Le Mois du doc 2024 s’invite dans la programmation MOTION PICPUS, le rendez-vous cinéma de la médiathèque Hélène Berr. Pour cette séance spéciale, venez découvrir le film Adieu sauvage et rencontrer son réalisateur Sergio Guataquira Sarmiento !
Après
une bonne poignée d’années passées en Belgique, Sergio retourne en
Colombie pour enquêter sur une épidémie de suicides dans les communautés
amérindiennes. C’est l’occasion pour lui de renouer avec ses racines
oubliées. Mais, au fond, est-il Indien ?
Venez donc découvrir la saveur doux amer de ce film gorgé d’un humour sensible en noir et blanc ! Et échanger avec Sergio Guataquira Sarmiento, le réalisateur à la caméra réglée sur haute sensibilité !
En
Colombie, les « Blancs » pensent que l’Indien d’Amazonie ne ressent
rien car dans sa langue, il n’y a pas de mots pour désigner les
sentiments. Est-il possible que tout un peuple ne ressente rien et n’ait
aucun mot pour parler d’amour ? Le réalisateur Sergio Guataquira
Sarmiento, lui-même descendant d’une communauté autochtone colombienne
presque disparue, part dans la jungle du Vaupés à la rencontre des
Cacuas pour discuter de leurs sentiments, leurs amours, leur solitude.
En plein film, la caméra de Sergio opère alors un changement de focale :
l’apprentissage de l’indianité prend alors le pas sur la question des
suicides. Non
sans humour, les Cacuas tentent de lui apprendre ce que c’est que
d’être un autochtone. Auprès de ces familles vivant de façon
autosuffisante, sa présence est superfétatoire. Tout au plus peut-il
apporter à ses hôtes un mot absent de leur vocabulaire : « nostalgie ».
« Avec ce patrimoine génétique d’Amérindien, je pensais en quelques sortes que je pouvais être un indien » s’était dit Sergio. Il interroge alors son homologue cuaca.
-Tu penses qu’un jour je serai indien ?
Et Laureano de lui répondre
-Oui,
bien sûr. Le jour où, moi, je deviendrai nord-américain. Mais jamais je
ne le serai, n’est-ce pas ? Admets-le, ce n’est pas possible.
De retour à Bruxelles, Sergio confiera « En tout cas, ce que j’ai vraiment appris, c’est la non définition de soi. »
Biographie de Sergio Guataquira Sarmiento
De
son enfance, il dira que son nom composé trahissant des origines
amérindiennes lui valut d'être souvent moqué. Sergio Guataquira
Sarmiento est né à Bogota en 1987, rien ne le prédestine alors au cinéma
et pourtant à 19 ans, il quitte son pays pour l’Europe en s’inscrivant
aux beaux-arts de Poitiers avec un visa étudiant. C'est durant ses
études qu'il se rapproche du cinéma et intègle l’IAD en Belgique. En
2018, son premier film de fiction Simon pleure nous
présente ce jeune homme qui, suite à un chagrin d'amour, se met à
pleurer littéralement toutes les larmes de son corps. Entre burlesque et
clown triste, résignation et férocité, le réalisateur souhaite rendre
honorable le sentiment de tristesse trop souvent réprimé par la culture
latino-américaine. Adieu sauvage,
son premier film documentaire, est sorti en 2023 et a été primé par le
jury des bibliothécaires lors de l’édition 2023 du Cinéma du Réel.