Ariane Ascaride célèbre Paris en poésie et en chansons à La Scala
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Mise à jour le 19/01/2024
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Jusqu’au 6 novembre 2021, Ariane Ascaride est sur la scène de la Scala de Paris, boulevard de Strasbourg (10e), accompagnée de quatre actrices et d'un accordéoniste. La petite troupe lit et chante des textes choisis qui ont fait - et font encore - le charme de Paris. « Paris retrouvée », ce sont les mots des poètes, écrivains et chanteurs qui l’ont célébrée, mis en scène comme « une main tendue vers le public ». Rencontre.
Un jour de février 2021, en plein couvre-feu, Ariane Ascaride est en avance à un rendez-vous, avenue de Wagram. C’est dans ce moment d'attente, dans une période où le temps semble figé, qu’un profond malaise la prend, suivi d’un accès de colère : « Tout était fermé, les bars, les restaurants, les lieux de culture, et je croisais des gens qui allaient d’un endroit à l’autre, mais personne ne se promenait, personne ne flânait dans Paris. Ça m’a profondément touchée. »
Son exutoire : l’écriture. Plus connue pour ces talents de comédienne – elle a reçu le César de la meilleure actrice pour son rôle dans Marius et Jeannette en 1998 –, cette Marseillaise d'origine manie aussi très bien la plume.
En témoigne ce texte, qu’elle lit au tout début du spectacle, puisqu’il en est sa genèse : « Paris, c’est la ville de mes balades interminables et solitaires sous le soleil de mai, de mes arrêts fascinés sur un pont à regarder les autres en enfilade enjamber la Seine. […] Nous décidons aujourd’hui de prêter nos voix à ceux qui ont si bien célébré Paris, avec humilité… » Lire la suite du texte sur le site de la Scala
Alors que tous les lieux de culture sont fermés, la petite troupe de comédiennes se produit d'abord hors les murs, dans les bibliothèques parisiennes puis dans les kiosques à musique des squares parisiens, puisqu'il n'est à ce moment pas encore possible de faire autrement.
Depuis le 30 septembre et jusqu’au 6 novembre, c’est désormais le théâtre de La Scala Paris (10e) qui accueille le spectacle « Paris retrouvée », comme un pied de nez à l’actualité. Rencontre avec la plus Parisienne des Marseillaises.
« Paris retrouvée » est finalement un spectacle assez joyeux, inspiré par un grand moment de mélancolie !
C’est vrai ! Je suis extrêmement résistante, et je ne voulais pas dépérir, je ne voulais pas d’aigreur. Je n’ai qu’une vie, je ne veux pas qu’on me l’abîme, et je ne veux pas me laisser aller. Il y a cette phrase que je déteste : « Oh ben c’est comme ça… » Non c’est faux, on nous fait croire ça, mais c’est faux, rien n’est « comme ça » !
Les filles avec qui je fais ces lectures sont les filles avec qui je jouais « Le Dernier Jour du Jeûne », de Simon Abkarian, au théâtre de Paris, qui a été interrompu plusieurs fois. Nous étions frustrées, et je sentais qu’on était en train de se déliter.
Alors que Paris est sans doute la ville au monde la plus chantée, on s’est demandé où était passée la poésie dans cette ville. Nous vivons dans une ville qui est en train de devenir un musée, autant y faire entendre un peu de poésie !
Comment avez-vous pensé la mise en scène de ces lectures et chansons sur Paris ?
Nous avons pensé ce spectacle comme une main tendue au public, comme nous l’avions fait à l’origine dans les kiosques à musique et les bibliothèques de la Ville de Paris. « Paris retrouvée », c’est une espèce d’oratorio dans lequel résonne la mémoire de Paris.
On passe d’un texte des Misérables à un rap d’Oxmo Puccino qu’on a réarrangé – parce qu’on ne sait pas slamer ! –, d’un texte de Louis Althusser à celui de Raymond Queneau, Charles Trenet, Elsa Triolet… Et même un texte sur La Commune, dont on a célébré cette année les 150 ans. On a voulu mélanger tout ça pour dire au public que le théâtre, c’est aussi magique et poétique !
Qu’est-ce qui a guidé le choix de vos textes ?
Les textes ont été choisis en commun en fonction des émotions qu’ils procuraient chez nous. Nous sommes 5 sur scène [avec un accordéoniste, ndlr] et aucune d’entre nous n’a pris le dessus sur les autres.
Ces chansons et textes représentent la diversité de Paris : on peut passer une nuit sous la tour Eiffel, on peut boire des verres sur le canal de l’Ourcq, on peut voir des gens qui font la gueule, on peut avoir envie de partir à la campagne – c’est quelque chose qu’on entend tous beaucoup en ce moment, non ?
On aurait pu faire deux heures de spectacle avec tous ces textes, mais ce n’était pas possible, il fallait un format court, 1 h maximum. Un peu comme un apéro, en fait ! Une mise en bouche avant d’aller manger, en ayant peut-être une chanson dans la tête…
Ses lectures étaient salutaires pour vous ?
C’était salutaire pour nous, et aussi pour les autres, on l’espère ! Je crois que les beaux textes, les chansons sont comme un pansement, un onguent, un joli médicament pour nos âmes un peu abîmées.
Vous savez, les artistes, tous les gens qui font du théâtre, du cinéma, de la musique sont un peu comme des soignants de l’âme. On est égratigné, notre âme est blessée, et notre boulot, c’est d’y mettre du mercurochrome.
Ce travail qu’on a fait comme de petites ouvrières, de petites artisanes, c’est très émouvant pour nous. On l’a fait pour survivre, pour que notre âme respire. Ça fait deux ans qu’on vit cette situation… C’est long, deux ans. Tout n’est pas si simple, il faudra du temps, mais on va y arriver. Un peu comme la devise de Paris : « Fluctuat nec mergitur » !
Si vous deviez choisir une chanson et/ou un texte coup de cœur ?
Pour le texte, sans hésiter la dernière page des Misérables. C’est tellement universel, tellement fou, bouleversant. Il résume toute une vie, la vie de l’homme, la vie et la mort. Sans doute l’un des plus beaux textes que j’ai lus.
Pour la chanson, je dirais les Champs-Élysées, de Joe Dassin ! Certes, c’est un peu cliché, mais j’adore la variété, car elle raconte quelque chose de notre histoire personnelle. On a tous en tête une chanson qui évoque notre enfance. Et puis c’est la chanson que je chantais à ma mère quand elle était en train de mourir. C’est donc un texte très chargé pour moi. Je vous l’ai dit, nos choix ont été guidés par nos émotions…
Un quartier coup de cœur ? Les Champs-Élysées ?
Ah non pas du tout ! J’adore Ménilmontant. J’y ai habité il y a longtemps, rue Étienne Dolet. Quand je suis arrivée, la rue de la Mare, pas très loin de là, était dans son pur jus des années 1950. Les maisons étaient comme dans les films de Gabin, ce Paris qui me fascinait quand j’étais encore dans le sud. J’aime vraiment beaucoup ce quartier. Et surtout, il y a la petite ceinture pas très loin, j’adore.
Vous êtes plutôt Marseillaise ou Parisienne ?
Les deux mon capitaine ! Je suis une immigrée, de l’intérieur, mais une immigrée. De toute façon, il y a très peu de vrais Parisiens. J’arrive à un âge où j’ai vécu plus longtemps à Paris qu’à Marseille… Même si Marseille me structure, c’est là-bas que sont mes racines.
Vous êtes la marraine de Mon Premier Festival… C’était important pour vous, de participer à ce festival de cinéma pour les enfants ?
On m’a proposé de faire ça et j’ai dit oui immédiatement ! Je suis vraiment très contente de faire ça, vraiment c’était important pour moi. C’est évidemment primordial de faire venir les enfants au cinéma, de les éduquer à l’art, car ils sont le public de demain. Il faut qu’ils apprennent à avoir des émotions ensemble.
La Scala Paris, théâtre de création au cœur de la cité
Ouverte en septembre 2018, La Scala Paris est un théâtre d’art privé d’intérêt public construit sur les ruines d’un des plus beaux cafés concerts de La Belle Époque et d’un splendide cinéma Art déco. Les propriétaires Mélanie Biessy et Frédéric Biessy, producteur indépendant, ont voulu s’engager sur leurs fonds personnels dans un projet philanthropique au service de la création.
La Scala Paris s’est inventée dans un dialogue constructif avec les artistes d’aujourd’hui, de toutes les disciplines – théâtre, danse, musique, nouveau cirque, arts visuels et numériques – désormais programmées dans ce nouveau lieu entièrement conçu par le scénographe et designer Richard Peduzzi. Dotée de deux salles modulables, d’un bar et d’un restaurant, La Scala peut accueillir jusqu’à 900 personnes.
13, boulevard de Strasbourg
lascala-paris.com
La Scala Paris s’est inventée dans un dialogue constructif avec les artistes d’aujourd’hui, de toutes les disciplines – théâtre, danse, musique, nouveau cirque, arts visuels et numériques – désormais programmées dans ce nouveau lieu entièrement conçu par le scénographe et designer Richard Peduzzi. Dotée de deux salles modulables, d’un bar et d’un restaurant, La Scala peut accueillir jusqu’à 900 personnes.
13, boulevard de Strasbourg
lascala-paris.com
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