La grève des éboueurs contre la réforme des retraites au mois de mars dernier, et les milliers de tonnes de déchets qui se sont accumulés en quelques semaines sur les trottoirs de Paris, ont fait beaucoup de bruit. Ils ont aussi ramené au cœur du débat public le rôle primordial des éboueurs dans la vie de la cité et la nécessité d’améliorer leurs conditions de travail. Si l’utilité sociale des « travailleurs des déchets » est mise en lumière en temps de crise, qu’en est-il vraiment de l’évolution du regard que porte sur eux la société ?
L’amoncellement des déchets nous force également à considérer une autre réalité : la quantité impressionnante d’ordures ménagères que l’on produit quotidiennement, et plus généralement, la question du rapport de notre société à la consommation. À Paris, chaque habitant produit en moyenne 464 kilos d’ordures ménagères par an, encombrants compris, selon un rapport de la Cour régionale des comptes publié en mars 2022. Un chiffre qui inquiète dans le contexte alarmant du changement climatique. Que peut-on attendre des décideurs économiques et politiques à ce sujet ?
Stéphane Le Lay est sociologue
du travail associé à l’Institut
de psychodynamique du travail
(IPDT). Ses thèmes de recherche sont orientés vers l'analyse du travail,
en particulier celui des classes populaires, et les questions liées aux
relations entre organisation du travail et santé (physique et mentale),
dans une optique prenant en compte les rapports
sociaux de sexe et de race. Depuis une quinzaine d'années, il a tout
particulièrement étudié les conditions de travail des éboueur-es et
publié Les travailleurs des déchets chez Eres en 2011.
Karolina Cieslinska est
bénévole pour
Zero Waste France, une association citoyenne et
indépendante qui milite pour la réduction des déchets et une meilleure
gestion des ressources.
Modération : Jennifer Gallé, journaliste chez Vert, le média qui annonce la couleur