-in, retranchement dans
des arbres) se trouve traduit en justice, condamné, voire réprimé au
prix de graves violences physiques sur les protestataires. Les pouvoirs publics parlent « d’éco-terrorisme »,
veulent dissoudre des associations, refusent des autorisations de manifester, lancent
des perquisitions et des assignations à résidence préventives.
Tout ceci conduit
à s’interroger sur de possibles atteintes aux libertés publiques.
Cette table
ronde fera dialoguer des spécialistes du doit avec des activistes. Il sera
question de radicalisation, de risques judiciaires, de libertés, d’usage de la
violence, d’impact sur l’opinion. De légalité et de légitimité.
Arié Alimi,
avocat au barreau de Paris, spécialisé en droit pénal et
libertés publiques
Marta
Torre-Schaub, directrice de recherche au CNRS, spécialiste en droit de
l'environnement et changement climatique, professeure à l’Université
Paris 1-Panthéon-Sorbonne et à Sciences
Po Paris.
Alternatiba
Paris, Extinction Rébellion, Dernière Rénovation
Modérateur :
Rémi Barroux, journaliste au Monde
La séance sera suivie d’une vent-dédicace
de livres d’Arié Alimi et de Marta Torre-Schaub