L’Art
moderne fut un séisme. Des impressionnistes jusqu’aux confins de l’abstraction,
il éclata dans le monde entier, laissant derrière lui comme une dévastation
soufflée. Que reste-t-il de la peinture après un XXe siècle qui a
tout révolutionné ? Que peindre après Cézanne, Picasso, Kandinsky,
Bonnard, Mondrian ou Rothko ? Que faire quand Miro professe qu’il veut
tuer la peinture, quand Malevitch prône comme unique moyen de salvation l’art
du « sans objet » et le « zéro des formes » ? Comment
s’attaquer à la toile neuve en conscience de ce passé si illustre et finalement
encombrant ? Pour le peintre actuel, le terrain semble miné à chaque coup
de pinceau. Référence à un tel par ici, à tel autre par-là… où aller pour
éviter le piège ? Qu’on ne lui dise surtout pas : « ça ressemble
à… ». Que reste-t-il alors de la peinture ? La réponse est très
simple : Il reste des paysages, des natures mortes, des portraits, des
nus, l’atelier… Il reste la lumière, les couleurs…
Pour
cette exposition, la galerie Les Montparnos présente les œuvres de Christophe
Marion et Martin Laquet, deux Lyonnais montés à Paris. Ils se connaissent bien,
sont amis et exposent régulièrement ensemble. Leur peinture est intérieure,
hautement simple : des vues d’atelier, la lumière qui passe au travers des
pièces et se dépose sur les choses ; des objets agencés sur une
table ; des couleurs qui apparaissent et disparaissent comme les heures.
Christophe Marion et Martin Laquet sont les gardiens d’une peinture où n’entre
nulle émotion criarde. Avec mesure, ils appliquent sur la toile ou le papier le
tempo lent du quotidien.