Au Théâtre 14, « un projet autant hors les murs que dans les murs »
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Mise à jour le 05/09/2022
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À la tête du Théâtre 14 depuis début 2020, dans le quartier de la porte de Vanves, Mathieu Touzé et Edouard Chapot viennent de terminer, pour la première fois en deux ans, une saison complète. Entre l’organisation de festivals tournés vers le quartier, une programmation de qualité animée par un casting de haute volée et l’envie de travailler « en conscience du monde », les deux codirecteurs nous dressent le portrait d’une scène résolument tournée vers l’extérieur pour cette nouvelle saison qui s'annonce.
Comment se présente la programmation de la saison à venir ?
Elle sera plus solide que les autres années, qui étaient marquées par les restrictions Covid. Cette année, nous allons nous recentrer sur le public pour créer plus de liens. Le premier choix que l’on a fait est celui d’allonger la durée des séries : désormais, nous allons programmer 15 à 20 dates par spectacle, contre 5 à 10 auparavant. Cela va nous permettre de travailler autour de chaque pièce pour aller chercher le public, les groupes scolaires, les associations de quartier, et organiser des actions autour de chaque spectacle : créer des ateliers, proposer des rencontres, des stages, etc.
Avec l’objectif de redynamiser le quartier ?
Nous sommes un théâtre municipal, subventionné par la Ville de Paris, donc toutes nos actions d’éducation artistique et culturelle sont forcément tournées vers le quartier. Notre rôle est de créer des points de rencontres, d’aller vers les gens et de leur expliquer ce qu’est le spectacle vivant. La culture a toute sa place pour venir enrichir un tissu associatif très présent dans le quartier, avec parfois des spectacles ou des manifestations de grande ampleur. Cela permet aussi de légitimer le quartier de la porte de Vanves et de lui donner une image positive, d’où un projet autant hors les murs que dans les murs.
Comment le Théâtre 14 s’inscrit-il dans le monde qui l’entoure ?
Nous avons la volonté d’être pleinement en conscience du monde, de traiter les grands sujets actuels. Le théâtre, et l’art en général, ne peut pas faire abstraction de l’actualité. La saison dernière, avant chaque pièce, notamment « La Dernière Bande » de Beckett, jouée par Denis Lavant, nous proposions une lecture d’un passage du livre « La route du Donbass », de Serhiy Jadan. Il nous paraissait très difficile de se rassembler et d’être joyeux dans une forme d’inconscience du monde, alors que la guerre en Ukraine est à nos portes.
Les deux années de Covid qui ont marqué vos débuts à la direction du théâtre ont-elles orienté vos choix ?
On ne voulait pas faire une programmation post-Covid, par rapport à l’enfermement ou à la maladie. Mais on nous a fait remarquer qu’on avait une trame très claire sur la mort dans nos spectacles. Ce n’est pas vraiment un choix, mais il se trouve qu’on travaille en résonance avec l’actualité, donc nos spectacles en sont marqués. Nous avons aussi énormément d’espace de discussion avec l’équipe pour savoir comment le Théâtre 14 peut/doit se positionner sur tel ou tel sujet.
Autre sujet très actuel : la place des femmes. La saison dernière, vous avez programmé près de 70 % de metteuses en scène. Un choix délibéré ?
Non.
Ce qui est délibéré, c'est peut-être d'être plus attentif au travail de
metteuses en scène
parce qu'elles sont invisibilisées par le système. Mais la question de la parité, en 2022, ça devrait être
un non sujet, ça n'est pas compliqué à faire, et ça nous semblait ubuesque de
ne pas le faire.
Pour
autant, la programmation ne s'est pas faite par un comptage ou un militantisme
qu'on voudrait nous imposer. Nous avons choisi une programmation avec des
artistes qui parlent du monde d'aujourd'hui, qui parlent à notre génération, et il se trouve
que c'était ces paroles là qui résonnaient. Après, le genre, c'est un peu
dépassé.
Si l’on devait définir votre programmation ?
Ce qu’on essaye de faire, c’est d’interroger le plateau, d’être un endroit où l’on réfléchit à ce qui fait le théâtre. C’est pour ça qu’on induit d’autres formes culturelles, que ce soit le cinéma, ou encore d’autres formes avec le festival RE.Générations, qui questionne les autres arts, et qui se déroule hors les murs [25 propositions dans 14 lieux différents]. Cela induit donc des textes très contemporains. Nous n’avons rien contre les textes de répertoires plus classiques, mais nous n’avons pas forcément trouvé les formes qui conviennent à ce que l’on veut faire.
Quels grands événements vont marquer la saison 2022-2023 ?
Nous commençons la saison avec le Paris OFF Estival, le premier week-end de septembre. Alors qu’il s’agissait plutôt d’un festival organisé pour les professionnels, les deux tiers du public étaient des gens du quartier l’année dernière. Aujourd’hui, ce festival est un peu comme un Paris Plages, mais sans plage : les enfants nous connaissent, nous attendent, ils veulent voir nos spectacles…
En novembre, nous participons au festival des Fiertés, organisé dans l’arrondissement du 12 au 14 novembre, avec notamment une pièce inédite d'Herculine Barbin, le premier témoignage écrit d’une personne intersexe, préfacé par Michel Foucault. Et bien sûr, du 23 mars au 23 avril 2023, nous organisons à nouveau le festival hors les murs RE.Générations.
Enfin, cet automne, nous inaugurons une nouvelle salle mise à disposition par la Ville de Paris, la salle Marius Magnin, un espace de 250 m2 à Pernety qui va nous permettre d’accueillir des stages, d’organiser des rencontres, de pouvoir travailler des pièces. Ça sera notre Fabrique à nous !
Infos pratiques
Théâtre 14
20, avenue Marc Sangnier (14e)
Tél. : 01 45 45 49 77
Site internet
Billetterie : ovyyrggrevr@gurnger14.se[billetterie puis theatre14.fr après le signe @]
(Carte 5 places pour 40 euros)
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